Emplacement :Saqqarah Sud (localisation probable, non confirmée)
Date estimée de construction :vers 2100–2050 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Mérikarê (Xᵉ dynastie, période du Premier Période Intermédiaire)
Type de pyramide :Pyramide à faces lisses (hypothétique, très ruinée)
Hauteur :inconnue (probablement < 50 m)
Base :inconnue (estimation : ~60 m × 60 m)
Particularité :Monument non identifié archéologiquement ; seulement mentionné dans des sources tardives ; considéré comme une des “pyramides fantômes” de Saqqarah
État actuel :Non localisée ; aucune ruine associée de manière certaine au roi Mérikarê

Mérikarê II : le roi au royaume fragmenté

Mérikarê appartient à l’une des périodes les plus obscures et les plus déchirées de l’histoire égyptienne : le Premier Période Intermédiaire.
Les rois d’Héracléopolis, dont il fait partie, règnent sur un pays divisé, où le pouvoir est morcelé entre dynasties rivales, famines, tensions régionales et pertes d’autorité sur les territoires du Sud.
Dans cet univers instable, Mérikarê est souvent décrit — notamment dans la Doctrine pour Mérikarê — comme un souverain réfléchi, presque philosophe, cherchant à maintenir un semblant d’ordre dans le chaos.
Mais son tombeau, lui, demeure une énigme.

À la recherche d’un monument disparu

Aucune pyramide portant son nom n’a été retrouvée.
Pourtant, plusieurs sources suggèrent qu’il aurait été enterré à Saqqarah, dans la continuité symbolique des rois de Memphis, qu’il admirait profondément.
Les fouilles modernes n’ont livré :
– ni sarcophage,
– ni chambres funéraires,
– ni parement identifiable.
Seulement des ruines anonymes, des amas de débris calcaires, des traces de fondations qui pourraient, ou non, appartenir à la pyramide du roi.
Cette absence fait de la pyramide de Mérikarê l’un des grands mystères architecturaux de l’Égypte ancienne.

Pourquoi une pyramide en plein chaos ?

On pourrait se demander pourquoi un roi de cette époque aurait choisi de construire une pyramide, alors que ce type de monument avait décliné depuis la fin de la VIe dynastie.
Mais les textes attribués à Mérikarê révèlent un souverain attaché aux traditions, soucieux de “réparer ce qui a été détruit”, notamment dans les temples.
Dans cette logique, édifier une pyramide — même modeste — aurait été un acte de continuité, presque politique.
Un rappel :
l’ordre peut renaître, même au cœur de la tourmente.

Une pyramide modeste, mais chargée de symbolisme

Si l’on suit les proportions des monuments tardifs de Saqqarah, la pyramide de Mérikarê aurait probablement été :
– de taille moyenne (entre 35 et 50 mètres de hauteur),
– bâtie en calcaire local,
– dotée d’un petit temple funéraire accolé,
– reliée à un temple de vallée par une chaussée simple.
Ce type de construction, typique des derniers rois de l’Ancien Empire, aurait servi de modèle à un souverain cherchant à se légitimer par l’héritage plutôt que par la démesure.

Une tombe qui disparaît… car l’histoire elle-même disparaît

Les guerres entre Héracléopolis et Thèbes provoquèrent la destruction de nombreux monuments.
Les souverains de la XIe dynastie, victorieux, n’avaient aucun intérêt à préserver les tombeaux de leurs adversaires politiques.
Il est donc possible que la pyramide de Mérikarê ait été délibérément détruite, puis réutilisée comme carrière de pierre.
Avec le temps, la forme pyramidale aurait disparu, ne laissant qu’un relief effacé — trop peu distinct pour être identifié avec certitude.

Le testament d’un roi qui voulait rétablir l’ordre

Mérikarê n’est pas célèbre pour ses monuments.
Il l’est pour ses mots.
La Doctrine pour Mérikarê, un texte rédigé probablement par son père ou un proche conseiller, exhorte le jeune roi à gouverner avec justice, intelligence et prudence.
C’est un texte unique dans toute la littérature égyptienne :
un miroir de la fragilité du pouvoir
et de la nécessité d’agir avec sagesse.
Ce document est parfois considéré comme le véritable tombeau du roi — un tombeau de pensées plutôt que de pierre.

Héritage : la pyramide invisible, mais le souvenir intact

La pyramide de Mérikarê II n’est peut-être qu’une silhouette effacée, un chantier oublié, une fondation perdue.
Mais son absence elle-même raconte l’histoire :
celle d’un roi pris dans la tempête,
d’un souverain qui tenta de maintenir l’ordre dans un monde qui s’effondrait,
d’un monument qui se dissipa comme son royaume.

Et pourtant, dans les mots qui nous restent de lui, une autre forme de pierre subsiste :
un monument littéraire, indestructible, qui traverse les dynasties comme un écho.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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