| Emplacement : | Gizeh, entre les complexes de Khéphren et Mykérinos |
| Date estimée de construction : | vers 2490–2470 av. J.-C. |
| Personne à qui elle est destinée : | Khentkaous I, reine-mère et figure royale majeure de la fin de la IVe dynastie |
| Type de pyramide : | Mastaba monumental à deux niveaux (pyramide-mastaba) |
| Hauteur : | ~10 m (restant) |
| Base : | ~45 m × 45 m |
| Particularité : | Titre unique : “Mère de deux rois de Haute et Basse-Égypte” ; monument hybride entre pyramide et mastaba ; traces d’un véritable « palais funéraire » |
| État actuel : | Ruiné mais identifiable ; chapelle funéraire et enceinte encore visibles |
Khentkaous I : une reine au titre impossible
Khentkaous I est l’une des femmes les plus mystérieuses de l’Ancien Empire.
Reine-mère, épouse royale, peut-être régente… ou même co-souveraine aux côtés d’un roi encore enfant.
Son titre, gravé en hiéroglyphes sur son monument, a fasciné des générations d’égyptologues :
« Mère de deux rois de Haute et Basse-Égypte »
Mais certains lisent ce titre autrement :
« Roi et mère de roi »
Une interprétation explosive, qui ferait d’elle l’une des rares femmes ayant exercé un pouvoir royal complet avant Hatchepsout.
Son monument reflète cette ambiguïté : une pyramide qui n’en est pas tout à fait une, un mastaba qui dépasse sa propre forme.
Un monument placé entre les géants
Au cœur du plateau de Gizeh, la pyramide-mastaba de Khentkaous I occupe un emplacement stratégique.
Elle se trouve :
– sur un promontoire naturel,
– entre les complexes de Khéphren et de Mykérinos,
– à la lisière des grandes nécropoles d’élite.
Ce positionnement n’est pas anodin :
Khentkaous n’est pas n’importe quelle reine — elle se place dans l’écho direct des rois géants, comme une présence charnière entre deux dynasties.

A – Couloir descendant
B – Antichambre
C – Chambre funéraire
D – Temple funéraire
E – Chaussée
Une structure hybride : ni pyramide, ni mastaba… mais les deux
Le monument de Khentkaous I est un mastaba monumental à deux niveaux, en forme de gradins.
Sa silhouette rappelle un trône ou un siège, ce qui renforce l’interprétation d’un pouvoir royal féminin.
Les deux niveaux symbolisent peut-être :
– la royauté terrestre,
– la royauté céleste,
ou encore
– la double couronne de Haute et Basse-Égypte, que son titre évoque de façon explicite.
Bien que la structure ne soit pas une pyramide classique, sa forme monumentale et son orientation l’intègrent pleinement dans les traditions funéraires royales.

La chapelle funéraire : un cœur ritualisé
La chapelle funéraire, adossée au monument, révèle :
– une salle d’offrandes,
– des niches pour les statues,
– un espace dédié au culte de la reine,
– des traces de peintures et d’inscriptions effacées par le temps.
Ce culte a fonctionné longtemps, signe qu’elle occupait une place essentielle dans la transition entre la IVe et la Ve dynastie.
Le village funéraire : un palais pour les morts
Autour du monument se trouve ce que les archéologues appellent le village funéraire de Khentkaous I.
Ce complexe comprend :
– des maisons de prêtres,
– des ateliers,
– des bâtiments administratifs,
– des magasins d’offrandes.
Cela montre que Khentkaous avait un culte funéraire autonome, avec une administration entière dédiée à son service.
Fait exceptionnel pour une reine — preuve d’un statut équivalent à celui d’un roi.
Les indices d’un pouvoir royal
Plusieurs éléments suggèrent que Khentkaous I a joué un rôle politique majeur :
– son titre ambigu,
– l’échelle monumentale de son tombeau,
– son propre village funéraire,
– l’iconographie royale présente sur son enceinte,
– sa position dans le paysage de Gizeh.
Elle pourrait avoir assuré la transition entre Mykérinos et les premiers rois de la Ve dynastie, dont elle serait la mère.
Une femme au cœur d’un changement dynastique — une situation rare, mais pas impossible.
Héritage : la reine qui se grava dans la pierre des rois
La pyramide-mastaba de Khentkaous I est un monument de transition, de pouvoir, de silence et d’ambition.
Elle incarne l’un des moments les plus délicats de l’histoire royale : la transmission du trône entre deux lignées.
Dans ce contexte fragile, Khentkaous se dresse comme une figure pivot, peut-être souveraine à part entière.
Aujourd’hui, son monument ruiné garde encore une forme de noblesse brute.
Il ne rivalise pas avec Khéops, Khéphren ou Mykérinos par la taille,
mais par le mystère et l’importance historique, il les égale.
Au sommet de son mastaba, le vent du désert semble chuchoter :
« J’ai enfanté des rois, et peut-être… j’en fus un moi-même. »
Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.
Institutions et revues francophones
Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
- Site officiel :
https://www.ifao.egnet.net/ ifao.egnet.net+1 - Catalogue des publications (monographies, MIFAO, BIFAO, etc.) :
https://www.ifao.egnet.net/publications/catalogue/ ifao.egnet.net
Bulletin de l’IFAO (BIFAO)
- Présentation de la revue sur OpenEdition (accès à certains articles) :
https://journals.openedition.org/bifao/ OpenEdition Journals - Collection BIFAO sur Persée :
https://www.persee.fr/collection/bifao Persée
Département des Antiquités égyptiennes du Louvre
- Page officielle du département :
https://www.louvre.fr/recherche-et-conservation/departement-des-antiquites-egyptiennes Le Louvre - Ressources pédagogiques « Antiquités égyptiennes » :
https://www.louvre.fr/se-former-et-transmettre/trouver-des-ressources/antiquites-egyptiennes Le Louvre
Revue Égypte, Afrique & Orient
- Site officiel de la revue :
https://www.revue-egypte.org/ Revue Égypte Afrique & Orient - Présentation de la revue (fiche descriptive) :
https://ancienegypte.fr/albums_livres/afrique_orient.htm ancienegypte.fr
Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)
- Site de l’Association périgourdine d’égyptologie KEMET :
https://kemet24.jimdofree.com/ Site de kemet24 !
Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)
Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)
- Fiche livre chez Fayard :
https://www.fayard.fr/livre/histoire-de-legypte-ancienne-9782213021911/ Fayard+1
Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge
(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)
- Fiche chez Actes Sud :
https://actes-sud.fr/catalogue/histoire/les-papyrus-de-la-mer-rouge Actes Sud - Fiche chez Place des Libraires (détail + résumé) :
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782877729758-les-papyrus-de-la-mer-rouge-et-la-construction-des-pyramides-mark-lehner-pierre-tallet/ Place des Libraires
Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)
- Article de Pierre Tallet, « Les papyrus de la mer Rouge (ouadi el-Jarf, golfe de Suez) », CRAI 2013 :
https://www.academia.edu/9644107/_Les_papyrus_de_la_mer_Rouge_ouadi_el_Jarf_golfe_de_Suez_CRAI_2013_p_1015_1024 Academia
Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte
- Fiche éditeur Infolio :
https://www.infolio.ch/livre/au-coeur-dune-pyramide-une-mission-archeologique-en-egypte/ Infolio
I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)
- Fiche de l’édition française (notice détaillée) :
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2253058637/les-pyramides-d-egypte-i-e-s-edwards Chasse aux Livres



