Emplacement :Saqqarah, nécropole de Memphis
Date estimée de construction :vers 2667–2648 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Djoser (IIIe dynastie)
Type de pyramide :Pyramide à degrés (première de l’histoire)
Hauteur :62 m
Base :121 m × 109 m
Particularité :Première pyramide monumentale d’Égypte ; premier complexe funéraire complet en pierre taillée ; œuvre de l’architecte Imhotep
État actuel :Très bien conservée ; restaurée récemment ; symbole fondateur de l’architecture pharaonique

Djoser : le roi qui posa la première pierre de l’immortalité

Le nom de Djoser évoque un tournant dans l’histoire du monde.
Sous ce souverain de la IIIe dynastie, quelque chose d’inédit s’est produit :
la pierre, jusque-là réservée aux éléments symboliques, devint un matériau monumental.
Et cet élan de création, cet acte fondateur, nous le devons autant au roi qu’à son génial vizir et architecte, Imhotep, dont la légende traversa les millénaires.
Le complexe funéraire de Djoser n’est pas seulement un tombeau : c’est la naissance de l’architecture pharaonique, la première tentative humaine de sculpter l’éternité.

Saqqarah : le berceau de l’Ancien Empire

Perchée sur le plateau de Saqqarah, la pyramide de Djoser domine la vaste nécropole de Memphis.
Avant elle, les rois étaient enterrés dans des mastabas rectangulaires en briques crues.
Mais Imhotep eut une idée révolutionnaire :
superposer les mastabas pour créer une forme ascendante, un escalier de pierre vers le ciel.
Le résultat est une pyramide à six degrés, une silhouette archaïque mais majestueuse qui surplombe encore aujourd’hui les dunes ondulantes du désert.
Autour d’elle, un immense complexe rituel s’étend :
– un mur d’enceinte haut de 10 mètres,
– des cours cérémonielles,
– des chapelles factices en pierre,
– des colonnades,
– un temple funéraire,
– des portiques sculptés.
L’ensemble forme la première “ville funéraire” complète de l’histoire.

Le mur aux cobras de la cour sud.

Une architecture pionnière : la première pyramide de l’humanité

La pyramide mesure 62 mètres de haut, une prouesse pour une époque où la pierre n’était jamais utilisée à cette échelle.
Sa base rectangulaire, 121 × 109 mètres, révèle déjà une maîtrise géométrique impressionnante.
Le noyau interne est constitué de mastabas superposés, chacun légèrement plus petit que le précédent.
Le parement extérieur, composé de blocs de calcaire, formait un escalier monumental montant vers les étoiles.
Pour la première fois, un pharaon affirmait par l’architecture son aspiration à rejoindre le monde divin :
la pyramide devenait un pont entre la terre et le ciel.

Le complexe funéraire : la scénographie d’une résurrection

Ce n’est pas tant la pyramide elle-même, mais tout ce qui l’entoure qui fait du complexe de Djoser un chef-d’œuvre absolu.
On y trouve notamment :
la Cour Heb-Sed, où le roi célébrait symboliquement son rajeunissement rituel,
– des temples et chapelles symboliques, imitant l’architecture en bois mais sculptés en pierre,
– des colonnades cannelées, premières colonnes monumentales d’Égypte,
– un temple funéraire au nord, lié au culte posthume du roi,
– de faux bâtiments qui servaient uniquement au rituel, jamais à l’usage humain.
Tout le complexe est pensé comme un théâtre sacré où se rejoue l’éternel cycle de mort et de renaissance.

Plan de la nécropole.

La chambre funéraire : un monde sous la terre

Sous la pyramide s’étend un réseau labyrinthique de galeries totalisant près de 6 kilomètres.
La chambre funéraire, profondément enfouie, était construite en granit et protégée par d’énormes blocs scellés.
Les parois de certaines galeries étaient décorées de faïences bleues, imitant les palais royaux : une évocation du ciel dans lequel le roi devait renaitre.
Les fouilles y ont révélé :
– des restes de mobilier,
– des jarres d’albâtre,
– des fragments de sarcophages,
– et surtout une architecture souterraine d’une sophistication inattendue pour cette époque.

Imhotep : l’homme qui devint dieu

Impossible d’évoquer ce monument sans mentionner Imhotep, le vizir, architecte, prêtre et médecin qui en fut le concepteur.
Des siècles plus tard, il sera divinisé comme dieu de la sagesse, de la médecine et de l’architecture.
Dans son œuvre pour Djoser, on voit :
– l’intuition des grands bâtisseurs,
– la maîtrise des proportions,
– la vision cosmique,
– l’invention d’un nouveau langage architectural.
Il n’existe aucun monument antérieur à celui-ci qui puisse rivaliser avec son audace.

Une restauration qui redonne vie à un chef-d’œuvre

Au début du XXIe siècle, des travaux de consolidation ont permis de sauver la pyramide, menacée d’effondrement.
Aujourd’hui, Djoser se tient à nouveau droit, fier, sous la lumière blanche du désert.
Son profil en gradins, archaïque et sublime, raconte l’aube de l’Ancien Empire, l’aube de l’architecture monumentale, l’aube de la royauté divine.

Héritage : la première marche vers les étoiles

La pyramide de Djoser n’est pas simplement un monument :
c’est l’acte fondateur de toute l’histoire pyramidale.
Sans elle, pas de Meïdoum, pas de Dahchour, pas de Gizeh.
Elle est la matrice, la racine, la première expression d’un rêve titanesque :
construire l’éternité.

Sous le soleil de Saqqarah, on entend encore l’écho de cette première ambition sacrée :
Djoser, le roi qui donna une forme au ciel.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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