Shepseskaf (2472-2467) est le premier Roi à retourner à Saqqarah après que la plupart de ses prédécesseurs de la IVe dynastie aient préféré pour construire leurs monuments funéraires : Dahshour, dans le Sud, pour Snéfrou (2575-2551) ; Abou Rawash (ou Abou Roach ou Abu Roache) pour Djédefrê (2528-2518) ; et Guizèh, dans le Nord, pour Khoufou (ou Khéops, 2551-2528), Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492) et Menkaourê (ou Mykérinos, 2492-2472). Le fait que Shepseskaf ne construise pas son tombeau au même endroit que ses prédécesseurs, est vu par certains égyptologues comme un signe de changement de religion et de croyance. Sous son règne on assiste en effet à la remise en question du culte de Rê et le Roi aurait souhaité ne pas construire en face d’Héliopolis.
D’autres spécialistes y voient comme une volonté de se démarquer de la politique de ses ancêtres. Certains donnent comme preuves que les immenses constructions de Khoufou et de Khafrê avaient complètement épuisées les richesses de la famille royale. Ce dernier argument, cependant est contredit par le fait que Shepseskaf termina le temple funéraire de son père Menkaourê, chose qu’il n’aurait pas fait si l’argent avait manqué. Dans l’attente d’autres découvertes le débat reste ouvert, car la motivation de ce changement est peut être tout simplement une question de place. Car le Roi choisit un secteur de Saqqarah qui ne semble pas avoir été employé avant : Saqqarah Sud. En fait, son tombeau est le tombeau royal le plus le plus au Sud du site.
Le complexe funéraire
Dans le même ordre d’idée, pour son monument funéraire Shepseskaf choisit de ne pas suivre un plan de construction selon la la norme établie par ses ancêtres de la IVe dynastie. Son tombeau reste d’une conception typique, que ce soit par la disposition des appartements funéraires ou encore par les matériaux utilisés. Il se compose d’une superstructure formée en mastaba avec un temple de la vallée (ou temple d’accueil) et une chaussée montante de 760 m, le reliant au temple funéraire incorporé dans le mur d’enceinte du mastaba.
A – Mur d’enceinte
B – Temple funéraire
C – Chaussée
La pyramide satellite et la pyramide de la Reine ne furent sûrement pas construites. Le temple de la vallée n’a pas encore été localisé avec précision et n’a fait pour le moment l’objet d’aucune fouille. Le mastaba est en fait ceint de deux murs en briques crues distant d’environ quarante mètres. Le complexe funéraire fut commencé en pierre, mais il fut terminé en briques crues. Peut-être du fait du court règne du Roi. On a retrouvé dans ce complexe les vestiges de statues représentant Shepseskaf pouvant confirmer que le culte était bien pratiqué. Ces statues sont aujourd’hui au musée du Caire.
Le mastaba du Roi
Le mastaba à deux degrés de Shepseskaf, appelé El-Faraoun par les Égyptiens contemporains, est orienté Nord-sud. Il a aujourd’hui une base de 99,60 m long et de 74,40 m de large, mais à l’origine il mesurait 104,60 m x 78 m avec une pente de 70° et une hauteur de plus de 20 m. Il était à cette époque revêtu de calcaire fin de Tourah, excepté sa base, qui était en granit d’Assouan. Il fut construit comme un tombeau, les égyptologues prennent souvent l’exemple d’un sarcophage colossal. Il a un dessus arrondi flanqué de deux murs presque verticaux. Les blocs de pierre qui le compose sont énormes et s’apparentent dans leur disposition aux types de constructions des pyramides. Son entrée (A) se situe du côté Nord, d’où part un couloir descendant de 20.95 m avec une pente de 23° 30′. L’ensemble fut construit en maçonnerie entièrement recouverte de granite rouge d’Assouan. L’extrémité du couloir débouche sur un corridor horizontal, suivi d’un deuxième passage bloqué par trois blocs-portes de granite, puis, après une vingtaine de mètres, qui donne sur une antichambre (C), construite sur un axe Est-ouest et située au centre du monument.
A – Couloir descendant
B – Temple funéraire
C – Antichambre
D – Chambre funéraire
E – Niches
F – Chaussée
Cette antichambre mesure 3,10 m x 8,30 m et est couverte par un système de dalles disposées en chevrons. De celle-ci on a accès à deux passages : Un au Sud-est où un couloir de 10,60 m de long comprend six niches ou magasins, de 2,50 m environ de profondeur. Ils sont semblables à ceux trouvées dans la pyramide de Menkaourê et quelques spécialistes pensent qu’ils devaient contenir le mobilier funéraire du Roi. Le deuxième passage est un couloir court descendant à l’Ouest qui mène à la chambre funéraire, dont les dimensions sont de 7,79 m par 3,85 m et 4,90 m de hauteur.
Dans la chambre furent mis au jour des fragments du sarcophage avec une décoration en façade de palais, qui rappelle celle du sarcophage de Menkaourê. La chambre funéraire a un plafond constitué par des blocs de granit disposés en chevrons dont le soffite (Dessous d’un ouvrage suspendu, d’une corniche) fut retaillé pour lui donner la forme d’une voûte. Là encore on retrouve ce type de construction dans la chambre funéraires de Menkaourê.
Longueur originelle de la base : 104,60 m x 78 m
Longueur aujourd’hui (Sans revêtement) : 99,60 m x 74,40 m
Hauteur : 18,70 m
Pente : 70°
Couloir descendant : 20,95 m
Pente du couloir : 23o 30′
Chambre funéraire : 7,79 m x 3,85 m x 4,90 m de hauteur
Longueur de la chaussée : 760 m
Ce monument depuis longtemps est sujet de discussions entre les égyptologues, peut-être même avant que Gustave Jéquier n’en dresse le plan complet. Il y a ceux qui pensent qu’il était prévu au départ pour être une pyramide mais qu’il fut modifié en cours de construction. Pour conforter leur avis ils s’appuient sur certains faits : Le complexe funéraire reprend les éléments essentiels des complexes pyramidaux avec un temple haut côté Est, une chaussée et un temple bas. La chambre funéraire est semblable à celle d’une pyramide et les matériaux employés sont identiques à ceux utilisés pour les pyramides de Guizèh. Cependant ces faits sont bouleversés par les résultats des dernières études menées sur le monument. Elles démontrent qu’il n’y aurait pas eu de changements au cours de sa construction, à part son achèvement précipité, du fait du court règne du Roi. Son plan avait été dès le départ celui du monument final que nous voyons aujourd’hui.
Le temple funéraire (ou temple haut)
Le temple funéraire de Shepseskaf est accolé à la face Est du mastaba (B) et sa double enceinte comportait deux entrée. Une au Sud, par la chaussée qui venait du temple de la vallée et l’autre dans l’axe Est du complexe. On note beaucoup de similitudes avec le plan du temple de la vallée de son père, Menkaourê, mais ces similitudes peuvent peut-être s’expliquer par le fait que ce fut Shepseskaf qui termina son complexe funéraire. À la différence des temples funéraires de ses prédécesseur, celui de Shepseskaf se composait d’une avant cour publique donnant sur le temple cultuel. Il y avait une deuxième cour (ou hall) sûrement destinée aux rites de purification des offrandes. Le temple comportait une fausse porte et à l’arrière de l’édifice cinq magasins, qui servaient de réserves pour ces offrandes. Il ne comprend, par contre, aucune salle de culte à cinq niches. Le mur Nord du temple a livré les vestiges de décoration en façade de palais, ce qui ne s’était pas produit depuis le règne de Djoser (2608-2609).
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