En alchimie, il y a des ouvrages intemporels qu’il est indispensable de lire, c’est le cas de l’Atalante Fugitive. Il est constitué de cinquante gravures réalisées par Matthäus Merian et Jean-Théodore de Bry, lui même éditeur de l’ouvrage. Les texte sont écrit par le médecin et alchimiste Michael Maier.

Les textes étant en Latin, je vous ai mis une traduction à la suite du livre.


Épigramme de l’auteur

L’audacieux jeune homme emporta le trésor du jardin d’Hespéros quand des mains de Cypris il eut reçu le triple fruit. La Vierge fuit ; il suit et lance sur le sol la pomme qui l’attire et ralentit sa course. Vite il bondit ; mais elle, vite, le devance, plus prompte que l’Eurus. Il sème devant elle de nouveaux présents d’or. La Vierge un court instant s’attarde, mais bientôt elle fuit de plus belle, jusqu’à ce que, l’amant renouvelant les poids, noble prix, Atalante à son vainqueur se rende. Hippomène est le force du Soufre ; la Vierge, Mercure fugitif ; le mâle vainc la femme. Lorsque, saisis d’amour, ils s’étreignent tous deux, au temple de Cybèle, irritant la déesse, elle se venge en les vêtant de peaux de lions qui font rougir leurs corps et les rendent sauvages. Pour exprimer au mieux ce que fut cette course, ma Muse t’offre ici les trois voix de la fugue. L’une est simple et durable ; elle est le fruit qui retarde ; mais la seconde fuit, que poursuit la troisième. Des oreilles, des yeux accueille ces emblèmes, puis guide ta raison vers leurs signes secrets. J’ai mis devant tes yeux l’appât de ces images : L’esprit doit y trouver les choses précieuses. Les biens de l’univers, les remèdes qui sauvent te seront tous donnés par ce double lion.

Emblème 1 : Le vent l’a porté dans son ventre.

L’embryon enfermé dans le sein de Borée, s’il apparaît un jour, vivant, à la lumière, peut, lui seul, surpasser les labeurs des héros, par son bras, son esprit, son corps ferme, son art. Qu’il ne soit pas pour toi avorton inutile, Agrippa ou Céson, mais né sous un bon astre.

Emblème 2 : La terre est sa nourrice.

On dit que Romulus têta une âpre louve, Jupiter, une chèvre, et que c’est assuré. Faut-il donc s’étonner si, selon nous, la Terre a nourri de son lait le tendre fils des  Sages ? Quand d’un faible animal le lait fit ces héros, comme il sera donc grand, celui dont la nourrice est le globe terrestre !

Emblème 3 : Va trouver la femme qui lave du linge et imite-la.

Toi qui aimes scruter les vérités cachées, sache de cet exemple extraire tout l’utile : Vois cette femme, comme elle purge son linge des taches, en jetant dessus de chaudes eaux. Imite-la : ton art ne te trahira point. L’onde lave en effet l’ordure du corps noir.

Emblème 4 : Unis le frère à sa sœur et fais-leur boire le philtre d’amour.

La race des humains n’emplirait pas le monde si la première sœur n’eût épousé son frère. Va, unis donc ces premiers-nés des deux parents afin que sur la couche on ait mâle et femelle. De la Philothésie offre-leur le nectar. L’amour en eux engendrera l’espoir du fruit.

Emblème 5 : Place le Crapaud sur le sein de la femme pour qu’elle l’allaite et meure, et que le Crapaud soit gros de ce lait.

Sur le sein de la femme place un Crapaud glacé pour que, tel un enfant, il s’abreuve de lait. Tarissant la mamelle, qu’il s’enfle, énorme bosse, et la femme épuisée abandonne la vie. Ainsi tu te feras un illustre remède qui chasse le poison du cœur, ôtant son mal.

Emblème 6 : Semez votre or dans la terre blanche feuillée.

Les paysans à la grasse terre livrent leur grain lorsqu’avec leurs râteaux ils l’ont bien feuilletée. Les sages ont transmis l’art de répandre l’or en la neige des champs tels que des feuilles minces. Pour faire ainsi, regarde bien : vivant miroir, le froment saura t’enseigner comme l’or germe.

Emblème 7 : L’oisillon s’envole de son nid et y retombe.

L’Oiseau de Jupiter en une roche creuse a fait son nid, s’y cache, y nourrit ses petits. L’un d’eux veut s’envoler sur ses ailes légères, mais son frère, un oiseau sans plumes, le retient. Il revient donc au nid qu’il fuyait. À tous deux joins la tête et la queue : ce n’est pas œuvre vaine.

Emblème 8 : Prends l’Œuf et frappe-le avec un glaive de feu.

Le ciel compte un oiseau, de tous le plus hardi, dont tu chercheras l’Œuf, n’ayant pas d’autre soin. Un mol blanc entoure le jaune. Avec prudence touche-le d’une épée de flamme (c’est l’usage). Mars doit venir en aide à Vulcain ; il va naître un oiselet vainqueur et du fer et du feu.

Emblème 9 : Enferme l’arbre et le vieillard dans une maison pleine de rosée ; ayant mangé du fruit de l’arbre, il se transformera en jeune homme.

Dans le Jardin des Sages est un arbre aux fruits d’or. Prends-le avec notre vieillard ; enferme-les en une maison de verre humide de rosée. Puis laisse-les tous deux, unis, de nombreux jours : Du fruit de l’arbre alors il se repaît (merveille !) pour être transformé, lui, vieillard, en jeune homme.

Emblème 10 : Donne du feu au feu, du Mercure à Mercure et cela te suffit.

À cette chaîne qui l’assemble, la machine du monde est pendue tout entière : Le semblable toujours réjouit son semblable. Ainsi le feu au feu et Mercure à Mercure s’unissent : de ton art vois ici la limite. Vulcain pousse Mercure ; mais cet Hermès ailé te dégage, ô Cinthie, qui libères Apollon.

Emblème 11 : Blanchissez Latone et déchirez vos livres.

De Latone on connaît les rejetons jumeaux, enfants de Jupiter, selon l’antique fable. D’autres la disent faite de Soleil et de Lune mêlés : elle a des taches noires sur sa face. Donc, à blanchir Latone apprête-toi ; détruis ces livres ambigus qui ne font que te nuire.

Emblème 12 : Blanchissez Latone et déchirez vos livres. La pierre que Saturne avait dévorée à la place de son fils Jupiter et qu’il avait vomie est posée sur l’Hélicon, monument pour les mortels.

Tu veux savoir pourquoi les poètes souvent parlent de l’Hélicon, de sa cime à gravir ? Un Monument se trouve en son sommet ; la Pierre que Saturne engloutit, pour son fils, et vomit. Tu erres en prenant ces mots ainsi qu’ils sonnent. Car de Saturne ici c’est la Pierre Chymique.

Emblème 13 : L’airain des Sages est hydropique et il veut être lavé sept fois dans le fleuve, comme Naaman le lépreux dans le Jourdain.

L’airain des Sages souffre, hydropique et bouffi : Il désire les eaux qui portent le salut. Comme dans le Jourdain Naaman perdit sa lèpre, il se lave en ses propres eaux, trois, quatre fois. Précipite tes corps au sein des douces ondes, ils y trouveront vite un remède à leurs maux.

Emblème 14 : Voici le Dragon qui dévore sa queue.

Aiguillonné par la sinistre faim, le Poulpe ronge ses membres, et l’homme se repaît de l’homme. Tandis que le Dragon mord et mange sa queue, il a pour aliment une part de lui-même. Dompte-le par le feu, la faim et la prison ; qu’il se mange et vomisse, et se tue et s’enfante.

Emblème 15 : Que l’œuvre du potier, qui se compose de sec et d’humide, t’instruise.

Vois comme le potier d’un mouvement rapide meut l’axe de sa roue pour façonner ses vases. Du pied, il mêle l’eau à l’argile, et tempère à chaque instant la soif de cette poudre sèche, fondant son art entier sur ces deux éléments. Instruit par cet exemple, imite-le ; prends soin entre la terre et l’eau de garder l’équilibre.

Emblème 16 : Les plumes dont l’un de ces Lions est dépourvu, l’autre les possède.

Vainqueur des quadrupèdes, le Lion, cœur et griffe puissants, sait combattre sans peur et déguiser sa fuite. Tu placeras sous lui une Lionne ailée qui vole, et dans son vol veut emporter le mâle. Mais lui se tient à terre immobile et l’arrête. Par cette image, apprends le chemin de nature.

Emblème 17 : Le quadruple globe régit cette œuvre du feu.

Toi qui veux imiter l’œuvre de la nature, recherche quatre globes enfermant en leur sein un feu léger qui les anime. Le plus bas t’évoquera Vulcain, et le suivant Mercure. La troisième orbe est le domaine de la Lune. La plus haute, Apollon, t’appartient ; on la nomme feu de nature. Cette chaîne dans l’art saura guider ta main.

Emblème 18 : Le feu aime à enflammer, l’or à transformer en or.

Tout agent qui opère en la nature lance sa force en cercle et cherche à la multiplier. Le feu brûle ce qu’il rencontre. Rien ne saurait réaliser une œuvre noble sans sa cause : Si l’or ne brûle pas, le feu ne peut dorer. Chaque chose connaît le germe qu’elle porte.

Emblème 19 : Si des quatre tu en fais périr un, aussitôt tous seront morts.

Quatre frères se tiennent en une longue file : Tout le poids de la terre est aux mains du premier ; les autres ont pour part l’eau, l’air, le noble feu. Pour les faire périr cause la mort d’un seul. Unis dans un commun trépas ils disparaissent, car la nature les lia d’étroites chaînes.

Emblème 20 : La nature enseigne à la nature à combattre le feu.

La flamme, ce Dragon qui tout dévore, brûle d’altérer la beauté charmante de la Vierge. Elle est baignée de pleurs, quand un homme la voit, court à l’infortunée en lui offrant son aide ; lui tendant son écu, il marche à l’ennemi et lui enseigne à mépriser de tels assauts.

Emblème 21 : Du mâle et de la femelle fais un cercle, puis, de là, un carré et ensuite un triangle ; fais un cercle et tu auras la Pierre des Philosophes.

Du mâle et de la femme, fais-toi un cercle unique, d’où surgit le carré aux côtés bien égaux. Construis-en un triangle, à son tour transformé en sphère toute ronde. La Pierre alors est née. Si ton esprit est lent à saisir ce mystère, comprends l’œuvre du Géomètre et tu sauras.

Emblème 22 : Après t’être procuré du plomb blanc, opère l’œuvre des femmes, c’est-à-dire, cuis.

Tu aimes retirer grand fruit d’un peu de peine ? De neige enduis le noir visage de Saturne. La matière d’un plomb très blanc t’apparaîtra. Tu n’auras plus alors que le travail des femmes. Elles placent au feu leurs chaudrons. Cuis de même, mais il faut que la Truite en ses eaux se dissolve.

Emblème 23 : Il pleut de l’or tandis que Pallas naît à Rhodes et que le Soleil partage la couche de Vénus.

Rhodes, certes, vantait un étrange prodige, mais les Grecs nous en sont garants. Ils rapportent qu’une pluie d’or tomba des nues au lieu où le Soleil et Vénus s’étreignaient et quand Pallas sortit du cerveau de son Père. Ainsi, comme les eaux du ciel, que l’eau descende dans son vase.

Emblème 24 : Le Loup a dévoré le Roi, et, consumé, il l’a rendu à la vie.

Efforce-toi de capturer le Loup vorace. Pour l’apaiser, à ce glouton jette le corps du Roi ; puis place-le sur un bûcher ; le feu excité par Vulcain le réduira en cendres. Opère ainsi souvent et tu verras le Roi, doté d’un cœur de Lion, surgir, fier, de la mort.

Emblème 25 : Le Dragon ne meurt que s’il est tué par son frère et sa sœur qui sont le Soleil et la Lune.

Abattre le Dragon n’est pas une œuvre aisée, car bientôt il revit et rampe sur le sol. Il n’est qu’un seul moyen : que son frère et sa sœur frappent sa tête de leurs massues. Le frère a nom Phœbus et la sœur est Cynthie. Il détruisit Python, Orion mourut par elle.

Emblème 26 : Le fruit de la sagesse humaine est l’Arbre de Vie.

Il n’est chez les humains de sagesse plus grande que celle qui produit et richesse et santé. En sa main droite sont de longs jours de vie saine et la gauche contient des monceaux de trésors. Si quelqu’un, par l’esprit et le bras, sait l’atteindre, elle sera pour lui fruit de l’Arbre de Vie.

Emblème 27 : Celui qui tente d’entrer sans clé dans la Roseraie des Philosophes est comparé à un homme qui veut marcher sans pieds.

La Roseraie des Sages s’orne de mille fleurs, mais de puissants verrous ferment toujours sa porte. Sa clé unique est, pour le monde, chose vile : Si tu ne l’as, tu veux courir privé de jambes. Tu affrontes en vain les pentes du Parnasse quand sur le sol uni tu te tiens à grand’peine.

Emblème 28 : Le Roi se baigne, assis dans le bain laconien ; il est délivré de sa bile par Pharut.

Le Roi Duenech (qui du Lion vert porte les armes) sévère dans ses mœurs était gonflé de bile. Il mande alors vers lui Pharut, grand médecin qui lui promet la guérison et d’une source prescrit l’onde aérienne ; on voit alors le Roi se laver longuement sous la voûte de verre et la rosée emporte enfin toute sa bile.

Emblème 29 : Comme la Salamandre la Pierre vit du feu.

La Salamandre au cœur de feu vit plus puissante et ne craint nullement tes menaces, Vulcain. Comme elle, née d’un feu sans déclin, notre Pierre ne cherche pas à fuir la flamme impitoyable. Celle-là, froide, éteint l’incendie et sort libre. La Pierre est chaude : elle aime donc chaleur pareille.

Emblème 30 : Le Soleil a besoin de la Lune comme le coq de la poule.

Soleil, tu ne fais rien si ma force ne t’aide, comme le coq est impuissant loin de la poule. Et moi, Lune, à grands cris j’invoque ton secours comme on entend la poule réclamer le coq. Bien fou qui prétendrait affranchir de leurs liens des êtres que Nature a commandé d’unir.

Emblème 31 : Le Roi nageant dans la mer crie d’une voix forte : «  Qui me sauvera obtiendra une récompense merveilleuse. »

Accablé par le lourd diadème, le Roi nage en la vaste mer, criant d’une voix forte : Pourquoi ne m’aidez-vous ? Pourquoi n’accourez-vous, quand, délivré des eaux, je puis vous rendre heureux ? Rendez-moi, par votre sagesse, à mon royaume, et vous ne craindrez plus souffrance ou pauvreté.

Emblème 32 : Comme le Corail croît sous les eaux et durcit à l’air, ainsi fait la Pierre.

Sous les flots siciliens croît une molle plante dont les branches, par la tiédeur des eaux, se multiplient. Le Corail est son nom ; elle apparaît durcie lorsque Borée, du pôle âpre, lance le gel. Changée en une pierre aux rameaux abondants, elle est rouge et semblable à la Pierre Physique.

Emblème 33 : L’Hermaphrodite, semblable à un mort et gisant dans les ténèbres, a besoin de feu.

Cet être bicéphale au sexe double, image funèbre, a cet aspect quand l’humide lui manque. Caché dans la nuit sombre, il réclame du feu. Si tu lui en fournis, il revit aussitôt. Le feu détient toute la force de la Pierre, l’or et l’argent, celles du Soufre et du Mercure.

Emblème 34 : Elle est conçue aux bains, naît dans l’air, et, devenue rouge, marche sur les eaux.

Enfant conçu aux bains, en naissant elle brille dans l’air, puis voit les eaux sous ses pieds, rutilante. Sur le sommet des monts, elle se vêt de blanc, celle qui des savants est l’unique souci. Elle est Pierre sans l’être, et, noble Don du Ciel, sait rendre bienheureux l’homme à qui Dieu l’accorde.

Emblème 35 : Par Cérès et Thétis, leurs mères, Triptolème et Achille furent accoutumés à rester dans le feu ; l’Artiste agit de même avec la Pierre.

Vois Achille, dur au combat, et Triptolème : Ils bravent les ardeurs du feu grâce à leurs mères. Dans la nuit, la divine Cérès et Thétis les durcissaient aux flammes et, quand venait le jour, de leur sein généreux leur prodiguaient le lait. Ainsi la bienheureuse médecine des Sages, comme un enfant à la mamelle, doit être accoutumée à s’éjouir du feu.

Emblème 36 : La Pierre a été projetée à terre et exaltée sur les montagnes ; elle habite dans l’air et se nourrit dans un fleuve qui est le Mercure.

La Pierre, vil rebut, gît, dit-on, sur les routes afin que riche et pauvre puissent l’y ramasser. D’autres l’ont située au sommet des montagnes, dans les brises de l’air, ou bien buvant aux fleuves. Ces figures ne mentent point, mais je t’engage à rechercher de tels présents sur les hauteurs.

Emblème 37 : Trois choses suffisent pour le Magistère : la fumée blanche, qui est l’eau, le Lion vert ou airain d’Hermès et l’eau fétide.

Pour notre magistère il nous faut trois semences : Onde infecte, vapeur neigeuse et Lion vert. Les autres éléments sortent de l’eau : les Sages en retirent leur Pierre ; elle est principe et terme. L’airain d’Hermès est le Lion vert, la Pierre connue des chapitres des livres, l’eau et la fumée blanche.

Emblème 38 : Le Rébis, comme Hermaphrodite, naît de deux montagnes : celle de Mercure et celle de Vénus.

Les vieux récits font de Rébis un être double : Androgyne, mâle et femelle en un seul corps. Il est, né sous le double mont, Hermaphrodite à Mercure enfanté par l’auguste Vénus. Ne le méprise pas pour son sexe ambigu : Cet homme-femme un jour te donnera le Roi.

Emblème 39 : Œdipe, ayant vaincu le Sphinx et mis à mort son père Laïus, fait de sa mère son épouse.

Le Sphinx qui effrayait Thèbes par ses énigmes fut réduit par Œdipe à se donner la mort. Celui-ci dut nommer l’être qui le matin a quatre pieds, deux à midi, et trois le soir. Vainqueur, il doit tuer Laïus qui lui résiste, et de celle qui est sa mère il fait sa femme.

Emblème 40 : Des deux fontaines fais-en une seule : ce sera l’Eau de sainteté.

D’une gorge limpide sort une double source : En l’une est la tiédeur d’une urine d’enfant, mais la seconde est fraîche : on la nomme Eau de Vierge. Donne-leur même cours en unissant leurs ondes : Ce ruisseau mêlera les vertus des deux sources, comme de Jupiter Ammon, la fontaine est chaude et glacée.

Emblème 41 : Adonis est tué par un Sanglier : Vénus accourt vers lui et teint les Roses de sang.

De son père, Myrrha mit au monde Adonis, bien-aimé de Cypris : un sanglier l’accable. Vénus court : un rosier blesse sa belle jambe ; la Rose blanche alors de ce sang devient rouge. Les Syriens, l’univers pleurent avec la déesse. Sous de douces laitues elle place le mort.

Emblème 42 : À celui qui est versé dans la Chimie, la Nature, la Raison, l’Expérience et la Lecture doivent tenir lieu de guide, de bâton, de lunettes, de lampe.

Que la Nature soit ton guide, que ton art la suive pas à pas ; tu t’égares loin d’elle. Que la Raison soit ta canne ; affermissant tes yeux l’Expérience au loin te donnera de voir. La Lecture, flambeau brillant dans les ténèbres, t’éclaircira l’amas des mots et des matières.

Emblème 43 : Prête l’oreille au Vautour qui parle : il ne te trompe nullement.

Occupant le sommet d’une haute montagne, un Vautour crie sans cesse : On me dit Noir et Blanc ; je suis encore Jaune et Rouge et ne mens pas. C’est aussi le Corbeau qui sait voler sans ailes dans la nuit ténébreuse aussi bien qu’en plein jour. L’un ou l’autre sera la tête de ton œuvre.

Emblème 44 : Typhon tue Osiris par traîtrise et disperse ses membres, mais l’auguste Isis les rassemble.

Dionysos en Grèce, en Syrie Adonis, en Égypte Osiris, sont le Soleil des Sages. Isis, épouse, sœur et mère d’Osiris Unit ses membres saints déchirés par Typhon. Mais le phallus se perd au fil de l’eau marine : Le soufre qui donna le Soufre n’est plus là.

Emblème 45 : Le Soleil et son ombre achèvent l’Œuvre.

Le Soleil, clair flambeau du pôle, ne peut vaincre la densité des corps : une ombre à l’opposé demeure. Elle est la plus vile des choses et pourtant l’astronome en tire maint profit. Mais le Soleil avec son ombre fait aux Sages, un don meilleur : il achève l’Œuvre de l’Or.

Emblème 46 : Deux Aigles venus l’un de l’Orient, l’autre de l’Occident se rencontrent.

De Delphes Jupiter un jour lança deux Aigles aux plages de l’Aurore, à celles d’Occident. Comme il voulait scruter ce lieu, centre du monde, la Fable dit qu’à Delphes ils revinrent tous deux. Ce sont là les deux pierres : celle de l’Orient et celle du Couchant, qui aiment à s’unir.

Emblème 47 : Le Loup d’Orient et le Chien d’Occident se sont mutuellement mordus.

Du lieu où le Soleil se lève un Loup survient. Un Chien surgit du point où dans la mer il plonge. Tous deux gonflés de bile et furieux, ils se mordent. La rage et son rictus se peignent sur leur face. Ce sont données à tous partout, toujours, pour rien, les deux pierres jumelles que tu dois posséder.

Emblème 48 : Le Roi, ayant bu des eaux, a contracté un mal et, soigné par les médecins, il obtient la santé.

Riche en peuples, en biens, un Roi aimait les eaux d’une source, et s’en fit apporter par ses gens. Il en boit longuement ; ses veines s’en emplissent. Pâle, il est assisté par de grands médecins. Et quand ils l’ont purgé par la sueur, le ventre, la bouche, on voit ses joues qui se teignent de roses.

Emblème 49 : L’Enfant des Philosophes compte trois pères, comme Orion.

La Fable nous apprend qu’Hermès, Vulcain, Phœbus, dans une peau de bœuf jetèrent leur semence, et que le grand Orion eut à la fois trois Pères. De trois pères aussi naît l’Enfant de Sagesse : Le Soleil le premier, et Vulcain le second ; l’homme habile en son art est le troisième père.

Emblème 50 : Le Dragon tue la femme et la femme le Dragon ; tous deux sont inondés de sang.

Du Dragon venimeux creuse profond la tombe : Que la femme l’embrasse en une forte étreinte. Tandis que cet époux goûte les joies du lit, elle meurt, et la terre ensemble les recouvre. Le Dragon à son tour est livré à la mort ; son corps se teint de sang : vrai chemin de ton œuvre.

À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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