La première pyramide royale de la VIe dynastie
Le complexe funéraire de Téti Ier (2321–2291 av. J.-C.), premier pharaon de la VIe dynastie, se trouve à Saqqarah, au nord-est de la pyramide d’Ouserkaf et à proximité des tombeaux archaïques de Saqqarah Nord. Par ce choix d’emplacement, Téti semble avoir voulu inscrire sa pyramide dans la grande diagonale monumentale qui relie celles de Djoser, Sekhemkhet, Ounas et Ouserkaf, affirmant ainsi la continuité et la légitimité de son règne.
Son complexe portait le nom symbolique Dd-swt-tti, traduit par « Les endroits de culte de Téti sont endurants ».
Découvert par Gaston Maspero en 1882, il a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles entre 1907 et 1965.
Un ensemble funéraire complet et innovant
Comme ses prédécesseurs, Téti fit construire un ensemble funéraire complet comprenant :
- une pyramide principale,
- une pyramide satellite dédiée au culte,
- un temple funéraire (ou temple haut),
- une chaussée monumentale reliant ce temple au temple de la vallée, aujourd’hui disparu,
- et enfin un mur d’enceinte en calcaire délimitant la cour du complexe.
Une particularité architecturale distingue l’ensemble : la chaussée courbe vers le sud-est, probablement pour éviter une pyramide voisine attribuée à Menkaouhor (Lepsius n°29).
Au nord du complexe royal, trois pyramides de reines complètent l’ensemble : celles d’Ipout Ire, Khouit II et Seshseshat Ire, la mère du roi.
La pyramide de Téti Ier
La pyramide principale mesurait 78,5 mètres de base pour une hauteur originelle de 52,5 mètres et une pente de 53°07’. Construite en blocs de calcaire de Tourah disposés en cinq degrés, elle fut jadis entièrement revêtue d’un parement blanc poli, dont quelques fragments subsistent sur la face est.

L’entrée, située au centre de la face nord, s’ouvre au niveau du sol et menait à une petite chapelle rectangulaire décorée de bas-reliefs d’offrandes. Une fausse porte en basalte noir marquait symboliquement l’accès au monde des morts.
Sous la pyramide, un couloir descendant de plus de 18 mètres mène à une première chambre, puis à un passage horizontal protégé par trois herses de granit, dispositif anti-pillage typique de l’époque.
L’ensemble débouche sur une antichambre, flanquée de magasins funéraires à l’est et de la chambre funéraire à l’ouest.
Dans cette dernière, le sarcophage de basalte du roi repose encore en place, bien que son couvercle ait été brisé dans l’Antiquité.
Les murs, couverts de Textes des Pyramides, sont malheureusement très abîmés, mais témoignent de la continuité du rituel royal.
Le plafond peint en bleu nuit constellé d’étoiles dorées symbolisait la voûte céleste et la renaissance éternelle du pharaon.

| Élément | Détail |
|---|---|
| Localisation | Saqqarah Nord, Égypte |
| Dynastie | VIe dynastie |
| Roi | Téti Ier (2321 – 2291 av. J.-C.) |
| Nom du complexe | Dd-swt-tti – « Les endroits de culte de Téti sont endurants » |
| Base de la pyramide | 78,50 m |
| Hauteur originelle | 52,50 m |
| Pente | 53° 07′ |
| Matériaux | Calcaire de Tourah, granit, basalte |
| Découvreur | Gaston Maspero (1882) |
| Fouilles principales | 1907 – 1965 |
| Particularités | Textes des Pyramides gravés, plafond étoilé, pyramides de reines (Ipout I, Khouit II, Seshseshat I), chaussée courbe vers le Sud-Est |
La pyramide satellite
La pyramide satellite, ou pyramide de culte, se trouve au sud-est du monument principal.
D’une base de 15,7 m et d’une pente de 63°, elle atteignait la même hauteur (15,7 m) et était entourée d’un mur d’enceinte de 105 × 127 m.
On y accédait par un couloir nord menant à une chambre unique, probablement dédiée à des rituels symboliques en lien avec le Ka royal.
Des bassins en quartzite dans la cour servaient aux libations rituelles.
Le temple funéraire (temple haut)
Bien que largement démonté au fil des siècles, le temple funéraire de Téti a pu être reconstitué grâce aux fouilles.
Son plan s’inspire du modèle de Djedkarê Isési, mais avec quelques particularités, notamment une entrée décalée au sud-est, expliquant la courbure de la chaussée.
L’entrée donnait sur une cour à colonnes carrées (et non rondes, comme plus tard sous la VIe dynastie) comptant 18 piliers en granit.
Au centre se dressait un autel d’albâtre encore orné de traces de décoration.
Derrière la cour, une salle transversale distribuait l’accès :
- aux magasins de stockage du culte,
- à la pyramide satellite,
- et au temple intérieur du roi.
Un petit escalier menait à la salle aux cinq chapelles, où se dressaient les statues du pharaon, chacune encadrée de montants en granit gravés de ses titres.
Plus loin, une antichambre soutenue par une colonne de quartzite rouge ouvrait sur le sanctuaire, orné d’une fausse porte en granit contre la face est de la pyramide, où les offrandes rituelles étaient déposées quotidiennement.
Les pyramides des reines
La Reine Ipout Ire
Épouse de Téti et mère de Pépi Ier, Ipout Ire fut d’abord enterrée dans un mastaba, converti plus tard en pyramide par son fils.
Mesurant environ 21 m de base pour une pente de 65°, elle atteignait 21 m de haut.
Le monument ne possède pas d’entrée visible : un axe vertical descend directement à la chambre funéraire, où furent découverts un sarcophage en calcaire, des vases canopes, des bijoux en or (collier, bracelet), et le squelette de la reine encore en place.
Un petit temple funéraire à l’est abritait trois chapelles et une salle d’offrandes avec fausse porte et table en granit.
La Reine Khouit II
Située au nord du complexe royal, la pyramide de Khouit II (découverte par Victor Loret en 1897) mesurait elle aussi 21 m de base et 21 m de haut, avec une pente de 65°.
Sa sous-structure comportait une chambre funéraire axiale et un magasin à l’est.
Les fouilles de Zahi Hawass (1995) ont confirmé qu’il s’agissait bien du tombeau de cette reine.
Le temple funéraire adjacent comportait une fausse porte, un autel, et des bas-reliefs de porteurs d’offrandes.
Fait remarquable, le culte de Khouit II semble avoir perduré jusqu’à la XIIIe dynastie.
La Reine Seshseshat Ire
Découverte en 2008 par Zahi Hawass, la pyramide de Seshseshat Ire, mère de Téti, complète l’ensemble.
Située au nord du complexe, elle contenait un sarcophage, des restes humains momifiés et quelques poteries.
Bien que pillée dans l’Antiquité, cette découverte confirme l’existence d’un troisième ensemble royal féminin rattaché à Téti Ier.
Un héritage durable
Le complexe funéraire de Téti Ier représente l’un des ensembles les plus complets et les mieux conservés de la nécropole de Saqqarah.
Son plan, perfectionné depuis la Ve dynastie, deviendra le modèle standard des complexes royaux de l’Ancien Empire.
Les pyramides des reines, quant à elles, témoignent du rôle croissant des femmes royales dans la continuité du culte funéraire.


