| Emplacement : | Licht, au sud de la pyramide d’Amenemhat Ier |
| Date estimée de construction : | vers 1940 av. J.-C. |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Sésostris Ier (Senousret I), deuxième roi de la XIIe dynastie |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | 61 m |
| Base : | 105 m |
| Particularité : | Ensemble funéraire très élaboré, entouré de neuf pyramides de reines ; plan complexe mêlant tradition et innovations |
| État actuel : | Très ruinée, noyau de briques effondré, mais le plan général du complexe est lisible |
Sésostris Ier : le roi bâtisseur du renouveau
Sésostris Ier succède à Amenemhat Ier à la tête d’un royaume restauré, unifié et prospère.
Son règne, marqué par de profondes réformes administratives et par une intense activité architecturale, est considéré comme l’un des sommets de la XIIe dynastie, l’âge d’or du Moyen Empire.
Le roi poursuit l’œuvre de son père : rétablir la Maât, reconstruire l’économie, apaiser les provinces, et surtout réancrer la royauté dans une monumentalité sacrée que l’Égypte avait perdue depuis l’Ancien Empire.
Sa pyramide à Licht est l’un des témoignages les plus éclatants de ce projet : un monument pensé comme une revendication de légitimité, un pont entre les premiers bâtisseurs et la nouvelle dynastie montante.
Licht : une capitale spirituelle nouvelle
Comme Amenemhat Ier, Sésostris Ier choisit Licht comme site funéraire, consolidant cette nécropole comme le centre symbolique du pouvoir du Moyen Empire.
Située non loin de Memphis, mais tournée aussi vers le Fayoum et les nouvelles zones de développement du royaume, Licht incarne l’idée d’un centre politique recentré et harmonisé.
La pyramide de Sésostris Ier domine un vaste complexe, comprenant :
– un temple bas relié au Nil,
– une chaussée montante ornée de statues et de reliefs,
– un temple haut richement décoré,
– et surtout un ensemble de neuf pyramides secondaires, disposées autour du monument royal.
Cette dernière particularité évoque la Ennéade, le groupe des neuf dieux d’Héliopolis, renforçant l’idée que la royauté est un reflet terrestre du panthéon solaire.
Une pyramide monumentale, entre tradition et innovation
La pyramide de Sésostris Ier mesurait environ 61 mètres de haut pour une base de 105 mètres, des dimensions proches de celles des rois de l’Ancien Empire tout en s’adaptant aux matériaux du Moyen Empire.

Son noyau était en briques crues, renforcé par un réseau de murs internes en calcaire. Le parement extérieur, en calcaire blanc de Tourah, devait offrir une surface lisse et éclatante.
L’accès se faisait par la face nord, selon la tradition, menant à un couloir incliné et à une chambre funéraire souterraine, protégée par un système de herses.
La décoration intérieure était plus sobre que dans les pyramides de l’Ancien Empire : les rois du Moyen Empire privilégiaient la symbolique géométrique et architecturale plutôt que les inscriptions murales.
Cependant, le plan du temple haut témoigne d’une sophistication remarquable, avec une alternance de salles, de cours, de chapelles et d’espaces rituels.

Le cercle des neuf pyramides : un programme cosmique
Autour de la pyramide principale se trouvent neuf pyramides de reines, dont les propriétaires restent encore en partie inconnus.
Certaines pourraient appartenir aux grandes épouses royales, d’autres à des princesses ou à des femmes de haut rang.
L’arrangement de ces pyramides autour du roi n’est pas un hasard : il reflète l’organisation céleste et la protection féminine entourant la royauté.
Chaque reine est un pilier de la Maât, une force stabilisatrice, un rayon de lumière autour du pharaon solaire.
C’est l’une des rares fois dans toute l’histoire égyptienne qu’un complexe funéraire est conçu comme un ensemble familial sacré, véritable mandala royal dans le désert.
Le temple funéraire : un chef-d’œuvre invisible
Le temple funéraire de Sésostris Ier, bien qu’en ruine, est l’un des plus élaborés du Moyen Empire.
On y retrouve :
– une salle hypostyle soutenue par des piliers massifs,
– des cours ouvertes destinées aux processions,
– un sanctuaire consacré à Osiris,
– des chambres pour les statues du roi et des dieux,
– des dépôts d’offrandes,
– ainsi que les restes d’un mobilier rituel raffiné.
Les archéologues y ont découvert des fragments de statues royales, dont certaines montrent Sésostris Ier sous la forme du faucon, manifestation du dieu Horus.
Ce temple est un véritable carrefour spirituel : le roi y devient l’incarnation vivante du soleil, du Nil et de la Maât.

Découvertes archéologiques : les secrets du sable
Exploré dès le XIXe siècle puis étudié en détail par les missions américaines de l’Oriental Institute de Chicago, le complexe a livré :
– les restes du sarcophage en quartzite,
– des outils de construction,
– des fragments de piliers sculptés,
– des sceaux administratifs portant le nom de Sésostris Ier,
– des traces d’activité rituelle attestant d’un culte funéraire actif durant plusieurs siècles.
L’état actuel, très ruiné, s’explique par la fragilité du noyau de briques crues, érodé par les intempéries et les infiltrations d’eau.

Héritage et symbolique
La pyramide de Sésostris Ier n’est pas seulement un monument : c’est le manifesto du Moyen Empire.
Elle affirme que :
– la tradition peut renaître,
– la royauté peut se réinventer,
– la lumière peut revenir après le chaos.
Sésostris Ier s’inscrit à la fois dans la continuité des bâtisseurs de l’Ancien Empire et dans l’élan spirituel nouveau de son époque.
Sa pyramide, même ruinée, reste un symbole puissant d’ordre, de lumière et de stabilité — l’image d’un roi qui voulut reconstruire un monde juste, pierre après pierre.
Dans le vent chaud du désert, les vestiges de Licht murmurent encore l’un des plus grands serments des pharaons du Moyen Empire :
Sésostris Ier, celui qui fit resplendir la Maât.
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