| Emplacement : | Dahchour, à l’est de la Pyramide Rouge de Snéfrou |
| Date estimée de construction : | Ancien Empire (probablement IVe dynastie) |
| Personne à qui elle est destinée : | Inconnue (aucune inscription retrouvée) |
| Type : | Pyramide à faces lisses (inachevée) |
| Hauteur : | inconnue (structure jamais complétée) |
| Base : | ~50 m (estimation selon les vestiges) |
| Particularité : | Projet abandonné très tôt ; unique pyramide inachevée de Dahchour construite majoritairement en briques crues |
| État actuel : | Extrêmement ruinée ; seulement des rampes, fondations et blocs dispersés sont visibles |
Une pyramide oubliée sur les terres de Snéfrou
La pyramide Lepsius 50, répertoriée par Karl Richard Lepsius au XIXe siècle, est l’un des monuments les plus déconcertants de Dahchour.
Située non loin des pyramides majeures de Snéfrou — la Rhomboïdale et la Rouge — elle apparaît comme une anomalie : une pyramide petite, inachevée, construite avec des matériaux modestes, dans un site réservé aux plus prestigieuses réalisations de l’Ancien Empire.
Sa présence pose une question simple mais essentielle : qui a voulu construire une pyramide ici, et pourquoi l’a-t-on abandonnée ?
Dahchour : le royaume des grandes pyramides
Dahchour est l’un des sites les plus sacrés de l’Égypte, cœur architectural de la IVe dynastie.
C’est là que Snéfrou a expérimenté la forme pyramidale parfaite, donnant naissance aux premières pyramides à faces lisses achevées.
Que vient faire, dans cet environnement prestigieux, un modeste chantier de pyramide ?
Trois hypothèses existent :
– un projet secondaire d’un pharaon de la IVe dynastie,
– une tombe destinée à un prince royal ou un haut dignitaire,
– un chantier abandonné à l’aube de la Ve dynastie avant d’avoir réellement débuté.
Un monument inachevé : un chantier arrêté au premier stade
La particularité majeure de Lepsius 50 est sa non-construction :
le projet semble avoir été abandonné presque immédiatement après le début du chantier.
Les vestiges visibles comprennent :
– une plate-forme de fondation,
– une rampe de briques crues,
– des alignements de blocs indiquant une base d’environ 50 m,
– quelques restes de calcaire grossier.
Aucun noyau pyramidal n’a été élevé : on n’en observe que les amorces.
Le monument n’est donc pas une pyramide effondrée, mais une pyramide jamais construite.
Matériaux et techniques : un indice d’identification
L’usage massif de briques crues — très inhabituel pour l’Ancien Empire — et la qualité moyenne des fondations suggèrent :
– un statut inférieur par rapport aux monuments royaux,
– un projet peut-être confié à un architecte secondaire,
– un pharaon souhaitant initier un chantier rapidement mais manquant de ressources.
La faible taille du projet, comparée aux gigantesques constructions de Snéfrou ou de Khéops, fait penser à une tombe princière, voire à une tentative d’implantation funéraire abandonnée au profit d’un autre lieu.
Une pyramide sans propriétaire
Aucune inscription, aucun sceau, aucun ostracon n’a été retrouvé dans Lepsius 50.
Le monument demeure sans nom, sans visage, sans dynastie confirmée.
Les spécialistes attribuent néanmoins le chantier à une période située entre :
– la fin de la IVe dynastie,
– et le tout début de la Ve dynastie.
Le style de construction, la position stratigraphique et la topographie générale renforcent cette datation.
Pourquoi avoir abandonné la pyramide ?
L’abandon précoce du chantier reste l’un des grands mystères de Lepsius 50.
Plusieurs scénarios sont envisagés :
– la mort prématurée du commanditaire,
– une crise politique à la transition IVe–Ve dynastie,
– un déplacement du projet funéraire vers un site plus prestigieux,
– un problème de structure ou d’approvisionnement,
– ou simplement l’échec d’un projet expérimental qui n’a jamais été rattrapé.
Ce caractère inachevé est ce qui distingue Lepsius 50 de tous les autres monuments de Dahchour.
Un témoin silencieux de la fragilité des projets royaux
Aujourd’hui, Lepsius 50 n’est plus qu’un relief discret sous le sable.
Mais sa ruine nous rappelle que l’Égypte n’a pas construit que des chefs-d’œuvre :
elle a aussi connu des projets avortés, des ambitions interrompues, des chantiers abandonnés.
Lepsius 50 est l’un de ces échos, un fragment d’histoire où la monumentalité se heurte à la réalité humaine.
Une pyramide invisible, mais précieuse pour l’histoire
Même modeste, Lepsius 50 apporte un éclairage essentiel :
– sur les pratiques architecturales des périodes charnières,
– sur les stratégies funéraires royales et princières,
– sur les difficultés rencontrées dans les grands chantiers de l’Ancien Empire.
Ce n’est pas un monument glorieux, mais un vestige sincère, révélateur des hésitations de la machine royale.
Dans l’ombre des géantes pyramides de Dahchour, on distingue encore la trace effacée d’un rêve avorté : Lepsius 50, la pyramide qui ne naquit jamais.
Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.
Institutions et revues francophones
Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
- Site officiel :
https://www.ifao.egnet.net/ ifao.egnet.net+1 - Catalogue des publications (monographies, MIFAO, BIFAO, etc.) :
https://www.ifao.egnet.net/publications/catalogue/ ifao.egnet.net
Bulletin de l’IFAO (BIFAO)
- Présentation de la revue sur OpenEdition (accès à certains articles) :
https://journals.openedition.org/bifao/ OpenEdition Journals - Collection BIFAO sur Persée :
https://www.persee.fr/collection/bifao Persée
Département des Antiquités égyptiennes du Louvre
- Page officielle du département :
https://www.louvre.fr/recherche-et-conservation/departement-des-antiquites-egyptiennes Le Louvre - Ressources pédagogiques « Antiquités égyptiennes » :
https://www.louvre.fr/se-former-et-transmettre/trouver-des-ressources/antiquites-egyptiennes Le Louvre
Revue Égypte, Afrique & Orient
- Site officiel de la revue :
https://www.revue-egypte.org/ Revue Égypte Afrique & Orient - Présentation de la revue (fiche descriptive) :
https://ancienegypte.fr/albums_livres/afrique_orient.htm ancienegypte.fr
Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)
- Site de l’Association périgourdine d’égyptologie KEMET :
https://kemet24.jimdofree.com/ Site de kemet24 !
Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)
Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)
- Fiche livre chez Fayard :
https://www.fayard.fr/livre/histoire-de-legypte-ancienne-9782213021911/ Fayard+1
Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge
(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)
- Fiche chez Actes Sud :
https://actes-sud.fr/catalogue/histoire/les-papyrus-de-la-mer-rouge Actes Sud - Fiche chez Place des Libraires (détail + résumé) :
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782877729758-les-papyrus-de-la-mer-rouge-et-la-construction-des-pyramides-mark-lehner-pierre-tallet/ Place des Libraires
Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)
- Article de Pierre Tallet, « Les papyrus de la mer Rouge (ouadi el-Jarf, golfe de Suez) », CRAI 2013 :
https://www.academia.edu/9644107/_Les_papyrus_de_la_mer_Rouge_ouadi_el_Jarf_golfe_de_Suez_CRAI_2013_p_1015_1024 Academia
Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte
- Fiche éditeur Infolio :
https://www.infolio.ch/livre/au-coeur-dune-pyramide-une-mission-archeologique-en-egypte/ Infolio
I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)
- Fiche de l’édition française (notice détaillée) :
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2253058637/les-pyramides-d-egypte-i-e-s-edwards Chasse aux Livres




