Emplacement :Plateau de Gizeh, au sud des pyramides de Khéops et Khéphren
Date estimée de construction :vers 2530–2510 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Mykérinos (Menkaourê), fils de Khéphren
Type de pyramide :Pyramide à faces lisses
Hauteur :~65 m (62 m aujourd’hui)
Base :~102,2 m × 102,2 m
Particularité :Parement inférieur en granit rose d’Assouan ; trois pyramides annexes de reines ; sarcophage disparu en mer au XIXe siècle
État actuel :Bien conservée ; parement granitique partiellement intact

Mykérinos : le roi de la mesure et de la justice

Mykérinos — Menkaourê — apparaît dans l’histoire comme un roi apprécié, décrit par les Grecs comme juste, doux et paisible.
Succédant à Khéphren, il ferme la triade sacrée des pyramides de Gizeh.
Sa pyramide, plus petite que celles de ses prédécesseurs, n’est pas un signe de faiblesse :
c’est un choix esthétique, une volonté d’harmonie, un retour à une échelle humaine sans renoncer au sacré.
Là où Khéops impressionne par la prouesse, où Khéphren fascine par l’illusion, Mykérinos apaise.

Gizeh : un dernier monument dans un paysage de géants

Construite au sud du plateau, la pyramide de Mykérinos complète la composition grandiose des rois de la IVe dynastie.
L’emplacement semble choisi comme une conclusion visuelle :
un point d’équilibre entre les deux colosses du nord et les nécropoles royales qui s’étendent vers la vallée.
Le monument accueille le visiteur comme un sanctuaire de transition, un seuil entre la puissance monumentale et la douceur rituelle.

A – Entrée
B – Première chambre
C – Antichambre
D – Passage abandonné

E – Chambre funéraire
F – Chambre avec 6 niches
G – G3a
H – G3b

I  – G3c
J  – Mur d’enceinte
K – Temple funéraire
L – Chaussée

Une pyramide plus modeste, mais d’une rare élégance

Avec ses 102 mètres de base et ses 65 mètres de hauteur, la pyramide de Mykérinos est trois fois plus petite que celle de Khéops.
Mais elle compense sa taille par son raffinement :
son parement inférieur, encore visible aujourd’hui, est constitué de granit rose d’Assouan, un matériau noble et durable.
Cette bande granitique donne au monument une présence forte, presque vibrante, contrastant avec le calcaire clair de la partie supérieure aujourd’hui disparue.
Son angle d’inclinaison plus raide (51°20’) renforce l’impression d’élan vertical.

L’intérieur : une sobriété puissante

L’intérieur de la pyramide suit un plan simple mais majestueux :
un couloir descendant,
une antichambre,
puis une chambre funéraire construite en blocs massifs de granit.
C’est dans cette chambre que fut trouvé le sarcophage du roi, magnifiquement sculpté…
et qui fut perdu à jamais lors d’un naufrage en 1838, alors qu’il était transporté vers l’Angleterre.
Ce sarcophage disparu est devenu l’un des symboles les plus poignants de l’archéologie égyptienne : une part d’éternité engloutie sous l’océan.

Les trois pyramides de reines : un royaume familial

Au sud de la pyramide, trois petites pyramides annexes s’alignent comme les constellations d’un même récit :
des monuments destinés aux reines et princesses de Mykérinos.
Elles témoignent d’un complexe funéraire plus intime, plus familial, où les femmes de la cour occupent un rôle central.
Des statues magnifiques, dont certaines représentant Mykérinos accompagné de divinités ou de nome personnifiés, furent retrouvées dans ce secteur.
Elles comptent parmi les œuvres les plus fines de toute la IVe dynastie.

Pyramide G3a

G3a, la plus grande et seule à face lisse, possède une entrée nord surélevée et une chambre creusée sous son centre. Un petit temple Est-Ouest borde son côté Est. Pour Reisner, elle appartenait à Khâmerernebty II, épouse et sœur de Mykérinos.

Pyramide G3b

G3b est une pyramide à degrés. Un sarcophage en granit rose contre le mur Est contenait les os d’une jeune femme inconnue. Un petit temple en brique orienté Nord-Sud se trouve à l’Est. La pyramide aurait appartenu à une épouse de Mykérinos, sans attribution sûre.

Pyramide G3c

G3c est une pyramide à degrés inachevée, tout comme sa chambre au Nord-Ouest, sans trace d’inhumation. Un culte y était toutefois pratiqué dans le petit temple en brique orienté Nord-Sud à l’Est. Elle aurait appartenu à une épouse de Mykérinos, sans attribution claire.

Le temple funéraire : l’équilibre entre tradition et innovation

Le temple de Mykérinos, construit en calcaire mêlé de granit, révèle une esthétique plus sobre que celui de Khéphren, mais d’une grande élégance rituelle.
Il fut partiellement achevé par Shepseskaf, fils du roi, puis agrandi encore plus tard par les souverains de la Ve dynastie.
Cette continuité prouve l’importance de Mykérinos dans la mémoire dynastique :
son culte fut préservé, renforcé et honoré longtemps après sa mort.

Héritage : la force douce du roi de pierre

La pyramide de Mykérinos n’est pas la plus grande, ni la plus haute, ni la plus complexe.
Mais elle possède une présence unique :
une beauté calme, une harmonie de proportions, une élégance que beaucoup de voyageurs trouvent plus touchante que la grandeur de Khéops.
Elle clôt le grand cycle de Gizeh, comme une dernière note tenue après un accord monumental.

Dans le silence du plateau, sa silhouette plus modeste murmure encore :
« La puissance n’est rien sans l’équilibre. »
Mykérinos, le roi juste, repose dans la dernière des grandes pyramides de Gizeh —
un monument qui, plus qu’un tombeau, ressemble à un geste de douceur face à l’éternité.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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