Emplacement :Abousir, entre Saqqarah et Gizeh
Date estimée de construction :vers 2480 av. J.-C.
Pharaon à qui il est destiné :Sahourê, deuxième roi de la Ve dynastie
Type de monument :Pyramide à faces lisses + vaste complexe funéraire
Hauteur :~47 m
Base :~78,8 m × 78,8 m
Particularité :Reliefs exceptionnels, art innovant, premier grand complexe abouti de la Ve dynastie
État actuel :Pyramide très ruinée ; temples encore partiellement conservés ; reliefs dispersés dans divers musées

Sahourê : le roi qui fit entrer l’Égypte dans un nouvel âge

Sahourê, deuxième souverain de la Ve dynastie, est l’un de ces pharaons dont le règne, bien que discret dans les textes, a transformé profondément l’art et la symbolique royale.
Son complexe funéraire d’Abousir est un chef-d’œuvre, un modèle architectural que ses successeurs imiteront pendant près d’un siècle.
Ici, l’Égypte abandonne définitivement le gigantisme des pyramides de Gizeh pour s’orienter vers un raffinement religieux et artistique sans précédent.

Le complexe de Sahourê est l’endroit où la pierre commence à raconter des histoires — et non plus seulement à impressionner par sa masse.

Abousir : le nouveau cœur du pouvoir solaire

Le site d’Abousir devient, avec Sahourê, le grand chantier royal de la Ve dynastie.
Un lieu vaste, ouvert, propice aux alignements symboliques avec les temples solaires qui fleurissent alors.
La pyramide du roi y occupe une place centrale :
– construite non loin du lac sacré,
– alignée avec les futurs monuments de ses successeurs,
– intégrée dans un paysage religieux en plein essor.

Ce déplacement du centre funéraire, de Saqqarah vers Abousir, témoigne d’une reconfiguration spirituelle majeure : désormais, le culte de Rê devient la colonne vertébrale du pouvoir royal.

Une pyramide modeste mais pensée pour durer

Avec ses 47 mètres de hauteur, la pyramide de Sahourê est nettement plus petite que celles de la IVe dynastie.
Mais sa réduction de taille est largement compensée par l’ambition de son complexe.
Le monument suit un plan classique :
– noyau en calcaire local,
– parement fin (aujourd’hui disparu),
– entrée nord menant à un couloir incliné,
– chambre funéraire contenant encore des fragments de sarcophage en basalte.

La pyramide elle-même n’est qu’un élément parmi d’autres — elle n’est plus le centre du dispositif, mais le cœur symbolique d’un ensemble qui s’étend sur une vaste zone sacrée.

Le temple funéraire : un écrin de chefs-d’œuvre

Le temple funéraire de Sahourê est l’un des plus beaux jamais construits en Égypte.
Les fouilles ont révélé :
– des parois recouvertes de reliefs délicats,
– des scènes de triomphe,
– des processions d’offrandes,
– des défilés de peuples étrangers,
– des représentations de plantes exotiques,
– et même des scènes de navigation royale.

Pour la première fois, on y trouve une iconographie réaliste, où les artisans s’expriment avec une finesse inédite.
Le roi y apparaît non seulement comme souverain, mais comme chef religieux, protecteur, conquérant, et messager du soleil.

Ces reliefs, aujourd’hui dispersés entre Berlin, Le Caire et d’autres musées, comptent parmi les trésors artistiques de l’Ancien Empire.

La chaussée et le temple de vallée : un théâtre sacré

Le complexe de Sahourê comporte également :
– une longue chaussée monumentale,
– un temple de vallée construit au bord d’un ancien bassin,
– une organisation précise des espaces rituels.

La chaussée était entièrement décorée de reliefs narratifs, racontant les victoires du roi et les merveilles apportées au royaume :
pierres précieuses, animaux exotiques, encens d’Arabie, arbres étrangers.
On entre littéralement dans un récit sculpté, un long poème de pierre qui conduisait les prêtres du monde des vivants au domaine des morts.

Une innovation religieuse : un roi dans la lumière de Rê

Sous Sahourê, le roi devient le médiateur privilégié entre l’humanité et le soleil.
Ce changement théologique se lit dans l’orientation du complexe, dans la richesse des offrandes, dans l’omniprésence des symboles solaires.
Le temple funéraire devient presque un temple solaire.
Sa structure annonce les grands monuments de Niouserrê, Néferirkarê et des autres rois de la Ve dynastie.

Le complexe de Sahourê n’est pas seulement un lieu d’inhumation —
c’est un centre de culte, un lieu où la lumière divine s’incarne.

Héritage : le modèle absolu de la Ve dynastie

Le monument de Sahourê a servi de prototype pour tous les complexes funéraires ultérieurs de la dynastie.
Son architecture, son décor, son organisation rituelle sont devenus des normes que ses successeurs n’ont cessé d’imiter.

Même ruinée, sa pyramide rayonne encore comme un manifeste artistique :
un équilibre parfait entre spiritualité, politique et esthétique.

Dans les ruines d’Abousir, parmi les blocs effacés et les reliefs brisés, on peut encore sentir le souffle royal de Sahourê —
un roi qui n’a pas cherché la grandeur par la taille,
mais par la beauté,
la lumière,
et la narration sacrée gravée dans la pierre.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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