Emplacement :Saqqarah Sud, près de la pyramide de Djoser
Date estimée de construction :vers 2640–2630 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Sekhemkhet (appelé aussi Djoser-Téti), IIIe dynastie
Type de pyramide :Pyramide à degrés (inachevée)
Hauteur :~7 m (restante) — hauteur prévue : ~70 m
Base :115 m × 115 m
Particularité :Pyramide jamais achevée ; célèbre “sarcophage scellé vide”, au cœur d’un des plus grands mystères de Saqqarah
État actuel :Ruine très basse ; noyau à peine émergent du sable

Sekhemkhet : le pharaon qui n’eut jamais le temps

Le souverain que l’on appelle Djoser-Téti, ou plus correctement Sekhemkhet, règne après Djoser, au début de la IIIe dynastie.
Il poursuit l’œuvre monumentale de son prédécesseur, mais son règne fut très court — probablement moins de 7 ans.
Et cela se voit dans la pierre : son complexe funéraire, ambitieux et novateur, ne dépassa jamais ses premiers degrés.
La pyramide de Sekhemkhet est l’un des plus grands projets inachevés de l’histoire de l’Égypte pharaonique, une œuvre stoppée net par le temps.

Saqqarah Sud : dans l’ombre de Djoser

La pyramide se dresse au sud de celle de Djoser, dans une zone encore peu explorée au début du XXe siècle.
L’ensemble a été découvert en 1951 par l’archéologue égyptien Zakaria Goneim, qui comprit rapidement qu’il se trouvait face à un complexe royal entier :
– une pyramide à degrés d’environ 115 mètres de côté,
– un mur d’enceinte similaire à celui de Djoser,
– des galeries souterraines,
– une large cour cérémonielle.
Le site semble conçu comme une réplique réduite et améliorée du complexe de Djoser, mais il ne fut jamais mené à bien.

Une pyramide figée à la première marche

La superstructure n’atteint aujourd’hui que 7 mètres de hauteur : à peine un talus, un noyau brut de calcaire à ciel ouvert.
Pourtant, les plans initiaux étaient clairs :
– une pyramide à sept degrés,
– une hauteur prévue proche de celle de Djoser (~70 mètres),
– un parement de calcaire fin,
– une plateforme monumentale.
Le chantier fut interrompu très tôt, laissant une “pyramide fantôme”, comme une silhouette jamais dessinée jusqu’au bout.

Le monde souterrain : un labyrinthe royal

Sous la pyramide se trouve un réseau souterrain qui, lui, a été creusé bien plus profondément :
– un long couloir descendant,
– une galerie annulaire,
– de nombreuses chambres latérales,
– un tombeau central en calcite, magnifiquement taillé.
Ce contraste (superstructure inachevée, infrastructure presque achevée) suggère que les travaux souterrains furent prioritaires, conformément à la tradition funéraire de l’époque.

Le mystère du sarcophage scellé

En 1954, Goneim et son équipe découvrirent un sarcophage magnifique en calcite, intact, scellé, sans aucune brèche.
L’excitation fut immense : jamais un tombeau royal intact de l’Ancien Empire n’avait été trouvé.
Lorsque le couvercle fut soulevé… le sarcophage était vide.

Ce mystère nourrit de nombreuses hypothèses :
– le roi n’a peut-être jamais été enterré dans sa pyramide,
– la momie a pu être déplacée très tôt,
– le sarcophage était une “chambre symbolique”,
– ou encore le souverain est mort avant que la sépulture ne soit prête.
Le site a ensuite été victime d’accusations injustifiées, de scandales archéologiques, et Goneim lui-même en souffrit profondément.

Une œuvre interrompue par le temps

Tout, dans ce complexe, raconte un destin inachevé :
– le mur d’enceinte à moitié construit,
– les chapelles symboliques seulement esquissées,
– la pyramide arrêtée à son premier degré,
– les dépendances presque inexistantes.
Sekhemkhet apparaît comme un roi pris entre deux ères : héritier direct de Djoser, mais trop éphémère pour achever son rêve d’éternité.

Héritage : la beauté des monuments inachevés

La pyramide de Djoser-Téti n’est pas célèbre pour sa grandeur, mais pour sa promesse non tenue.
Et cette incomplétude fait partie de son pouvoir narratif :
elle raconte l’humanité des pharaons, la fragilité des ambitions royales, et la façon dont le temps sculpte la mémoire.
Dans son silence, elle révèle que même les rois ne maîtrisent pas tout.
Sekhemkhet demeure l’un de ces souverains dont le monument parle davantage que les textes.

Sous le sable de Saqqarah, la pyramide inachevée de Sekhemkhet murmure encore une leçon simple et poignante :
il n’y a pas d’éternité sans commencement… mais parfois, le commencement est tout ce qu’il nous reste.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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