Emplacement :Abou Rawash, au nord du plateau de Gizeh
Date estimée de construction :vers 2560–2550 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Djédefrê (Djedefrê), fils de Khéops, IIIe roi de la IVe dynastie
Type de pyramide :Pyramide à faces lisses (extrêmement ruinée)
Hauteur :~67 m (à l’origine)
Base :~106 m × 106 m
Particularité :Première pyramide royale associée clairement au culte solaire de Rê ; construction en hauteur sur un plateau dominant le désert
État actuel :Très ruinée ; noyau presque entièrement détruit ; fondations et rampes encore perceptibles

Djédefrê : le prince qui choisit un autre désert

Djédefrê, fils de Khéops et troisième souverain de la IVe dynastie, est un roi à part.
Contrairement à son père et à son frère Khéphren, il n’a pas choisi Gizeh pour son tombeau.
Il s’est tourné vers Abou Rawash, un plateau escarpé situé bien plus au nord, comme s’il avait voulu s’éloigner du cœur monumental de sa lignée pour inscrire sa propre vision du pouvoir.
Ce choix audacieux marque Djédefrê comme un souverain à la fois indépendant et profondément marqué par l’essor du culte solaire.

Abou Rawash : une nécropole tournée vers le ciel

La pyramide de Djédefrê s’élève — ou plutôt s’élevait — sur une crête rocheuse dominant le désert.
Ce site possède une aura particulière :
– un horizon ouvert,
– une altitude supérieure à celle du plateau de Gizeh,
– une visibilité exceptionnelle,
– un isolement presque rituel.
En choisissant Abou Rawash, Djédefrê cherche peut-être à affirmer un lien plus direct avec , le dieu solaire, dont l’influence grandit considérablement à cette époque.
C’est ici qu’il érigea un tombeau qui devait rivaliser avec ceux de sa lignée… mais qui fut très tôt ravagé.

A – Pyramide
B – Puits
C – Chaussée
D – Mur d’enceinte
E – Pyramide satellite
F – Fosse à barque solaire
G – Temple funéraire

Une pyramide solaire aujourd’hui en ruine

À son apogée, la pyramide atteignait environ 67 mètres, avec une base classique de 106 mètres de côté.
Sa superstructure suivait les règles de la pyramide parfaite, héritée de Snéfrou et de Khéops.
Mais Djédefrê innova :
une grande rampe d’accès monumentale menait à un temple funéraire étendu, associé à une iconographie solaire marquée.
Aujourd’hui, la pyramide n’est presque plus visible :
– les blocs du parement ont été intégralement extraits à l’Antiquité,
– le noyau interne a été entièrement démonté,
– seuls subsistent les tranchées, les fosses et les niveaux de fondation.
La destruction est telle qu’Abou Rawash fut longtemps considéré comme “la pyramide la plus ruinée d’Égypte”.

Une architecture sacrée dédiée à Rê

Djédefrê est le premier roi connu à porter le titre Sa-Rê, “Fils de Rê”.
Son complexe funéraire reflète cette nouvelle théologie :
– alignement orienté vers le soleil,
– symbolique accentuée du cycle solaire,
– statues colossales du roi comme intermédiaire divin.
Les fouilles ont révélé des fragments de statues monumentales en quartzite rouge, dont un visage célèbre, aujourd’hui brisé, qui reste l’un des portraits les plus saisissants de la IVe dynastie.

Ce lien avec Rê explique peut-être pourquoi Djédefrê s’est éloigné de Gizeh :
sa pyramide n’est pas seulement un tombeau, mais un sanctuaire solaire, un pivot entre la terre et l’astre divin.

Un complexe funéraire riche en découvertes

Malgré la destruction de la pyramide, le site a révélé :
– un vaste temple funéraire,
– un temple de vallée aujourd’hui disparu,
– une rampe monumentale,
– des statues royales fragmentées,
– des fosses circulaires pouvant accueillir des barques solaires.
Ces éléments montrent que Djédefrê n’a pas bâti un monument secondaire, mais au contraire un complexe ambitieux, conçu pour rivaliser avec Gizeh tout en le dépassant symboliquement.

Chambre du sarcophage
Entrée du couloir descendant

Un destin brisé, un règne encore discuté

Djédefrê régna une dizaine d’années.
Son héritage est brouillé :
– certains textes semblent indiquer des tensions familiales,
– son éloignement de Gizeh fit naître des légendes,
– sa pyramide fut méthodiquement démontée dès l’Antiquité.
Mais cette destruction pourrait avoir une raison plus pratique que politique :
les blocs d’Abou Rawash furent réutilisés dans des constructions voisines pendant des siècles.

Héritage : le roi qui voulut illuminer l’horizon

La pyramide de Djédefrê est aujourd’hui méconnaissable, presque effacée.
Pourtant, son projet fut immense, spirituel, audacieux.
Il ne cherchait pas à rivaliser avec Khéops par la taille, mais par la symbolique — en érigeant un monument qui plaçait le roi au plus près du soleil.
Elle reste un jalon essentiel entre les pyramides de Gizeh et les futurs temples solaires de la Ve dynastie.

Dans le vent brûlant d’Abou Rawash, les fondations de Djédefrê murmurent encore :
“Je suis le fils de Rê… et je voulais atteindre sa lumière.”

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.


Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

Étiqueté dans :

À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

Voir tous les articles