John Maynard Keynes, un économiste né en 1883 et célèbre pour avoir théorisé l’économie Keynésienne, était un grand admirateur du travail alchimique de Newton. Selon lui, Newton envisageait l’alchimie dans la lignée de tous ses adeptes depuis les babyloniens comme une science divine et traditionnelle. C’est lui qui a rassemblé ses manuscrits et à l’occasion du tricentenaire de sa naissance il a écrit :
“Newton n’était pas le premier au siècle de la Raison, il était le dernier du siècle des Magiciens, le dernier des Babyloniens et des Sumériens, le dernier grand esprit qui perçait le monde du visible et de la pensée avec les mêmes yeux que ceux qui commencèrent à édifier notre patrimoine intellectuel il y a un peu moins de dix mille ans.”
John Maynard Keynes
Parmi les fameux manuscrits alchimiques d’Isaac Newton, on trouve un petit traité sur la Pierre des philosophes, se présentant sous forme de douze questions et réponses.
Il est bien sûr avant tout crucial de savoir si ce texte est de la plume du célèbre scientifique. Le fait qu’il n’en donne pas de référence pourrait le laisser penser, mais il est également possible qu’il copie tout simplement un texte anonyme et inédit.
Quoi qu’il en soit, il est d’un intérêt certain de savoir que ce texte a, pour le moins, intéressé celui que l’on considère aujourd’hui comme le « père de la science moderne ».
Le texte qui va suivre a été tiré des notes manuscrites d’Isaac Newton et traduit par Odile Dapsens. Vous pouvez également le télécharger le PDF en cliquant ici.
Question 1 : De quelle nature est la vraie et unique matière philosophique ?
Il est juste de la dire minérale ; mais en raison de sa vertu de croissance, [elle est aussi] végétale ; et elle peut bien sûr, dans un certain sens, être dite animale. Pour la dénommer en un mot, elle est universelle. C’est une terre lourde et légère, étant par nature une terre aqueuse et une eau terreuse. En ce qui concerne sa couleur, elle est à la fois agréable et abominable, sentant mauvais et bon. Elle demeure manifeste et profondément cachée, on la trouve sur les collines et dans les vallées, dans les champs et sur les routes, dans les jardins et les pâturages, dans les caves et les magasins, et pourtant, elle n’est trouvée et connue par personne qui ne soit très sage. De même que Dieu a divisé ce monde en quatre éléments, les philosophes ont aussi découvert quatre règnes : l’astral, l’animal, le végétal et le minéral. Sur l’astral règne le soleil, sur l’animal l’homme, sur les végétaux la vigne et sur les minéraux l’or. Et il est merveilleux que Dieu ait confié ce mystère à l’homme, qui porte secrètement dans son propre corps un si merveilleux secret.
L’Art ne consiste pas en de nombreuses choses, et l’or dissous ou complètement purifié dans le feu n’est pas la matière philosophique ; un tel or doit au contraire n’avoir jamais connu le feu. Car l’or commun a déjà obtenu sa perfection, et à partir d’une chose parfaite, rien ne peut être accompli. Pour cette raison, le commencement de l’Art est de prendre de la terre solaire vierge qui ne soit pas mélangée avec d’autres métaux et qui n’ait jamais éprouvé le feu. Car aussitôt qu’elle le subit, sa vertu végétative lui est enlevée. Elle doit par contre être réduite en première matière.
Question 2 : Mais comment doit se faire la réduction en première matière ?
Par distillation. Car puisque notre matière était de l’eau au commencement, elle doit également être réduite en eau par notre distillation, qui cause une séparation du pur de l’impur, que tu peux réaliser de la manière suivante :
Prends notre matière, mets-la dans une petite cornue qui soit aussi grosse qu’un poing, adjoins-y un petit récipient de la taille et de la forme d’un œuf, et ferme bien le joint avec des vessies de bœuf5. Quand elles sont sèches, mets-les dans le sable, et distille premièrement avec un feu très doux. Ainsi, la matière deviendra noire comme la poix, et une eau blanche et visqueuse montera dans le cou de la cornue, que l’on appelle et qui est le mercure philosophique. Il est extrêmement volatil et tombe sous forme de gouttes dans le récipient. Garde cette température de feu jusqu’à ce que plus rien du mercure ne monte. Après cela, ravive un peu le feu, et une huile jaune viendra comme des petites humeurs descendant goutte à goutte vers le récipient.
Après cela, quand tu auras renforcé le feu, viendra une huile rouge qui est le soufre des philosophes. Continue la distillation à cette température de feu jusqu’à ce que plus aucune huile ne passe et que la cornue devienne complètement incandescente. Alors montera une fumée blanche qui est le sel des philosophes. Après avoir terminé ces distillations, qui durent cinq ou six heures selon la proportion de matière, la matière restante est amenée en une noirceur extrême, perméable et légère comme une plume, impropre à tout usage. Tu dois remarquer que deux fois plus d’huile que d’esprit traversera à chaque fois, de sorte que pour quinze gouttes d’esprit tombant, presque trente d’huile passeront.
Une fois que tes vessies sont froides, retire le récipient et ferme-le très rapidement avec un bouchon en verre qui doit être préalablement bien préparé pour cet usage, et couvre les joints avec de l’argile composé de la façon suivante :
Prends de la chaux sèche (deux parts), de la poudre de verre (une portion), de la craie (une part), mélange-les et prépares-en autant que tu désires. Mélange bien cela avec du sang frais de bœuf pour en faire une pâte, couvres-en le bouchon de verre, et laisse-le bien sécher. Fais-lui alors subir une digestion très légère (je dis légère, car si le feu devait être plus fort que ce qu’il faut, le soufre et le mercure se sublimeraient eux-mêmes, et la matière serait dépouillée, car ils ne peuvent être redescendus à nouveau). Laisse cela jusqu’à ce qu’ils se coagulent eux-mêmes et deviennent si durs qu’ils ne fusent plus, ce qui arrive généralement en quatre, cinq ou six mois, selon la quantité de matière que tu as dans la vessie. Lorsque la coagulation est terminée, tu peux raviver un peu le feu, en continuant ainsi jusqu’à ce que cela soit parfaitement fixé, présentant une couleur violette qui arrive en quatre, cinq ou six mois. Cela peut aussi être réalisé en moins de temps, tout dépend de la façon de traiter de l’artiste, et de la quantité plus grande ou plus petite. Car une petite portion peut être fixée en très peu de temps.
Question 3 : Quel est le signe de la fixation parfaite, et où peut-il être connu ?
Les philosophes disent : ouvre ta vessie et prends-y un peu de teinture, et mets-la sur une assiette de fer incandescente. Si elle résiste sans fumer, c’est qu’elle est bien fixée. Mais tu peux l’éprouver d’une autre manière. Mets ton œuf sur le couvercle du four, le stabilisant avec du sable de sorte qu’il ne tombe pas à côté. Augmente peu à peu le feu, jusqu’à ce qu’il devienne presque incandescent, et si par cette opération la teinture n’est pas sublimée, c’est qu’elle est assez fixée. Mais si elle monte en forme de gouttes d’or, c’est signe de son imperfection, et elle doit alors être plus longtemps et plus intégralement bouillie.
Question 4 : Mais si elle monte dans ladite opération, que doit-on faire ?
Si ta teinture reste accrochée au fond du verre et y demeure, tourne le haut de la vessie vers le bas, de façon à ce que sa partie supérieure se tienne à la place de celle qui est en bas. Adapte le feu, jusqu’à ce que ces gouttes d’or se mélangent à nouveau avec la teinture, et continue ensuite à la fixer.
Question 5 : Que doit-on faire quand la teinture a obtenu sa perfection ?
Tu dois la fermenter. Prends par exemple une drachme de l’or le plus pur, bien raffiné. Fonds-le dans un creuset. Quand il est en fusion, projette sur lui un grain de ta teinture enveloppé dans de la cire. Tu peux aussi projeter deux grains de teinture car ils produiront une plus grande quantité de poudre d’or. Laisse-les bien fusionner ensemble pendant deux, trois ou cinq minutes. Après cela, retire le creuset du feu et mélange prestement avec un bâton de cuivre, et la plus grande partie de l’or sera transformée en poudre. Sépare-la du reste de l’or, et en le fondant à nouveau, projette sur lui un grain de teinture, enveloppé dans de la cire. Laisse-le bien fuser comme précédemment, et retire-le en mélangeant avec un bâton de cuivre (et en aucune façon avec autre chose) comme tu l’as fait précédemment ; et tu obtiendras une plus grande quantité de poudre d’or. Sépare la poudre propre du reste de l’or, et procède avec le reste comme tu l’as fait jusqu’ici, jusqu’à ce que tout l’or soit converti en poudre.
Question 6 : Que doit-on faire avec cette poudre d’or ?
Prends-la, mets-la dans un œuf, imbibe-la avec de la nouvelle teinture qui soit fraîchement distillée, et qui contienne en elle les trois principes. Mais tu dois être attentif à ce que cela ne soit ni fait trop humide, ni laissé trop sec par rapport à la bonne mesure. Ferme le verre de la façon susdite et place-le à la bonne température jusqu’à ce que le tout soit fixé. Prends ensuite un petit creuset et mets-y ta matière fixée. Couvre-le avec un autre creuset, recouvrant les joints avec de la craie. Quand c’est sec, place-le dans un four à vent et laisse- le rougeoyer trois jours et trois nuits, continuellement, mais pas à une température extrême. Ta matière sera alors transformée en un médicament ou en une poudre violette. Si tu parviens à réguler doucement ton travail, l’opération entière peut être réalisée dans un verre ; et tu verras de tes yeux les choses merveilleuses qu’il produira, à savoir comment la matière va expulser des étoiles brillantes comme elles le sont dans le ciel, ce qui est très agréable à regarder.
Question 7 : Que se passe-t-il ensuite ?
Tu peux tenter une projection. Prends une part de ce médicament, enveloppe-la dans de la cire et projette-la sur cent parts de métal vil encore non-fondu, et il sera transformé dans le meilleur or. Et si tu imbibes le médicament dix fois, et que tu le fixes à nouveau, sa force sera multipliée par mille, de sorte qu’une portion pourra transformer dix mille portions, et ce à l’infini.
Question 8 : Comment doit-on procéder avec l’argent ?
Fermente ta teinture avec de l’argent à la place de l’or, comme tu l’as fait avec l’or, et il va de la même manière être transformé en une poudre que tu dois imbiber avec de la teinture fraîche et fixer à nouveau ; et il teindra ensuite les métaux imparfaits en argent.
Question 9 : Quel feu emploie-t-on dans ce travail ?
Au début de l’œuvre, quand la nature suit son devoir, le feu de cuisine n’est pas employé, mais la nature a son propre feu qui est décrit avec exactitude par Bernhardus et Artéfius comme vaporeux et digérant, et si ce feu s’éteint une fois, il ne peut plus jamais être rallumé. Mais dans l’opération suivante, quand la nature cesse de travailler, l’Artiste commence, prend la matière en la réduisant de même par distillation en matière première, qui est faite avec le feu de cuisine ; et le charbon de hêtre est le plus adapté pour ce travail, et avec lui le travail tout entier peut être achevé.
Le point principal dans cette opération est de construire un petit four dans lequel tu puisses mettre la même température que la couvaison d’une poule, laquelle doit être observée très diligemment. Le feu d’une lampe ne peut pas être utilisé, mais une bougie est également très adaptée, à condition d’être appliquée manuellement, de façon à rester toujours à la même distance de l’œuf, que tu as déterminée une fois [pour toutes]. C’est pourquoi la bougie doit se tenir tout près de lui, et cela n’affecte par l’œuvre si ce feu s’éteint – ce que des hommes inexpérimentés pourraient discuter.
Question 10 : Que penses-tu des couleurs de Bernhardus ?
Elles sont pures fantaisie et tromperie. Tout qui ne peut pas, en quatre, cinq ou six heures, faire du noir, du blanc, du jaune et du rouge, ne comprend rien à cet œuvre. J’ai une fois vu l’arc-en-ciel avec les mêmes couleurs que celles qui apparaissent dans le ciel, mais ce n’est pas bon signe. Car quand cela arrive, la chaleur est trop forte et la teinture fait des petites bulles qui présentent les mêmes couleurs.
Question 11 : Est-ce que le travail de cet œuvre est ennuyeux ?
En aucune façon. Car tant que la nature opère, l’Artiste est au repos, et quand la nature se repose, l’Artiste travaille en distillant, en séparant, en purifiant et en réduisant le sujet en première matière, ce qui est fait en quatre, cinq ou six heures. Il confie le reste de l’opération à une chaleur légère et douce, la faisant bouillir jusqu’à avoir obtenu une fixation parfaite. Si tu emploies du charbon, tu dois en ré-étaler du nouveau en-dessous toutes les cinq ou six heures, mais si tu emploies une bougie, tu ne dois pas être moins prudent pour la placer. Un serviteur peut toutefois le faire, s’il est de bonne intelligence. Car rien ne peut être forgé plus aisément que la pierre des philosophes.
Question 12 : N’y a-t-il pas d’autres mensonges des sophistes ?
Tout ce qui a été écrit, excepté ce dont j’ai discouru, est mensonge et tromperie, et il eût été préférable pour les sophistes qu’ils se tinssent en paix. Ils peuvent m’injurier et me maudire d’avoir écrit cela si ouvertement. Je considère leurs injures comme nulles, et ils peuvent tomber sur leur propre tête car j’ai écrit pour l’honneur de Dieu et pour le grand amour de mes voisins. Car le Christ a dit que ce que tu ne voulais pas que les hommes te fassent, tu ne devais pas non plus le leur faire. Si cette loi avait un plus grand retentissement, la charité chrétienne ne serait pas aussi anéantie. Les philosophes ont gardé le silence sur la multiplication, et à cause de cela, je me suis trompé treize fois, jusqu’à ce que j’apprenne finalement par mon expérience et que je découvre que l’incandescence était la vraie méthode de multiplication. S’ils n’avaient pas été si envieux, j’aurais récolté plus tôt les fruits de mon labeur, et je les aurais employés à prier Dieu et à aider les pauvres ; mais leur envie fut un grand empêchement pour mon œuvre. Adieu.
Je viens de regarder ta vidéo la plus récente où tu parles de Newton et l’alchimie. Je n’ai pas de réseaux sociaux, alors je vais te poser ma question ici en commentaire.
Il est mentionné que l’alchimie était déjà pratiquée au temps des Sumériens et que pour
atteindre la révélation l’alchimiste a besoin de l’aide de Dieu.
Du coup… quel Dieu l’alchimiste doit-il prier.
Les Sumériens et les alchimistes de la France médiéval ne priaient certainement pas le même Dieu.
Je tente de comprendre le grand oeuvre depuis plus d’une décennie, mais sans feu dans ma fournaise.
Cela fait plusieurs années que je regarde ta chaîne et te salue respectueusement du Québec.
C’est John Maynard Keynes qui dit cette phrase, mais elle est historiquement fausse. Je pense qu’il sous entend que la quête spirituelle et religieuse de l’homme est la même depuis le début. Que ce soit les Sumériens ou les alchimistes médiévaux, tous veulent atteindre la même finalité. Pour cette raison je ne peux pas répondre à la question « quel dieu prier ? ». Dieu est seulement un mot, mais derrière ça il y a le concept d’une forme d’intelligence primordiale. C’est de cette forme d’intelligence dont on doit se rapprocher et ne pas se rapprocher d’un dieu définit par une institution religieuse.
Je m’arrête là parce que le format commentaire est peu propice à ce genre de débat, mais ça ferait une très belle discussion.
Salution ami Québécois !
Excellent ! Le public va enfin comprendre que la vraie science traditionnelle a été occultée par un modernisme trompeur et usurpateur.