| Emplacement : | Saqqarah Sud, près de la pyramide de Pépi II |
| Date estimée de construction : | vers 2170 av. J.-C. |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Qakarê Ibi, roi de la VIIIᵉ dynastie |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | environ 21 m (40 coudées royales) |
| Base : | environ 31,5 m (60 coudées royales) |
| Particularité : | Dernière pyramide royale connue construite à Saqqarah, avec des Textes des Pyramides gravés dans la chambre funéraire |
| État actuel : | Très ruinée, seuls les soubassements et le plan interne subsistent |
Qakarê Ibi : un roi dans l’ombre du déclin
La pyramide de Qakarê Ibi est celle d’un pharaon dont le nom résonne comme un écho lointain dans les sables du temps. Souverain de la VIIIᵉ dynastie, Qakarê régna à une époque troublée, marquée par l’effondrement progressif du pouvoir central et la montée des seigneurs provinciaux.
Nous sommes à la fin de l’Ancien Empire, vers 2170 av. J.-C., dans une Égypte affaiblie par la crise politique et la famine. Les monuments royaux perdent leur splendeur, les ressources s’amenuisent, et le prestige du trône vacille.
Et pourtant, au milieu de ce chaos, Qakarê Ibi choisit de bâtir — encore une fois — une pyramide. Modeste, fragile, mais réelle. Un ultime témoignage de la foi pharaonique dans l’ordre cosmique et la vie éternelle.
Saqqarah : le cimetière des derniers rois
C’est à Saqqarah Sud, dans la nécropole des grands souverains de la VIᵉ dynastie, que Qakarê Ibi fit ériger son monument. Ce choix n’a rien d’anodin : il marque la volonté du roi de se rattacher à la lignée prestigieuse de Téti Ier, Pépi Ier et Pépi II.
Mais à cette époque, la gloire architecturale de Saqqarah n’est plus qu’un souvenir. Les chantiers royaux manquent de main-d’œuvre et de pierre de qualité. Les architectes, pourtant fidèles à la tradition, doivent improviser avec des matériaux pauvres et des volumes réduits.
La pyramide de Qakarê Ibi s’élève ainsi sur un modeste tertre de calcaire, presque miniature comparée à celles de ses ancêtres. Et pourtant, elle conserve la même symbolique : celle du mont sacré, pilier entre le ciel et la terre, porte de la résurrection.
Une architecture simplifiée, reflet d’une époque en déclin
La pyramide du roi Qakarê Ibi mesure environ 31,5 mètres de base pour 21 mètres de hauteur. C’est une version réduite du modèle classique : un cœur en pierres locales, autrefois revêtu d’un parement de calcaire blanc, aujourd’hui entièrement disparu.
L’entrée, située sur la face nord, conduit à un couloir incliné qui mène à la chambre funéraire. On y retrouve, à petite échelle, la structure traditionnelle : un vestibule, une antichambre, et une chambre sépulcrale avec un sarcophage en calcaire.
Le plafond de la chambre, décoré de grandes étoiles peintes en bleu, représente le ciel nocturne vers lequel l’âme du roi devait s’élever.
Malgré la modestie du monument, le symbolisme demeure intact : la pierre parle encore le langage du cosmos, même quand l’empire s’effondre.

Les Textes des Pyramides : une foi persistante dans la lumière
Fait remarquable, la pyramide de Qakarê Ibi contient encore des Textes des Pyramides — preuve que, même dans la pauvreté, la spiritualité des anciens rois ne s’était pas éteinte.
Ces textes, gravés sur les murs de la chambre funéraire, reprennent certaines formules présentes dans les pyramides de Pépi Ier et de Mérenrê. Ils évoquent l’ascension du roi vers le ciel, sa transformation en étoile et son union avec Osiris.
On y lit des passages d’une poésie saisissante : « Ô Ibi, tu t’élèves dans le ciel comme le faucon d’or, ton âme vit dans le disque du soleil, et ton cœur demeure à jamais dans la lumière. »
Ce mélange de ferveur et de désespoir donne à cette pyramide une force poignante : c’est la voix d’un roi qui prie, seul, dans un monde qui s’écroule autour de lui.

Les fouilles de Gustave Jéquier : un tombeau ressuscité
La pyramide fut fouillée au début du XXᵉ siècle par Gustave Jéquier, égyptologue suisse, qui mit au jour les restes de la chambre funéraire et les fragments d’inscriptions hiéroglyphiques.
Les textes, quoique abîmés, purent être déchiffrés et attribués sans équivoque à Qakarê Ibi. Jéquier y reconnut le style caractéristique de la fin de l’Ancien Empire : gravures moins profondes, lignes irrégulières, mais toujours chargées d’un sens religieux profond.
Il découvrit également des morceaux de sarcophage, des vases d’offrandes et des outils funéraires, confirmant que la sépulture fut bien utilisée et non symbolique.
Grâce à ces travaux, la pyramide d’Ibi devint le dernier témoin archéologique d’une lignée qui s’éteint.
Héritage spirituel : la fin d’un monde, la persistance du divin
La pyramide de Qakarê Ibi n’est pas un monument de gloire, mais de foi. Elle témoigne d’un temps où les rois, privés de moyens, s’accrochaient encore aux rituels du ciel, convaincus que la pierre pouvait conjurer la fin d’un monde.
C’est la dernière pyramide royale de Saqqarah, ultime flamme d’une tradition millénaire. Après Ibi, l’Égypte entre dans la Première Période intermédiaire, marquée par la fragmentation du pouvoir et la disparition des grandes nécropoles royales.
Et pourtant, à travers les ruines de cette petite pyramide, c’est tout l’esprit de l’Ancien Empire qui subsiste : la certitude que l’âme peut vaincre la mort, que la lumière du soleil renaît chaque matin, et que le pharaon, même oublié, continue de briller parmi les étoiles.
Dans le silence de Saqqarah, entre les tombes des géants et les pierres effritées, la pyramide de Qakarê Ibi murmure encore la dernière prière des rois :
« Que la lumière ne s’éteigne jamais. »
Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.
Institutions et revues francophones
Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
- Site officiel :
https://www.ifao.egnet.net/ ifao.egnet.net+1 - Catalogue des publications (monographies, MIFAO, BIFAO, etc.) :
https://www.ifao.egnet.net/publications/catalogue/ ifao.egnet.net
Bulletin de l’IFAO (BIFAO)
- Présentation de la revue sur OpenEdition (accès à certains articles) :
https://journals.openedition.org/bifao/ OpenEdition Journals - Collection BIFAO sur Persée :
https://www.persee.fr/collection/bifao Persée
Département des Antiquités égyptiennes du Louvre
- Page officielle du département :
https://www.louvre.fr/recherche-et-conservation/departement-des-antiquites-egyptiennes Le Louvre - Ressources pédagogiques « Antiquités égyptiennes » :
https://www.louvre.fr/se-former-et-transmettre/trouver-des-ressources/antiquites-egyptiennes Le Louvre
Revue Égypte, Afrique & Orient
- Site officiel de la revue :
https://www.revue-egypte.org/ Revue Égypte Afrique & Orient - Présentation de la revue (fiche descriptive) :
https://ancienegypte.fr/albums_livres/afrique_orient.htm ancienegypte.fr
Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)
- Site de l’Association périgourdine d’égyptologie KEMET :
https://kemet24.jimdofree.com/ Site de kemet24 !
Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)
Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)
- Fiche livre chez Fayard :
https://www.fayard.fr/livre/histoire-de-legypte-ancienne-9782213021911/ Fayard+1
Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge
(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)
- Fiche chez Actes Sud :
https://actes-sud.fr/catalogue/histoire/les-papyrus-de-la-mer-rouge Actes Sud - Fiche chez Place des Libraires (détail + résumé) :
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782877729758-les-papyrus-de-la-mer-rouge-et-la-construction-des-pyramides-mark-lehner-pierre-tallet/ Place des Libraires
Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)
- Article de Pierre Tallet, « Les papyrus de la mer Rouge (ouadi el-Jarf, golfe de Suez) », CRAI 2013 :
https://www.academia.edu/9644107/_Les_papyrus_de_la_mer_Rouge_ouadi_el_Jarf_golfe_de_Suez_CRAI_2013_p_1015_1024 Academia
Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte
- Fiche éditeur Infolio :
https://www.infolio.ch/livre/au-coeur-dune-pyramide-une-mission-archeologique-en-egypte/ Infolio
I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)
- Fiche de l’édition française (notice détaillée) :
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2253058637/les-pyramides-d-egypte-i-e-s-edwards Chasse aux Livres



