Emplacement :Saqqarah Sud, à proximité des pyramides de Pépi Ier et de Mérenrê Ier
Date estimée de construction :vers 2246–2152 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Pépi II (Néferkarê Pépi), dernier grand roi de la VIᵉ dynastie
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :environ 52,5 m (100 coudées royales)
Base :environ 78,8 m (150 coudées royales)
Particularité :Contient les Textes des Pyramides les plus complets connus ; règne le plus long de toute l’histoire égyptienne
État actuel :Très ruinée, mais le plan interne et plusieurs inscriptions sont encore visibles

Pépi II : le roi qui régna un siècle

Le pharaon Pépi II Néferkarê est une figure mythique : son règne, long d’environ 94 ans, fut le plus long de toute l’histoire égyptienne.
Monté sur le trône enfant, il connut un âge d’or puis le lent effondrement du pouvoir royal. Sous ses premières années, l’Égypte rayonne encore : les temples prospèrent, les expéditions vers le Sinaï et la Nubie se multiplient, les arts atteignent un raffinement exceptionnel.
Mais au fil des décennies, le royaume s’épuise. Les nomarques, ces gouverneurs régionaux, deviennent autonomes, et la centralisation millénaire de l’État se désagrège peu à peu.
La pyramide de Pépi II, construite au sud de celle de son père Pépi Ier, incarne ce paradoxe : un monument grandiose, dernier éclat d’un monde qui s’éteint.

Saqqarah Sud : le sanctuaire de la dynastie déclinante

Le site de Saqqarah Sud est le cœur symbolique de la VIᵉ dynastie. Après Téti, Pépi Ier et Mérenrê, Pépi II choisit d’y établir son propre complexe funéraire, prolongeant la lignée de ses ancêtres et leur vision solaire de la royauté.
Son complexe, appelé Men-ankh-Néferkarê — « Les monuments de Néferkarê demeurent vivants » —, s’étendait sur plusieurs hectares : un temple bas au bord du Nil, une chaussée monumentale couverte de reliefs, et un temple haut accolé à la pyramide royale.
Le roi voulut que sa sépulture soit un miroir du cosmos, un lieu où le monde des hommes et celui des dieux se rejoignent dans la lumière.

Autour de la pyramide principale, plusieurs pyramides secondaires furent érigées pour ses épouses — Neith, Ipout II et Oudjebten — formant un véritable quartier des reines, chacune dotée de son propre temple funéraire.

L’architecture : perfection et continuité

La pyramide de Pépi II reprend les proportions classiques des rois de la VIᵉ dynastie : 52,5 mètres de haut, 78,8 mètres de base, et une pente de 53°.
Le noyau, en calcaire local, était recouvert d’un parement de Tourah d’un blanc éclatant, qui reflétait le soleil sur des kilomètres.

Restitution de la pyramide de Pépi II et de celles de ses épouses.

L’entrée, orientée au nord, ouvrait sur un couloir descendant menant à la chambre funéraire. À l’intérieur, le plan reprend le schéma immuable inauguré depuis Téti Ier : un vestibule, une antichambre, une chambre annexe, et la chambre sépulcrale, où reposait le sarcophage royal.
Le plafond, décoré d’un ciel étoilé gravé, figure le firmament nocturne. Autour, des colonnes hiéroglyphiques courent sur les murs : ce sont les Textes des Pyramides, gravés en centaines de formules magiques destinées à assurer la transfiguration du roi.
L’ensemble témoigne d’un savoir-faire exceptionnel, d’une précision géométrique parfaite et d’une foi absolue dans le pouvoir de la parole sacrée.

Les Textes des Pyramides : l’apothéose d’une tradition spirituelle

Les Textes des Pyramides de Pépi II représentent la forme la plus complète et la plus aboutie de cette littérature religieuse.
Gravés en hiéroglyphes verts sur fond blanc, ils couvrent les parois de la chambre funéraire et des couloirs, racontant la renaissance du roi dans l’au-delà.
On y retrouve les grandes formules de ses prédécesseurs, mais enrichies de variantes et d’ajouts inédits.
Ces textes décrivent la montée de Pépi vers le ciel : il devient un faucon solaire, un étoile impérissable, un Osiris immortel. Les rituels de purification, les offrandes et les invocations y sont d’une intensité poétique rare :

« Ô Pépi, tu t’élèves dans le ciel sur les rayons du soleil ;
tu respires l’encens des dieux et tu bois l’eau des étoiles. »
Ces paroles sont plus qu’une prière : elles sont une carte de navigation cosmique, guidant le roi à travers les plans de l’existence pour atteindre la lumière éternelle.

Le déclin derrière la perfection

Si la pyramide de Pépi II est parfaite dans sa conception, elle fut bâtie dans un monde qui s’effritait.
Les travaux durèrent sans doute plusieurs décennies, et à mesure que le roi vieillissait, les moyens du royaume diminuaient.
Les blocs de calcaire deviennent plus petits, la main-d’œuvre moins qualifiée, et certains éléments du temple restèrent inachevés.
Mais la foi demeure intacte : la précision du plan et la richesse des inscriptions montrent que, jusqu’au bout, les Égyptiens crurent à la puissance éternelle du pharaon.
Peu après la mort de Pépi II, l’Ancien Empire s’effondra, emportant avec lui l’unité politique du pays. Sa pyramide, achevée à temps, reste comme le dernier phare d’un monde englouti.

Découvertes archéologiques : la mémoire retrouvée

Les fouilles menées à la fin du XIXᵉ siècle par Gaston Maspero et Gustave Jéquier révélèrent l’extraordinaire état de conservation des chambres internes.
Les murs portaient encore des traces de peinture bleue et verte, et le sarcophage de granit noir, bien que vide, demeurait en place.
Des fragments de poteries, d’outils et d’offrandes funéraires furent retrouvés dans les annexes, ainsi que des restes de statues de culte.

Bas reliefs de la Pyramide de Pépi II à Saqqarah.

Autour du monument, les archéologues identifièrent également les pyramides des reines et les temples funéraires attenants, formant un ensemble architectural d’une cohérence impressionnante malgré les siècles.

Héritage spirituel et symbolique

La pyramide de Pépi II est plus qu’un monument funéraire : c’est un testament spirituel.
Elle marque l’apogée et la fin d’un cycle : celui de la monarchie solaire, où le roi incarnait à la fois Rê et Osiris, la lumière et la régénération.
Après elle, les pyramides royales se feront plus modestes, les provinces s’émanciperont, et l’Égypte entrera dans une ère d’obscurité politique.
Mais dans le désert de Saqqarah, les ruines de Pépi II brillent encore au couchant, rappelant la foi inébranlable d’un peuple dans la résurrection et l’ordre cosmique.
Sous ses pierres effondrées, dort encore la promesse de l’aube éternelle : celle d’un roi qui, après un siècle de règne terrestre, voulut régner pour toujours dans la lumière du ciel.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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