| Emplacement : | Saqqarah Sud, au sein du complexe funéraire de Pépi II |
| Date estimée de construction : | vers 2200 av. J.-C. |
| Pharaon associé : | Pépi II |
| Personne à qui elle est destinée : | Reine Neith, première épouse royale de Pépi II |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | environ 20 m (environ 38 à 40 coudées royales) |
| Base : | environ 26 m (environ 50 coudées royales) |
| Particularité : | Contient des Textes des Pyramides — privilège rare pour une reine ; temple funéraire décoré de reliefs raffinés |
| État actuel : | Partiellement ruinée, mais chambres internes et inscriptions préservées |
Neith : la première épouse et reine-mère du crépuscule royal
La reine Neith, première épouse de Pépi II, vécut à la fin de l’Ancien Empire, à un moment où la lumière de la royauté égyptienne commençait lentement à décliner.
Son nom évoque la déesse Neith, créatrice du monde et tisserande du destin, divinité guerrière et maternelle originaire de Saïs.
En portant ce nom divin, la reine se plaçait sous la protection d’une force primordiale : celle qui enfante les dieux.
Neith fut sans doute la mère du prince Mérenrê-Antiemsaef II, et peut-être aussi la figure féminine la plus influente de la cour de Pépi II. Son rôle dépassait celui d’une simple épouse : elle représentait la stabilité solaire et cosmique dans un règne de plus en plus fragile.
Le complexe funéraire de Saqqarah Sud : la cour céleste du roi
La pyramide de Neith se trouve à Saqqarah Sud, dans la nécropole royale du pharaon Pépi II, non loin des pyramides de ses deux autres épouses, Ipout II et Oudjebten.
Ces trois monuments, construits dans le même alignement, formaient une véritable cour des reines, symbole du pouvoir féminin entourant le roi-divin.
Chaque reine possédait sa propre pyramide, son temple funéraire, et un culte posthume entretenu par des prêtres et des servantes royales.
L’ensemble était relié au complexe principal du roi par des chaussées et des enceintes de pierre, comme si chaque reine incarnait une étoile gravitant autour du soleil Pépi II.
Au cœur de cet univers sacré, la pyramide de Neith se distingue par sa richesse décorative et la présence des Textes des Pyramides, privilège rarissime accordé à une reine.
L’architecture : grâce et géométrie céleste
Haute d’environ 20 mètres pour une base de 26 mètres, la pyramide de Neith reprend les canons architecturaux de la VIᵉ dynastie.
Construite en calcaire local, elle était recouverte d’un parement de Tourah qui reflétait le soleil levant.

L’entrée, orientée au nord, mène à un couloir descendant ouvrant sur une antichambre, une chambre annexe, et la chambre funéraire, où reposait le sarcophage royal.
Le plafond, orné d’un ciel étoilé gravé et peint, symbolisait la transformation de la reine en étoile impérissable.
Mais la plus grande particularité réside dans la présence d’inscriptions funéraires sur les parois : un fait rarissime dans les tombes féminines de cette époque.
Ces Textes des Pyramides, similaires à ceux de Téti et Pépi Ier, évoquent la résurrection, la purification et l’ascension vers le ciel. Ils témoignent de la volonté de placer Neith non seulement comme épouse, mais comme équivalente spirituelle du roi.
Le temple funéraire : un sanctuaire de la renaissance
Accolé à la face est de la pyramide, le temple funéraire de Neith comportait une cour à colonnes, un autel d’offrandes, et plusieurs salles de culte.
Des fragments de bas-reliefs, retrouvés sur place, montrent la reine assise devant des tables couvertes d’offrandes, ou recevant des parfums et des tissus sacrés.
Ces scènes, d’une délicatesse rare, expriment la douceur rituelle de la théologie féminine de l’époque : l’idée que la reine, dans la mort, devient la gardienne de la renaissance du roi et du monde.
La beauté des reliefs, la finesse des hiéroglyphes et l’équilibre des proportions font de ce temple l’un des joyaux discrets de la VIᵉ dynastie.
Les fouilles modernes : redonner un visage à Neith
La pyramide de la reine Neith fut redécouverte au début du XXᵉ siècle par Gustave Jéquier, égyptologue suisse, lors de ses fouilles du complexe de Pépi II.
Sous des tonnes de sable et de débris, il mit au jour les chambres internes presque intactes, avec les Textes des Pyramides encore gravés dans la pierre.
Ces inscriptions, bien conservées, permirent d’identifier formellement la propriétaire de la tombe grâce à la mention de son nom et de ses titres royaux.

Jéquier fut frappé par la qualité exceptionnelle des gravures et la précision de leur tracé, preuve que la piété et l’art des anciens bâtisseurs ne s’étaient pas encore éteints à la fin de l’Ancien Empire.
Les fragments de sarcophage retrouvés sur place — en grauwacke sombre — témoignent d’un mobilier funéraire de haute qualité.
Héritage spirituel : la reine et la déesse
La reine Neith incarne un archétype rare : celui de la femme divine consciente de son pouvoir cosmique.
Son nom la relie directement à la déesse primordiale Neith, tisserande du monde et déesse du ciel. Dans la mythologie, Neith est celle qui créa le soleil et les dieux, celle qui tisse le destin des hommes.
La pyramide de la reine transpose cette idée : elle est le tissu sacré qui relie le roi au ciel, l’énergie féminine qui permet la renaissance du cycle solaire.
Par la présence des Textes des Pyramides, la reine accède à un statut spirituel égal à celui du roi : elle devient, elle aussi, un principe de régénération.
Ainsi, la pyramide de Neith ne célèbre pas seulement une épouse royale, mais le pouvoir sacré du féminin dans la théologie égyptienne : celui de porter, protéger et renouveler la lumière.
Et dans le silence de Saqqarah, quand le soleil couchant dore les ruines de son tombeau, on pourrait croire qu’un souffle ancien murmure encore le nom de la première épouse de Pépi II —
Neith, la tisserande de l’éternité.
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