Emplacement :Dara, en Moyenne-Égypte, près d’Assiout
Date estimée de construction :vers 2150 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Roi Khoui (ou Choui), souverain mal connu de la VIIIᵉ ou IXᵉ dynastie
Type de pyramide :structure à faces lisses, mais typologie incertaine (pyramide ou mastaba royal)
Hauteur :environ 4 m aujourd’hui (hauteur originale estimée à 20–25 m)
Base :130 m de côté
Particularité :Construction en briques crues, structure atypique ; possible pyramide provinciale du Moyen Empire
État actuel :Très ruinée, seule la base est encore visible, envahie par le sable

Un roi fantôme au cœur du désert

Le nom du pharaon Khoui, parfois transcrit Choui, flotte dans les marges de l’histoire égyptienne comme un mirage dans le désert. Mentionné sur quelques fragments de sceaux et d’inscriptions, ce souverain mystérieux aurait régné à la fin de la VIIIᵉ dynastie ou au tout début de la IXᵉ, à l’aube du Moyen Empire.
Son nom, dont la signification exacte se perd dans le temps, évoque la transition entre deux mondes : celui des rois divins de l’Ancien Empire, et celui des princes régionaux qui allaient dominer la Première Période intermédiaire.
Et c’est dans cette époque de bouleversements que fut érigé un étrange monument à Dara, en Moyenne-Égypte — un monument que les archéologues appellent encore aujourd’hui la pyramide de Khoui, bien que sa nature exacte reste discutée.

Dara : une nécropole hors du temps

Située au nord d’Assiout, la nécropole de Dara se distingue des grands sites funéraires de l’Ancien Empire comme Saqqarah ou Abousir.
Ici, point de calcaire blanc ni de temples somptueux : seulement un vaste tertre de briques crues, dressé au milieu d’un désert ocre, presque oublié.
C’est Raymond Weill, archéologue français, qui fouilla le site au début du XXᵉ siècle. En dégageant les vestiges, il découvrit un monument d’une ampleur surprenante : une base carrée de 130 mètres de côté, comparable à celle des grandes pyramides royales, mais construite avec des matériaux modestes — briques et sable mêlés.
Au cœur du monument, un puits profond menait à une chambre sépulcrale voûtée, taillée dans la roche et munie d’un sarcophage en calcaire. Aucune inscription complète n’y fut trouvée, mais plusieurs fragments de sceaux au nom de Khoui permirent de rattacher le tombeau à ce roi énigmatique.

Pyramide ou mastaba ? Le débat continue

La structure de Dara intrigue encore les égyptologues. Avec sa base gigantesque mais sa faible élévation, elle ne ressemble à aucune pyramide connue.
Certaines hypothèses y voient un mastaba royal, c’est-à-dire une tombe rectangulaire monumentale, typique des hautes élites de l’époque. D’autres, en revanche, considèrent que Khoui aurait tenté de reproduire le modèle des pyramides royales de l’Ancien Empire, mais avec des moyens dérisoires — d’où une forme hybride.
Les fouilles ont révélé un corridor d’accès, une chambre voûtée, et plusieurs galeries annexes, suggérant une organisation pyramidale simplifiée.
Cette architecture semble témoigner d’un effort désespéré pour maintenir les traditions funéraires royales dans un monde qui s’effondrait.
Ainsi, la pyramide (ou mastaba) de Khoui devient le symbole d’une Égypte en mutation, tiraillée entre la gloire passée et l’austérité nouvelle.

Le tombeau d’un roi oublié

Aucune statue, aucun texte, aucun relief ne nous renseigne véritablement sur la vie de Khoui. Son règne, bref et localisé, se déroula probablement dans une Égypte fragmentée, où les gouverneurs des provinces (les nomarques) avaient pris le pas sur le pouvoir royal.
Mais en choisissant de se faire enterrer dans une structure monumentale, Khoui affirmait encore sa prétention à la royauté divine.
Dans la chambre sépulcrale, les archéologues ont découvert un sarcophage en calcaire, brisé mais toujours en place, et des restes humains — sans doute ceux du roi lui-même.
Autour de la tombe, des fragments de poteries, des jarres à bière, et des vases en albâtre indiquent qu’un culte funéraire fut bien rendu au défunt, signe que même au cœur du chaos, les rites de l’au-delà restaient vivants.

Un monument témoin d’une transition

Le monument de Dara occupe une place singulière dans l’histoire de l’architecture funéraire égyptienne.
Il représente une charnière entre deux mondes : celui de la majesté pyramidale et celui, plus modeste, des tombes provinciales du Moyen Empire.
Sa base colossale et sa construction fragile résument toute la tension de cette époque : la volonté de perpétuer la grandeur des ancêtres, malgré la pauvreté des moyens.
Les briques crues remplacent le calcaire, les temples s’effacent, mais le symbole demeure : la pyramide, même réduite à un tas de poussière, reste l’échelle vers le ciel.

Héritage et mystère

Aujourd’hui, la pyramide de Khoui est presque entièrement ruinée, engloutie sous le sable du désert de Dara.
Et pourtant, elle fascine toujours les chercheurs : c’est le dernier monument funéraire royal connu de la période qui clôt l’Ancien Empire.
Elle porte en elle la nostalgie d’un âge d’or disparu et l’annonce du renouveau à venir, celui du Moyen Empire et de la renaissance thébaine.
Khoui, roi sans visage et sans histoire, reste le gardien d’un passage, celui entre la grandeur et la chute, entre la lumière des pyramides et l’ombre du silence.

Sous les sables de Dara, sa tombe respire encore lentement, comme un souvenir enfoui du rêve égyptien.
Un rêve de pierre et de poussière, de gloire et d’humilité — celui d’un roi oublié qui voulut, lui aussi, toucher le ciel.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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