Parmi les vestiges silencieux de Saqqarah, la pyramide du roi Ibi Qakarê — souverain de la VIIIe dynastie — occupe une place à part. C’est le dernier monument funéraire royal jamais construit sur ce vaste plateau funéraire de l’Ancien Empire. Aujourd’hui totalement en ruine, elle n’en demeure pas moins un témoin émouvant de la fin d’une ère pharaonique.
Un monument discret à l’ombre de Pépi II
Érigée à Saqqarah-Sud, sur un modeste monticule voisin de la chaussée de la pyramide de Pépi II (règne entre 2246 et 2152 av. J.-C.), la pyramide d’Ibi Qakarê affiche des dimensions modestes mais significatives :
- Base : 31,5 mètres
- Hauteur originelle : environ 21 mètres
- Hauteur actuelle : à peine 3 mètres
Son plan, un peu plus vaste que celui des pyramides des reines de Pépi II, laisse penser que ses constructeurs ont cherché à perpétuer la tradition royale… sans en avoir les moyens. Le noyau de la pyramide fut bâti à partir de petites pierres, bien loin des blocs massifs utilisés à l’époque de Khéops ou Mykérinos. Les archéologues estiment d’ailleurs que le revêtement de calcaire de Tourah prévu pour recouvrir l’ensemble n’a jamais été posé.
Une architecture simplifiée, reflet d’une époque en déclin
L’intérieur de la pyramide révèle une version très simplifiée des structures royales de l’Ancien Empire. Un couloir descendant incliné à 25° menait vers une herse de granit, installée pour décourager les pilleurs de tombes.
Au-delà de cet obstacle se trouve la chambre funéraire, située au cœur du noyau. À l’ouest de cette pièce, un immense bloc de granit servait de sarcophage : il est encore en place aujourd’hui, vestige tangible de la sépulture du souverain.
Les derniers Textes des Pyramides de l’histoire égyptienne
La pyramide d’Ibi Qakarê marque un tournant majeur dans la tradition funéraire égyptienne : elle abrite les derniers Textes des Pyramides jamais gravés dans une chambre royale.
Ces textes, incantations sacrées destinées à assurer la renaissance du roi dans l’au-delà, disparaîtront ensuite au profit des Textes des Sarcophages du Moyen Empire.
Lors des fouilles menées au début du XXe siècle, l’égyptologue Gustave Jéquier réussit à reconstituer les quatre murs de la chambre funéraire et à relever le plan complet des inscriptions. Leur disposition, très proche de celle observée dans les pyramides des reines de Pépi II, confirme la continuité d’une tradition spirituelle, même dans une période de déclin politique.
Une chapelle funéraire modeste mais singulière
À l’est du monument, les fouilles ont révélé une petite chapelle en briques crues, au plan très différent des temples funéraires classiques.
Depuis une antichambre, on accédait à une salle d’offrandes, probablement ornée d’une stèle ou d’une fausse porte, symbole du passage entre le monde des vivants et celui des morts. Les autres pièces servaient sans doute de magasins pour les objets rituels.
Dans le catalogue de Karl Richard Lepsius, la pyramide d’Ibi Qakarê est référencée sous le numéro 40. Sur certains blocs de calcaire du noyau, les archéologues ont retrouvé de nombreuses inscriptions rouges, de piètre qualité, mentionnant le titre de « Prince de Libye ».
Un témoignage fragile de la fin de l’Ancien Empire
Malgré son état de ruine avancé, la pyramide du roi Ibi Qakarê reste un monument clé pour comprendre la transition entre l’Ancien Empire et les temps troublés qui suivirent.
Elle illustre le déclin des ressources, la désorganisation du pouvoir central, mais aussi la persistance des rituels funéraires et du culte royal jusqu’à leurs dernières expressions.
| Élément | Détail |
|---|---|
| Localisation | Saqqarah-Sud, près de la chaussée de Pépi II |
| Dynastie | VIIIe dynastie |
| Base | 31,50 m |
| Hauteur originelle | environ 21 m |
| Hauteur actuelle | environ 3 m |
| Matériaux | Calcaire de Tourah (revêtement perdu), granit, pierres locales |
| Archéologue principal | Gustave Jéquier |
| Particularité | Derniers Textes des Pyramides connus |
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