| Emplacement : | Dahchour Sud |
| Date estimée de construction : | vers 1860–1850 av. J.-C. |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Sésostris III (Senousret III), cinquième roi de la XIIe dynastie |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | 60 m |
| Base : | 106 m |
| Particularité : | Réseau souterrain extrêmement complexe ; nécropole princière adjacente avec trésors royaux féminins |
| État actuel : | Très ruinée, noyau effondré, mais structure interne partiellement accessible |
Sésostris III : le pharaon conquérant et réformateur
Sésostris III, l’un des rois les plus puissants et charismatiques de l’histoire d’Égypte, marque l’apogée de la XIIe dynastie.
Sous son règne, l’État se renforce, les frontières sont consolidées, et la Nubie est intégrée dans une organisation nouvelle et rigoureuse.
Sésostris III est un roi bâtisseur, un roi guerrier et un roi réformateur. Il est à la fois l’image de la force et de la Maât : l’ordre divin incarné.
Sa pyramide, dressée à Dahchour, symbolise cette ambition : unir le passé glorieux des bâtisseurs de l’Ancien Empire et la puissance administrative du Moyen Empire.
Dahchour : un retour à la terre des ancêtres
Avec sa pyramide, Sésostris III revient à Dahchour, un site sacré où Snéfrou avait érigé mille ans plus tôt deux des monuments les plus emblématiques de l’histoire égyptienne.
En choisissant ce lieu, il s’inscrit volontairement dans la tradition des rois fondateurs, tout en imposant son identité propre.
Son complexe funéraire se compose de :
– une pyramide principale,
– un vaste temple funéraire,
– une chaussée montante,
– un temple bas en bordure du Nil,
– et un ensemble impressionnant de tombes de reines et princesses, disposées autour du monument royal.
Ce dispositif évoque la centralité absolue du roi : les femmes royales deviennent les étoiles du cortège cosmique qui gravite autour du souverain-lumière.

Une pyramide puissante et subtile
Mesurant 60 mètres de haut et 106 mètres de base, la pyramide de Sésostris III adopte les proportions standards du Moyen Empire, mais avec une architecture plus technique.
Son noyau est en briques crues, renforcé par des murs internes en calcaire soigneusement agencés.

L’extérieur était revêtu d’un parement de calcaire blanc, désormais entièrement disparu.
L’entrée, située au nord, donne accès à un réseau souterrain extrêmement complexe, conçu comme un véritable labyrinthe :
– couloirs inclinés,
– fausses directions,
– herses multiples,
– salles de blocage,
– et passages déroutants.
L’objectif était clair : protéger la chambre funéraire d’un roi dont l’aura symbolique était immense.
La chambre funéraire : un sanctuaire minéral
La chambre funéraire est construite en quartzite massif, matériau extrêmement dur, transporté depuis des carrières lointaines.
Les murs sont si soigneusement ajustés qu’ils forment une cage presque indestructible.
La chambre était destinée à accueillir un sarcophage monolithique en granit rouge.
Bien que la tombe ait été pillée dans l’Antiquité, les vestiges témoignent de la richesse du mobilier funéraire :
– fragments de vases canopes,
– outils de rituels,
– reliefs dispersés,
– traces de mobiliers royaux.
Cette architecture austère mais sophistiquée reflète le caractère de Sésostris III : rigueur, autorité et puissance.

La nécropole des princesses : un monde enfoui
Le véritable trésor du complexe de Sésostris III ne se trouve pas dans la pyramide elle-même, mais dans les tombes des princesses, situées à l’est du monument.
On y découvrit des ensembles funéraires fabuleux, notamment :
– les bijoux de la princesse Mereret,
– ceux de la princesse Sit-Hathor-Younet,
– les couronnes, diadèmes, bracelets et pectoraux en or massif et pierres fines.
Ces trésors comptent aujourd’hui parmi les plus extraordinaires du Moyen Empire, exposés au Musée du Caire.
Leur perfection témoigne de l’importance des femmes royales dans la symbolique du pouvoir : garantes de la Maât et du lignage, elles sont les gardiennes discrètes de la lumière du roi.

Le temple funéraire : un espace sacré aujourd’hui effacé
Le temple haut de Sésostris III, aujourd’hui presque disparu, comportait :
– des cours à colonnes,
– un sanctuaire central,
– des magasins,
– des salles d’offrandes,
– et des espaces dédiés aux statues du roi.
Le style du temple reflète le goût du Moyen Empire pour l’équilibre, la géométrie et la simplicité apparente.
Des fragments de bas-reliefs retrouvés sur place montrent le roi dans des postures royales classiques, associées aux dieux Horus, Amon et Rê.
Un monument en ruine, mais un mythe éternel
Aujourd’hui, la pyramide de Sésostris III n’est plus qu’un tas de débris brunâtres, recouverts par le sable et les siècles.
Mais sa présence demeure puissante : c’est un monument de transition, un dernier éclat avant que les pharaons n’abandonnent définitivement la tradition pyramidale.
Elle incarne la force d’un roi qui voulut refonder l’Égypte, imposer la justice, réformer l’armée, restructurer l’administration et réaffirmer le rôle sacré de la royauté.
Sésostris III n’est pas un simple souverain : c’est une figure mythique, au même titre que Khéops ou Ramsès II.
Sous les ruines de Dahchour, il reste une impression indélébile :
Sésostris III, celui qui fit trembler les frontières et briller le soleil.
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