Emplacement :Saqqarah Sud, à proximité immédiate du complexe funéraire de Pépi Ier
Date estimée de construction :vers 2287–2278 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Mérenrê Ier (Nemtyemsaf Ier)
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :environ 52,5 m (100 coudées royales)
Base :environ 78,8 m (150 coudées royales)
Particularité :Contient les Textes des Pyramides gravés dans la chambre funéraire ; l’une des mieux conservées de la VIᵉ dynastie
État actuel :En ruine, mais la structure interne est bien documentée et accessible aux archéologues

Mérenrê Ier : le pharaon du passage

Successeur direct de Pépi Ier, le roi Mérenrê Ier Nemtyemsaf monta sur le trône alors que l’Égypte de l’Ancien Empire entamait déjà son lent déclin. Fils de la reine Ankhesenpépi Ire, il régna moins d’une décennie, mais laissa derrière lui un héritage architectural digne des grands bâtisseurs.
Son nom royal signifie « Aimé de Rê », et tout dans son complexe funéraire traduit cette fidélité solaire. Sa pyramide, érigée à Saqqarah Sud, au sud immédiat de celle de son père, perpétue la lignée royale tout en annonçant la fin d’un âge d’or.

Mérenrê régna à une époque de réformes et d’expéditions. Sous son autorité, le royaume poursuivit les échanges avec la Nubie et les mines du Sinaï, tandis que le haut fonctionnaire Ouni, célèbre pour ses campagnes militaires, servait encore l’administration royale. C’est dans ce contexte d’équilibre fragile entre puissance et effritement que fut construite sa pyramide.

Le site de Saqqarah Sud : entre héritage et transition

Saqqarah Sud, vaste nécropole de l’Ancien Empire, devint sous Pépi Ier et Mérenrê un paysage dynastique. Les pyramides royales, celles des reines et des hauts dignitaires, s’y côtoient dans un silence minéral.
Mérenrê choisit de bâtir son complexe au sud de celui de son père, dans la continuité symbolique du cycle solaire : Pépi, le père, représente le lever du soleil, et Mérenrê, le fils, son zénith.
Les archéologues y ont retrouvé un plan très proche de celui de Pépi Ier : un temple bas relié à un temple haut par une chaussée monumentale, une cour à colonnes, et bien sûr la pyramide principale, cœur du dispositif.

Vestiges de la pyramide de Mérenrê Ier à Saqqarah Sud
Vestiges de la pyramide de Mérenrê Ier à Saqqarah Sud. Photo : Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0). Source : « Pyramid of Merenre, Saqqara, 1990ies.jpg ».

L’architecture de la pyramide : un écho à la perfection solaire

La pyramide de Mérenrê, haute de 52,5 mètres, reprend les proportions classiques de la VIᵉ dynastie, avec une base de 78,8 mètres. Construite en calcaire local, elle était recouverte d’un parement de calcaire blanc de Tourah qui devait briller sous la lumière du désert.
L’entrée, orientée au nord, menait à un couloir descendant et à une chambre funéraire dont les murs étaient ornés des Textes des Pyramides, gravés et peints en bleu sur la pierre.
Ces inscriptions ne sont pas de simples décorations : elles constituent un véritable manuel de transfiguration, décrivant la montée du roi vers les étoiles, sa fusion avec Osiris, et son éternité auprès de Rê.

Plan des appartements souterrains de la pyramide de Mérenrê Ier
Plan des appartements souterrains (couloir, antichambre, chambre funéraire) de la pyramide de Mérenrê Ier. Source : Wikimedia Commons, fichier « Plan-appartements-merenre.jpg » (CC BY-SA).

Les plafonds étoilés, les parois gravées et la disposition des chambres témoignent d’une conception à la fois rituelle et astronomique : tout y est fait pour que le corps du roi devienne un axe entre la terre et le ciel.

Les Textes des Pyramides : un héritage spirituel immortel

Dans la chambre funéraire de Mérenrê, les hiéroglyphes des Textes des Pyramides résonnent comme une prière gravée dans la pierre. Hérités des traditions funéraires de Téti Ier et Pépi Ier, ils poursuivent cette idée d’un roi qui ne meurt jamais, mais se transforme en lumière.
Ces textes décrivent l’ascension du souverain vers le ciel, son intégration parmi les dieux, et sa renaissance quotidienne avec le soleil. Chaque formule est un code symbolique : elle évoque la dissolution du corps, la purification de l’esprit, et l’union avec les forces créatrices de l’univers.

Mérenrê n’est plus seulement un homme : il devient un principe cosmique, un rayon solaire rendu à sa source. La pyramide devient alors un portail alchimique, un athanor de pierre où l’âme s’élève, purifiée et transfigurée.

Les fouilles et découvertes : redonner voix à la pierre

C’est à la fin du XIXᵉ siècle que la pyramide de Mérenrê fut véritablement étudiée, notamment par Gaston Maspero et Gustave Jéquier.
Sous les couches de sable et d’éboulis, ils mirent au jour les couloirs, les chambres internes et les hiéroglyphes d’une finesse remarquable.
Le sarcophage en grauwacke, bien que vide, portait encore les traces d’un culte funéraire actif. Des fragments d’outils, de poteries et d’offrandes témoignent d’un entretien régulier du temple bien après la mort du roi.

Aujourd’hui encore, la pyramide reste l’une des mieux documentées de la VIᵉ dynastie, permettant aux égyptologues de mieux comprendre la transition entre les règnes de Pépi Ier et de Pépi II.

Mérenrê Ier : un roi entre deux mondes

La pyramide de Mérenrê n’est pas seulement une tombe : c’est le symbole d’un passage, à la fois dynastique et spirituel. Elle marque la fin d’un cycle de stabilité et le début d’une période de mutation.
Mérenrê, dans la théologie solaire, incarne la pleine lumière avant le crépuscule. Sa mort prématurée laissa le trône à son jeune fils Pépi II, dont le règne exceptionnellement long précéda l’effondrement de l’Ancien Empire.

Ainsi, la pyramide de Mérenrê se tient à la frontière entre gloire et déclin, entre l’éclat du jour et la nuit qui approche.
Et dans le vent brûlant de Saqqarah, quand le soleil se couche sur les ruines, on croirait encore entendre le souffle d’un roi qui cherche à rejoindre les étoiles — fidèle à son nom : « Aimé de Rê ».

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.

Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

Égypte, Pyramides

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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