Emplacement :Localisation exacte incertaine — probablement Saqqarah Nord ou Abousir
Date estimée de construction :vers 2420 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Menkaouhor (fils de Niouserrê, roi de la Vᵉ dynastie)
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :environ 52 m (100 coudées royales)
Base :environ 78 m (150 coudées royales)
Particularité :Pyramide perdue, identifiée seulement par des inscriptions et des vestiges dispersés
État actuel :Disparue — probablement ruinée ou ensevelie sous le sable entre Abousir et Saqqarah

Menkaouhor : un roi effacé par le désert

Le roi Menkaouhor, ou Menkaouhor Kaiou, règne vers 2420 av. J.-C., au cœur de la Vᵉ dynastie, entre les règnes de Niouserrê et de Djedkarê Isési.
Son nom signifie « Durable est l’esprit de Rê » — une déclaration de fidélité au dieu Soleil, au moment où la monarchie égyptienne est profondément marquée par le culte solaire d’Héliopolis.
Et pourtant, de ce roi solaire, il ne reste presque rien. Sa pyramide, son temple et même sa nécropole semblent avoir été avalés par le désert. Seules quelques statues et inscriptions rappellent qu’il fut un jour le maître des Deux Terres.
Menkaouhor est le pharaon du silence, celui dont le tombeau a disparu, mais dont la mémoire brille encore dans la lumière de Rê.

Le mystère de la pyramide perdue

Les textes anciens mentionnent que Menkaouhor fit construire une pyramide nommée « Netjer Isout Menkaouhor », ce qui signifie « Les lieux divins de Menkaouhor ».
Mais contrairement aux monuments voisins d’Abousir, aucune structure clairement attribuée n’a jamais été retrouvée. Pendant des siècles, les égyptologues ont cherché sa trace : à Abousir, à Saqqarah Nord, voire plus au sud.
Deux hypothèses dominent encore aujourd’hui :

  • Certains pensent que sa pyramide se trouve entre Abousir et Saqqarah, sous un monticule connu localement sous le nom de Pyramide de Rhomboïdale du Nord ou Lehounet el-Rougi, aujourd’hui presque effacée.
  • D’autres la situent plus au nord, près du complexe d’Ouserkaf, premier roi de la Vᵉ dynastie, dont Menkaouhor suivait probablement la lignée spirituelle.

Quelle que soit sa localisation, sa pyramide est aujourd’hui perdue, engloutie sous les sables et les siècles — un tombeau invisible pour un roi oublié.

Une architecture dans la continuité solaire

Si l’on en croit les dimensions estimées par analogie avec celles de ses prédécesseurs, la pyramide de Menkaouhor devait mesurer environ 52 mètres de haut pour 78 mètres de base.
Elle aurait suivi le modèle des grandes pyramides de la Vᵉ dynastie : à faces lisses, avec un cœur en calcaire local et un parement de Tourah.
Un temple funéraire devait se dresser sur sa face est, relié à une chaussée montante menant à un temple bas près du Nil. Des restes de ces structures auraient pu être réutilisés par des constructions postérieures, ce qui expliquerait la disparition totale du complexe.
Ce schéma classique symbolisait toujours la même idée : la pyramide comme montée vers le soleil, l’axe de passage entre la terre des hommes et le royaume céleste de Rê.

Le temple solaire de Menkaouhor : héritage d’Héliopolis

Menkaouhor n’a pas seulement construit une pyramide — il fit également édifier un temple solaire, comme plusieurs rois de la Vᵉ dynastie avant lui.
Ce temple, nommé Akhet-Rê (« L’horizon de Rê »), était dédié au dieu Soleil, cœur spirituel de la dynastie.
Les temples solaires, aujourd’hui presque disparus, étaient ouverts au ciel, sans toit, pour permettre aux rayons du soleil de pénétrer directement jusqu’à l’autel central.
Ils symbolisaient la fusion du roi avec Rê, affirmant que le pharaon, dans sa mort, rejoindrait le disque solaire pour renaître chaque matin.
Cette théologie du Soleil triomphant, chère à Menkaouhor, explique sans doute le nom même de sa pyramide : Les lieux divins, c’est-à-dire le temple éternel de lumière où réside son esprit.

Les indices archéologiques : fragments d’un monde effacé

Malgré la disparition du monument, quelques indices matériels permettent de retracer le souvenir de Menkaouhor.
Des fragments d’inscriptions portant son nom ont été retrouvés à Abousir et à Saqqarah, notamment dans des tombes de dignitaires qui se disaient « prêtres du roi Menkaouhor ».
Une statue en diorite découverte à Memphis représente le roi avec le némès royal et le regard tourné vers l’horizon — peut-être un écho à la lumière de son temple solaire.
Ces pièces isolées, conservées aujourd’hui au Musée du Caire, constituent tout ce qui reste de son règne. Et pourtant, elles suffisent à prouver qu’il fut bien un roi bâtisseur et pieux, continuateur des traditions de ses ancêtres.

Héritage et symbolique : un roi effacé, mais solaire

La pyramide perdue de Menkaouhor symbolise à elle seule la fragilité du souvenir royal. En moins d’un siècle, les monuments gigantesques des rois d’Abousir laissent place à un tombeau dont il ne subsiste que le nom.
Mais cette disparition n’est pas une fin. Dans la théologie égyptienne, la lumière de Rê renaît chaque jour, même quand le monde semble plongé dans l’ombre. Ainsi, la pyramide invisible de Menkaouhor n’est pas un échec : c’est une métaphore du cycle solaire, où le roi rejoint le dieu dans l’invisible.
Son absence physique renforce presque sa portée symbolique : là où la pierre a disparu, le mythe demeure.
Car dans le désert, les monuments tombent, mais la foi en la lumière — elle — ne s’effondre jamais.

Et quelque part sous les sables de Saqqarah, peut-être que la pyramide de Menkaouhor, ensevelie mais intacte, attend encore que l’aube la réveille, pour que son roi retrouve enfin le Soleil qu’il n’a jamais cessé de servir.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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