Emplacement :Saqqarah Nord, à proximité de la pyramide d’Ouserkaf et de celle de Mérenrê
Date estimée de construction :vers 2323–2291 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Téti Ier, premier roi de la VIᵉ dynastie
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :environ 52,5 m (100 coudées royales)
Base :environ 78,8 m (150 coudées royales)
Particularité :Première pyramide connue à comporter les Textes des Pyramides gravés sur les parois de la chambre funéraire
État actuel :Très ruinée à l’extérieur, mais les chambres internes sont bien conservées et accessibles

Téti Ier : fondateur de la VIᵉ dynastie et gardien de la lumière solaire

Le règne de Téti Ier marque le début d’une nouvelle ère pour l’Égypte de l’Ancien Empire. Après la stabilité de la Ve dynastie, il inaugure la VIᵉ, une période à la fois florissante et fragile. Fils d’Ouserkarê (selon certaines traditions) et marié à la reine Iput, fille d’Ounas, il ancre son pouvoir dans la continuité dynastique et religieuse du royaume de Memphis.
Téti monte sur le trône à une époque de prospérité économique et de rayonnement administratif. Mais derrière cette apparente harmonie, les premiers signes d’un glissement politique se profilent : l’influence croissante des nomarques et des grands prêtres. Sa pyramide, érigée à Saqqarah Nord, symbolise ce moment d’équilibre entre puissance et fragilité, entre la stabilité solaire et les premiers frémissements du déclin.

Le choix de Saqqarah : le sanctuaire des ancêtres

En plaçant sa pyramide à Saqqarah, Téti s’inscrit dans une tradition sacrée remontant aux premiers bâtisseurs royaux. Ce plateau désertique fut le théâtre de la célèbre pyramide à degrés de Djéser, conçue par Imhotep, et abritait déjà les sépultures de grands rois de l’Ancien Empire.
La pyramide de Téti se situe au nord-est de celle d’Ouserkaf et à proximité des mastabas de ses hauts dignitaires, comme celui du vizir Mererouka, dont les bas-reliefs constituent un chef-d’œuvre de l’art funéraire. Cette proximité entre le roi et ses serviteurs dans la mort reflète une conception nouvelle de la royauté : plus humaine, plus proche des hommes, mais toujours tournée vers le divin.

L’architecture : la continuité des grands maîtres bâtisseurs

La pyramide de Téti suit le plan classique des constructions royales de la Ve et de la VIᵉ dynastie. Haute de 52,5 mètres, avec une base de 78,8 mètres, elle était bâtie en calcaire local et revêtue d’un parement de calcaire blanc de Tourah. Son nom officiel, Djed-Sout-Téti, signifie « Les lieux de culte de Téti sont durables », une affirmation de permanence et d’éternité.
L’entrée, située sur la face nord, ouvre sur un couloir descendant menant à un vestibule, puis à une antichambre, une chambre funéraire et une chambre annexe. Le plafond de la chambre principale est décoré d’un ciel étoilé sculpté dans la pierre, représentant la voûte céleste où l’âme du roi devait voyager éternellement.
La disposition, l’orientation et les proportions du monument traduisent un savoir géométrique et symbolique poussé : chaque angle, chaque mesure correspond à une dimension cosmique, reliant la tombe terrestre au cycle solaire.

Les Textes des Pyramides : la voix éternelle du pharaon

La pyramide de Téti est célèbre pour être la première à contenir les Textes des Pyramides, ces inscriptions mystiques gravées sur les parois de la chambre funéraire. Il s’agit de formules magiques, prières et incantations destinées à guider le roi dans l’au-delà, à lui permettre de renaître et d’unir son essence à celle des dieux.
Ces textes, rédigés en hiéroglyphes bleus d’une beauté saisissante, constituent le plus ancien corpus religieux connu au monde. Ils décrivent la montée du roi vers le ciel, son union avec Osiris, et sa métamorphose en étoile impérissable.
Dans ces paroles gravées dans la pierre, Téti n’est plus un simple souverain : il devient un principe cosmique, un être de lumière voyageant entre le visible et l’invisible. La pyramide devient alors une machine métaphysique, un instrument de passage entre la vie et l’éternité.

Les reines et le complexe funéraire

Le complexe funéraire de Téti ne se limitait pas à la pyramide principale. Autour d’elle s’élevaient les pyramides des reines, notamment celles d’Iput Ier, Khuit et Sesheshet, dont les sépultures ont révélé des trésors d’informations sur la société et la religion de la VIᵉ dynastie.
Le temple funéraire de Téti comportait un autel d’offrandes, une salle hypostyle, et une cour où les prêtres accomplissaient les rites destinés à nourrir l’âme du roi défunt.
Des scènes de sacrifices, de porteurs d’offrandes et de processions solennelles couvraient jadis les murs, dans une atmosphère de recueillement et de gloire. Tout le site formait un microcosme de l’univers, à la fois terrestre et céleste, dédié à la survie éternelle du pharaon.

Les fouilles et découvertes modernes

Les ruines de la pyramide furent explorées pour la première fois au XIXᵉ siècle, notamment par Gaston Maspero, qui découvrit les Textes des Pyramides et permit d’en révéler la portée religieuse.
Depuis, plusieurs missions archéologiques, dont celles de Jean-Philippe Lauer et d’Audran Labrousse, ont étudié la structure interne du monument et les sépultures environnantes.
La pyramide de Téti est aujourd’hui l’une des rares du complexe de Saqqarah à être accessible au public, permettant aux visiteurs de contempler les chambres funéraires et leurs inscriptions bleutées, conservées dans un état exceptionnel malgré quatre millénaires d’érosion et de pillages.

Héritage spirituel et symbolique

La pyramide de Téti Ier incarne une transition majeure dans la pensée égyptienne. Elle marque la naissance d’une théologie de la résurrection, où le pharaon n’est plus simplement un souverain divinisé, mais un initié en quête d’union avec les puissances cosmiques.
Par les Textes des Pyramides, Téti a ouvert la voie à une tradition religieuse qui influencera toutes les générations suivantes : les Textes des Sarcophages du Moyen Empire, puis le célèbre Livre des Morts.
Ainsi, au cœur du désert de Saqqarah, sous le sable et les pierres effondrées, dort encore le roi qui enseigna aux hommes que mourir n’était qu’un mot — et que la véritable royauté commence dans la lumière des étoiles.

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Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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