Un dernier souverain de la Ve dynastie à Saqqarah

Ounas (2356–2323 av. J.-C.), dernier roi de la Ve dynastie, a implanté son complexe funéraire à Saqqarah, près de l’angle sud-ouest de l’enceinte de Djoser (2628–2609). Il occupe ainsi, contre le mur d’enceinte, l’extrémité opposée à celle où Ouserkaf (2465–2458), fondateur de la dynastie, avait bâti le sien. Le complexe d’Ounas s’insère entre ceux de Djoser et de Sekhemkhet (Djoser-Téti, 2609–2603) et s’aligne sur une diagonale monumentale qui sera prolongée plus tard vers le nord-est par la pyramide de Téti I (2321–2291).
Le temple funéraire, accolé à l’est de la pyramide, réutilise les sous-structures d’un tombeau de la IIe dynastie attribué à Hotepsekhemoui (2828–2800), dont la superstructure était déjà ruinée. Le complexe portait les noms rituels nfr-s.wt, « Le plus beau des endroits », et nfr-swt-wnis, « Merveilleux sont les lieux de culte d’Ounas ».

Composition générale du complexe

Le complexe, établi le long d’un canal relié au Nil, réunit les éléments devenus canoniques à la fin de la Ve dynastie :
— une pyramide royale ;
— à l’est, un temple funéraire et une petite pyramide satellite ;
— une chaussée monumentale d’environ 750 m reliant le temple funéraire au temple de vallée, situé au sud-est.
Des vestiges du temple de vallée sont encore visibles. Aucune pyramide de reine n’a été identifiée à ce jour. Autour du noyau royal s’étendent de nombreux mastabas et tombes de dignitaires.

La pyramide d’Ounas : proportions et structure

La pyramide d’Ounas mesure 57,75 m de base, pour une pente de 56°, et devait atteindre 43 m de hauteur à l’origine. Plus modeste que celle de Djoser (62 m), elle reste néanmoins conforme au modèle introduit par Djedkarê Isési (2389–2357) : noyau à six degrés en calcaire local, parement de calcaire fin de Tourah.
Dès le Nouvel Empire, le monument nécessita des restaurations, attestées par une inscription du grand prêtre memphite Khâemouaset, fils de Ramsès II (1279–1213). L’entrée, précédée d’une chapelle aujourd’hui quasi disparue, s’ouvre au niveau du sol, au milieu de la face nord, dans le dallage de la cour.

Le dispositif intérieur et la chambre funéraire

Depuis l’entrée, une descenderie d’environ 14,40 m mène à une petite chambre horizontale. Plus loin, trois herses de granit barraient autrefois le couloir. On débouche ensuite dans une antichambre (3,08 × 3,75 m) placée exactement sous l’axe de la pyramide.
À l’est de l’antichambre, trois niches ou « magasins » pouvaient recevoir du mobilier funéraire ou des statues. À l’ouest s’ouvre la chambre funéraire (3,08 × 7,30 m), où le sarcophage de basalte est encore en place. Le coffre à vases canopes se situait aux pieds du sarcophage. Des restes humains — un bras, une main gauche et des fragments de crâne — ont été retrouvés dans les déblais et sont généralement considérés comme pouvant appartenir au roi, aujourd’hui conservés au Musée égyptien du Caire.
Architecturalement, le plan reprend la logique de Djedkarê Isési et annonce celui de Téti I : séquence chapelle d’entrée > couloir > herses > antichambre > chambre funéraire, avec voûtes à chevrons.

Les Textes des Pyramides : une première historique

La pyramide d’Ounas est la première, depuis celle de Djoser, à présenter une riche décoration interne, et surtout la première à livrer les Textes des Pyramides. Sur les murs d’albâtre — particulièrement dans la chambre funéraire, l’antichambre et une portion du couloir horizontal — des colonnes verticales de hiéroglyphes peints sur fond bleu consignent la plus ancienne collection de textes religieux connue.
On y dénombre 283 formules (sur plus de 700 recensées aujourd’hui), destinées à protéger le souverain et à guider sa transfiguration dans l’au-delà. Le plafond voûté de la chambre funéraire, peint en bleu nuit constellé d’étoiles, place symboliquement le sarcophage noir de basalte (la terre fertile) sous le ciel éternel.

Données techniques (pyramide et chaussée)

— Base : 57,75 m
— Hauteur : 43 m
— Pente : 56°
— Antichambre : 3,75 × 3,08 m
— Chambre funéraire : 7,30 × 3,08 m
— Longueur de la chaussée : 750 m

La pyramide satellite (pyramide de culte)

Édifiée dans l’angle sud-est de la pyramide principale et close par un mur d’enceinte, la pyramide satellite s’atteignait depuis le temple funéraire. Son entrée au nord donnait sur une sous-structure très simple : un couloir descendant menant à une chambre rectangulaire, alignée sur l’axe de la petite pyramide, probablement dévolue au ka du roi.

Le temple funéraire (temple haut)

Situé à l’est de la pyramide, le temple funéraire d’Ounas fut achevé et décoré par son successeur Téti I, signe d’une transition dynastique apaisée.
Un long corridor d’entrée conduit à une grande cour publique à seize colonnes, entourée de magasins accessibles par une salle transversale qui sépare « l’avant-temple » du sanctuaire intérieur. Immédiatement après, se trouve la salle aux cinq chapelles pour les statues royales.
Une antichambre carrée, couverte d’un toit porté par une colonne de quartzite rouge (provenant du Gebel Ahmar et associée au culte solaire), donne accès au sanctuaire et à la stèle fausse-porte de granit, plaquée contre la face est de la pyramide. Des magasins latéraux complètent l’ensemble.

Le temple de la vallée (temple bas)

Construit au bord d’un lac relié à un canal du Nil, le temple de la vallée constitue aujourd’hui l’accès principal du site de Saqqarah. On y parvenait par une rampe menant à une cour ouverte à huit colonnes.
Un enchaînement de salles transversales, de pièces à deux colonnes et de couloirs distribuait les magasins et l’amorce de la chaussée couverte. Plusieurs portiques à colonnes, partiellement remontés, laissent imaginer la monumentalité initiale de l’édifice.

La chaussée : un couloir d’images

Avec ses 750 m, la chaussée d’Ounas compte parmi les plus longues jamais construites (comparable à celle de Khéops à Giza, 739,80 m). C’était un couloir couvert dont le plafond, dédoublé par une fente longitudinale, laissait entrer un filet de lumière.
La décoration intérieure, dont des fragments subsistent, mêlait scènes de construction (transport des colonnes de granit, travail des métaux), scènes d’offrandes et scènes de vie (moissons, récolte des figues et du miel), mais aussi des épisodes militaires et animaliers. Une scène célèbre représente un personnage émacié par la famine : elle alimente encore le débat entre lecture historique (crise sous Ounas) et représentation d’une détresse extérieure à l’Égypte.
Au sud de la chaussée, deux fosses de barques solaires de 45 m chacune témoignent du programme rituel lié au voyage du roi dans l’au-delà.

Portée historique

Le complexe d’Ounas est un jalon majeur de l’Ancien Empire : il scelle la fin de la Ve dynastie, inaugure la tradition des Textes des Pyramides et synthétise un modèle architectural arrivé à maturité. Par son implantation au contact de l’enceinte de Djoser et par l’ampleur iconographique de sa chaussée, il relie la mémoire des premiers temps à l’héritage que Téti et la VIe dynastie vont consolider.

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.

Étiqueté dans :

À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

Voir tous les articles