La Souris Verte : l’élue et le chemin de l’initiation, une lecture symbolique et maçonnique
Sous ses airs de simple comptine pour enfants, « Une souris verte » dissimulerait peut-être un message bien plus profond.
Au-delà des théories historiques ou politiques, certains chercheurs en symbolisme et ésotérisme estiment que cette chanson raconte une initiation spirituelle. Une lecture qui plonge ses racines dans l’alchimie, l’hermétisme et la franc-maçonnerie, trois traditions où chaque mot, chaque image, chaque couleur cache une vérité à révéler.
Ce troisième niveau d’interprétation, moins connu du grand public, relie la souris verte à la quête de transformation intérieure — le passage de l’ignorance à la lumière.
Découvrez l’histoire de la comptine, son interprétation comme étant un soldat Vendéen, ou encore une comptine alchimique.
Une couleur qui cache un mystère : le vert
Commençons par le symbole central : le vert.
Dans la comptine, la souris est verte, ce qui, littéralement, n’a aucun sens. Mais dans le langage symbolique, rien n’est laissé au hasard.
En alchimie, le vert est la couleur de la transformation vivante. Il représente la nature dans son état brut, le monde matériel avant la transmutation.
C’est la couleur du cuivre, métal associé à Vénus, symbole de l’amour, de la beauté et du renouveau.
Mais il est aussi lié au vert-de-gris, cette patine qui recouvre le cuivre avec le temps : la trace visible du passage du matériel au spirituel.
En héraldique, le mot « sinople » désigne la couleur verte, mais vient du latin sinopis, qui, paradoxalement, signifie « rouge ».
Ainsi, le vert et le rouge — la vie et le feu — partagent la même origine. Cette dualité évoque les deux pôles de l’Œuvre alchimique : le soufre et le mercure, le masculin et le féminin, la matière et l’esprit.
👉 Dans cette lecture, la souris verte n’est donc pas une simple créature, mais une élue, un être en transformation qui porte déjà en elle la promesse du feu sacré — le rouge final, couleur de l’illumination spirituelle.
« Qui courait dans l’herbe » : le monde matériel et l’oubli de soi
L’herbe évoque la terre, la nature et le plan physique.
La souris qui court dans l’herbe symbolise l’âme prisonnière de la matière, courant sans but dans le monde des apparences.
Elle représente l’être humain avant son éveil spirituel — absorbé par la vie terrestre, inconscient de sa véritable essence.
Dans de nombreuses traditions initiatiques, ce monde matériel est perçu comme un voile ou une illusion.
Le vert de la nature devient alors un piège : il attire l’œil, mais dissimule la réalité.
La souris verte, camouflée dans l’herbe verte, vit dans un monde où tout se ressemble, où il devient difficile de distinguer le vrai du faux.
« Je l’attrape par la queue » : la main de l’esprit
Vient ensuite l’intervention de la conscience.
Quelqu’un — ou quelque chose — attrape la souris par la queue.
Ce geste peut sembler anodin, mais symboliquement, il marque le retournement initiatique : la matière (la souris) est saisie par l’esprit (la main).
L’individu, jusque-là plongé dans le monde matériel, est saisi, renversé, inversé.
Il ne regarde plus vers le bas, mais vers le haut.
Ce retournement évoque la mort symbolique du profane, étape essentielle de toute initiation.
En franc-maçonnerie, cette inversion correspond au moment où le postulant, les yeux bandés, passe des ténèbres à la lumière.
C’est le début du processus de transformation : la matière est saisie, l’âme est appelée à s’élever.
« Je la montre à ces messieurs » : le passage devant le conseil des initiés
Dans cette lecture ésotérique, « ces messieurs » ne sont pas de simples spectateurs : ils représentent les initiés, ceux qui détiennent la connaissance.
Présenter la souris « à ces messieurs », c’est soumettre le postulant à l’épreuve du regard.
Dans la tradition maçonnique, le futur initié est présenté au « collège des frères » avant d’être admis dans le temple.
Ce passage symbolise l’entrée dans la communauté des chercheurs de vérité.
La souris, humble et tremblante, est ainsi jugée prête à franchir les étapes de l’éveil.
« Trempez-la dans l’huile » : la lumière et la consécration
L’huile, dans les traditions sacrées, est le symbole de la lumière.
Elle nourrit les lampes, éclaire les temples, et sert à l’onction spirituelle.
Tremper la souris dans l’huile, c’est la plonger dans la clarté intérieure, dans la connaissance qui purifie.
En alchimie, l’huile correspond à l’élément feu, le soufre, l’énergie du cœur et de la passion.
C’est une mort symbolique suivie d’une renaissance dans la lumière.
Celui qui est trempé dans l’huile est consacré : il reçoit la flamme de la connaissance.
« Trempez-la dans l’eau » : la purification et la renaissance
Après le feu vient l’eau.
L’eau est le symbole universel du baptême, de la purification et du renouvellement.
Elle dissout les impuretés, efface les anciennes formes, et permet à la vie de recommencer.
Être plongé dans l’eau, c’est mourir à soi-même pour renaître dans une conscience nouvelle.
Dans la lecture initiatique, cette double immersion — dans l’huile (le feu sacré) et dans l’eau (la purification) — représente la fusion des contraires.
Le feu et l’eau réunis engendrent la transformation intérieure complète, la véritable transmutation de l’être.
« Ça fera un escargot tout chaud » : le voyageur spirituel
L’escargot, dans le langage symbolique, n’est pas un hasard.
Sa coquille en spirale évoque le chemin initiatique, ce parcours circulaire où chaque pas rapproche du centre, du soi profond.
Il avance lentement, toujours relié à la terre, mais guidé par une structure sacrée.
Dans la symbolique maçonnique, l’escargot représente le compagnon bâtisseur : celui qui a reçu la lumière, mais continue son œuvre patiemment.
Il avance à son rythme, dans le silence, vers la vérité intérieure.
L’escargot est aussi un symbole d’androgynie spirituelle : il contient en lui à la fois le principe masculin et féminin, le soleil et la lune, le feu et l’eau.
Il incarne l’unité retrouvée — l’ultime but de toute initiation.
Une initiation complète, cachée dans une comptine
Relue à travers le prisme de l’alchimie et de la franc-maçonnerie, La souris verte devient le récit codé d’une initiation spirituelle.
- La souris verte représente le profane, endormi dans le monde matériel.
- L’attraper symbolise le réveil de la conscience.
- La présentation aux « messieurs » correspond à l’entrée dans le temple.
- L’huile et l’eau sont les deux purifications : feu et eau, passion et sagesse.
- L’escargot final incarne l’être transformé, désormais porteur de la lumière intérieure.
Ce parcours, du vert (la vie matérielle) au rouge (la lumière spirituelle), reprend le cycle complet de l’Œuvre alchimique : de la nigredo (l’obscurité) à la rubedo (l’illumination).
Conclusion : une comptine comme miroir de l’âme
Qu’on y croie ou non, cette lecture ésotérique de La souris verte rappelle à quel point les symboles populaires peuvent contenir des vérités profondes.
Sous le masque d’une chanson pour enfants, on découvre une allégorie du chemin initiatique, celui qui mène de l’ignorance à la connaissance, de la matière à l’esprit.
Et si cette comptine traversait les siècles non pas par hasard, mais parce qu’elle porte en elle le secret universel de la transformation intérieure ?
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