| Emplacement : | Saqqarah Sud, à proximité immédiate de la pyramide de Pépi Ier |
| Date estimée de construction : | vers 2330 av. J.-C. |
| Pharaon associé : | Pépi Ier Meryré |
| Personne à qui elle est destinée : | Reine Noubounet (Noubwenet ou Nouboueneth) |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | environ 21 m (40 coudées royales) |
| Base : | environ 24 m (46 coudées royales) |
| Particularité : | Découverte d’un sarcophage en grauwacke et de fragments de Textes des Pyramides rares dans une tombe royale féminine |
| État actuel : | Très ruinée, seuls subsistent les soubassements et quelques pierres de parement effondrées |
Une reine dans l’ombre du roi : le mystère de Noubounet
Parmi les épouses royales de Pépi Ier, certaines sont passées à la postérité, comme la puissante Mérititès II ou la mystérieuse Ankhesenpépi II, mère du futur Pépi II. D’autres, en revanche, semblent s’être effacées dans les sables de l’Histoire. C’est le cas de Noubounet, reine discrète dont le nom, signifiant « La dame d’or » ou « L’or est sa maîtresse », évoque la lumière solaire et la perfection divine.
Sa pyramide, bien que modeste comparée à celle du roi, témoigne du prestige accordé aux épouses royales de la VIᵉ dynastie. Érigée à Saqqarah Sud, au sein même du vaste complexe funéraire de Pépi Ier, elle s’inscrit dans un ensemble cohérent : un roi entouré de ses reines, réunis dans la mort comme dans la vie, sous la protection de Rê et d’Osiris.
Le complexe funéraire des reines de Pépi Ier : un microcosme sacré
Au sud-est de la pyramide principale, les archéologues ont identifié plusieurs petites pyramides alignées, chacune accompagnée d’un temple funéraire et d’une enceinte murale. Ces pyramides appartenaient aux reines de Pépi Ier : Mérititès II, Ankhesenpépi II, Ankhesenpépi III, et Noubounet.
La pyramide de Noubounet, la plus au sud du groupe, respectait la structure symbolique des grandes pyramides : une pyramide à faces lisses, un temple funéraire, une cour, et un puits d’accès menant à la chambre sépulcrale. Cette organisation, à plus petite échelle, reproduit en miroir le monde céleste du roi, preuve de l’importance rituelle accordée aux épouses dans la théologie solaire de la fin de l’Ancien Empire.
Une architecture réduite, mais d’une précision exemplaire
La pyramide de Noubounet, haute d’environ 21 mètres, s’élevait sur une base de 24 mètres de côté. Son cœur était constitué de blocs de calcaire local, recouverts d’un parement de calcaire fin de Tourah.
L’entrée, située au nord, menait à un couloir descendant, puis à une antichambre et à la chambre funéraire, dont les parois étaient jadis couvertes de hiéroglyphes peints en bleu, semblables à ceux de Pépi Ier.
Bien que de taille modeste, la construction reflète une rigueur géométrique et symbolique : chaque mesure, chaque orientation correspond à un équilibre entre terre et ciel, entre la demeure du corps et celle de l’âme.
Les Textes des Pyramides : une parole rare pour une reine
L’un des aspects les plus fascinants de la pyramide de Noubounet réside dans la présence de Textes des Pyramides — une rareté pour une sépulture féminine.
Ces inscriptions, fragmentaires, semblent reprendre certaines formules d’ascension et de renaissance réservées d’ordinaire au roi. Leur présence montre l’évolution des croyances funéraires : peu à peu, le privilège de l’immortalité solaire s’étendait aux reines, témoignant d’une démocratisation spirituelle de l’au-delà au sein de l’aristocratie royale.
Noubounet, dans sa chambre funéraire, n’est plus seulement épouse du pharaon : elle devient une étoile, une compagne du soleil, traversant les portes du ciel à ses côtés.
Une redécouverte archéologique lente et précieuse
La pyramide de Noubounet fut mise au jour au début du XXᵉ siècle, lors des fouilles de Gustave Jéquier, égyptologue suisse qui consacra sa vie à l’étude des complexes royaux de la VIᵉ dynastie.
Sous les décombres, il retrouva un sarcophage en grauwacke (une pierre sombre et dense) portant encore les cartouches de la reine, ainsi que des fragments d’inscriptions funéraires. Les murs écroulés ont révélé des éclats de pigments bleus et verts, rappelant la splendeur décorative originelle.
Aujourd’hui, le site est largement ruiné, mais les vestiges de Noubounet demeurent un témoignage rare sur la place spirituelle des reines de l’Ancien Empire.
Héritage et symbolique de la Pyramide de Noubounet
La pyramide de Noubounet est bien plus qu’une tombe secondaire : elle incarne une transition religieuse et symbolique.
Elle marque le moment où les Textes des Pyramides, jadis privilège royal, s’ouvrent aux épouses, prémices d’une spiritualité plus intime et universelle.
Dans la théologie solaire de l’époque, le roi et la reine ne sont plus seulement deux êtres : ils forment un couple cosmique, reflet de Rê et d’Hathor, d’Osiris et d’Isis.
Ainsi, même si sa pyramide est aujourd’hui réduite à un amas de pierre, le nom de Noubounet brille encore comme l’or qu’elle porte dans son nom, symbole de pureté, de lumière et de résurrection.
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