| Emplacement : | Dahchour (Dahchour Nord), près de la pyramide noire d’Amenemhat III |
| Date estimée de construction : | vers 1870 av. J.-C. |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Amenemhat II, troisième roi de la XIIe dynastie |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | 48 m |
| Base : | 84 m |
| Particularité : | Complexe funéraire riche en tombes de princesses contenant des trésors exceptionnels |
| État actuel : | Très ruinée, structure effondrée, chambres internes difficiles d’accès |
Amenemhat II : un roi d’équilibre et d’ouverture
Amenemhat II, troisième souverain de la glorieuse XIIe dynastie, règne sur une Égypte stable et prospère.
Son gouvernement se distingue par une administration efficace, des alliances étrangères maîtrisées et une profonde attention portée aux rites funéraires.
Il poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs, Amenemhat Ier et Sésostris Ier, en consolidant un royaume restauré après les troubles de la Première Période intermédiaire.
Son choix de Dahchour comme lieu d’inhumation témoigne d’une volonté d’inscrire sa dynastie dans la lignée des grands bâtisseurs, mais avec une touche propre au Moyen Empire : une recherche d’harmonie, de sobriété et de perfection géométrique.
Dahchour : le désert des pyramides oubliées
La pyramide d’Amenemhat II se situe dans la zone nord de Dahchour, un site chargé de symbolisme royal.
C’est là que Snéfrou, au début de la IVe dynastie, fit ériger deux des monuments les plus importants de l’histoire des pyramides — la Rhomboïdale et la Rouge — véritables prototypes des pyramides parfaites.
En revenant à Dahchour plus de mille ans plus tard, Amenemhat II a cherché à renouer avec cette mémoire fondatrice, évoquant la continuité spirituelle et architecturale entre les anciens rois solaires et les souverains du Moyen Empire.
Si sa pyramide est aujourd’hui très ruinée, elle formait autrefois le noyau d’un complexe funéraire complet, comprenant :
– un temple haut,
– une chaussée monumentale,
– un temple bas,
– et plusieurs tombes de princesses et de membres de la famille royale.

Une pyramide aux proportions parfaites
La pyramide mesurait environ 48 mètres de haut pour une base de 84 mètres, avec une pente modérée typique des pyramides du Moyen Empire.
Le noyau était en briques crues, renforcé par une structure interne en calcaire, puis recouvert d’un parement blanc de Tourah.
Comme dans les pyramides précédentes, l’entrée se situait du côté nord, symbolisant l’ascension du pharaon vers les étoiles impérissables.
Le couloir descendant menait à un ensemble de salles souterraines dont la chambre funéraire, protégée par un système complexe de herses et de blocs de granit.
L’intérieur de la pyramide est aujourd’hui très difficile d’accès, mais les fouilles ont révélé une architecture sobre, fonctionnelle, et tournée vers l’efficacité rituelle plutôt que vers l’ornementation.

Les tombes princières : un trésor dans l’ombre du roi
C’est dans les tombes secondaires du complexe d’Amenemhat II que les archéologues firent l’une des découvertes les plus spectaculaires du Moyen Empire.
Autour de la pyramide furent retrouvées les sépultures de plusieurs princesses, notamment :
– Itaya,
– Khnumit,
– Noubhetepti,
dont les tombes contenaient des trésors d’une finesse exceptionnelle :
– bijoux en or massif,
– pectoraux incrustés de pierres semi-précieuses,
– diadèmes,
– couronnes,
– statuettes rituelles,
– fragments de mobiliers royaux.
Ces objets témoignent d’une esthétique raffinée, typique du Moyen Empire, avec des motifs symboliques — faucon, uraeus, fleurs, figures divines — d’une grande élégance.
La richesse de ces tombes contraste fortement avec l’état ruiniforme de la pyramide elle-même : comme si la véritable lumière du règne d’Amenemhat II reposait sur les femmes qui l’entouraient.

Le temple funéraire : un sanctuaire presque disparu
Peu de choses subsistent du temple funéraire d’Amenemhat II, mais les fouilles ont révélé :
– des fragments de colonnes,
– des dalles de calcaire portant des traces de reliefs,
– des bases d’autels,
– et quelques inscriptions mentionnant le nom d’Horus du roi.
Le temple devait comporter les salles traditionnelles :
une cour, une salle des offrandes, un sanctuaire, des magasins et un autel destiné aux rituels funéraires.
Certaines parties semblent avoir été démontées dans l’Antiquité pour récupérer les blocs de calcaire, phénomène courant dans les sites du Moyen Empire.

Fouilles et découvertes
L’un des principaux explorateurs du site fut Jacques de Morgan, au début du XXe siècle.
Il mit au jour les tombes princières et une grande partie du complexe en ruine.
Plus tard, d’autres missions archéologiques confirmèrent l’étendue du site et l’importance de ses trésors.
Les objets découverts sont aujourd’hui exposés au Musée égyptien du Caire, où ils constituent l’un des ensembles les plus précieux du Moyen Empire.
Héritage symbolique
La pyramide d’Amenemhat II, bien qu’en mauvais état, occupe une place unique dans l’histoire des pyramides.
Elle incarne un équilibre entre respect des anciennes traditions et innovations du Moyen Empire :
– un plan fidèle aux monuments de l’Ancien Empire,
– mais une architecture plus légère, plus technique, plus adaptée à l’époque.
Son complexe funéraire, surtout les tombes de princesses, révèle un raffinement artistique hors du commun, où la royauté féminine joue un rôle essentiel dans la transmission de la lumière et de la Maât.
Même réduite à un monticule de terre et de briques, la pyramide d’Amenemhat II continue de raconter le récit d’un roi qui voulut ancrer son règne dans la continuité du passé tout en ouvrant un chemin nouveau vers l’avenir.
Sous le ciel brûlant de Dahchour, ses ruines murmurent encore la mémoire d’un souverain discret, mais fondamental :
Amenemhat II, celui qui garda l’équilibre du royaume.
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