Emplacement :Saqqarah Sud, près du lac Abousir
Date estimée de construction :vers 2510–2500 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Shepseskaf, dernier souverain de la IVe dynastie
Type de monument :Mastaba monumental (Mastabat al-Fir’aoun)
Hauteur :~18 m
Base :~99 m × 74 m
Particularité :Unique roi de l’Ancien Empire à ne pas avoir choisi une pyramide ; architecture volontairement archaïsante
État actuel :Très ruinée mais reconnaissable ; noyau massif exposé ; chambre funéraire accessible aux archéologues

Shepseskaf : le roi qui tourna le dos à la pyramide

Shepseskaf occupe une place singulière dans l’histoire royale : il est le dernier roi de la IVe dynastie, la dynastie des géants – Khéops, Khéphren, Menkaourê.
Et pourtant, contrairement à tous ses prédécesseurs, il refuse la pyramide.
Pas de sommet pointé vers Rê, pas de faces lisses tendues vers le ciel.
À la place, il choisit un immense mastaba : un monument horizontal, massif, presque archaïque.

Ce choix a intrigué les égyptologues pendant plus d’un siècle. Était-ce une rupture volontaire ? Une crise politique ? Un geste religieux ? Ou le signe d’un changement profond dans la conception du pouvoir ?

Saqqarah Sud : un paysage de pierre, de sable et de rupture

Le monument se dresse à Saqqarah Sud, loin des plateaux pyramidaux de Gizeh.
Un site volontairement à l’écart, tourné vers :
– la tradition archaïque des mastabas pré-dynastiques,
– l’héritage des premiers rois de Memphis,
– une forme plus terrienne, presque austère, de sépulture royale.

Le mastaba monumental de Shepseskaf, appelé Mastabat al-Fir’aoun, domine encore le désert comme un gigantesque sarcophage posé sur la terre.

A – Mur d’enceinte
B – Temple funéraire
C – Chaussée

Un mastaba colossal qui défie la tradition

Le monument mesurait environ 18 mètres de haut, avec une base de 99 × 74 mètres.
Il se composait de :
– un noyau en calcaire,
– un parement extérieur aujourd’hui disparu,
– une longue structure rectangulaire légèrement arrondie à ses extrémités,
– une rampe et un couloir menant à la chambre funéraire.

Sa forme particulière rappelle étrangement un naos, un sanctuaire, ou même une barque de pierre retournée — un symbole puissant du voyage vers l’au-delà.

Pourquoi Shepseskaf n’a-t-il pas construit de pyramide ?

Depuis plus d’un siècle, les chercheurs débattent :
Rupture religieuse ? Shepseskaf aurait-il résisté à la montée du culte solaire de Rê, déjà florissant sous Khéphren et Menkaourê ?
Crise économique ? Le royaume n’avait peut-être plus les ressources pour édifier un monument comparable aux géants de Gizeh.
Décision politique ? Le roi aurait symboliquement marqué la fin d’un cycle en revenant à une forme plus archaïque.

Quelles que soient les motivations, ce choix marque la fin de l’âge des pyramides colossales.

A – Couloir descendant
B – Temple funéraire
C – Antichambre
D – Chambre funéraire
E – Niches
F – Chaussée

Une chambre funéraire simple mais puissante

Sous le mastaba, les archéologues ont mis au jour :
– une chambre funéraire en calcaire,
– un sarcophage de granit rouge,
– les traces d’un rituel funéraire soigné mais sans extravagance.

Le monument n’a jamais été achevé entièrement :
certaines parties restent brutes, comme si la mort du roi avait pris de vitesse le chantier.

Un règne court, une transition lourde de sens

Shepseskaf régna brièvement, peut-être moins de dix ans.
Après lui, la Ve dynastie s’ouvre avec Ouserkaf et l’essor des temples solaires, ce qui confirme qu’une grande transformation religieuse était en cours.
Son mastaba monumental devient dès lors une frontière :
la dernière tombe de la IVe dynastie,
la première pierre d’un nouveau cycle spirituel.

Héritage : le roi qui ferma la porte des géants

La “pyramide” de Shepseskaf n’a pas de sommet, pas de gloire solaire.
Elle n’a que sa masse, son silence et son étrangeté.
Et pourtant, elle marque un tournant essentiel :
le moment où la tradition pyramidale cesse d’être l’expression unique du pouvoir royal.

Dans le vent aride de Saqqarah Sud, son mastaba demeure une énigme, un refus de la verticalité, une proclamation de sobriété.
Comme si Shepseskaf, le dernier roi des bâtisseurs de géants, avait voulu dire :

« Tout monument finit par s’effriter. Mais chaque rupture reste dans la mémoire des hommes. »

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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