Emplacement :Abousir, entre les complexes de Sahourê et de Néferirkarê Kakaï
Date estimée de construction :vers 2480–2475 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Shepseskarê, souverain éphémère de la Ve dynastie
Type de pyramide :Pyramide à faces lisses (inachevée)
Hauteur :inconnue (probablement ~50 m si achevée)
Base :~110 m × 110 m
Particularité :Monument jamais construit au-delà du niveau de fondation ; l’une des pyramides les plus énigmatiques de l’Ancien Empire
État actuel :Très ruinée ; fondations à peine visibles dans le désert

Shepseskarê : un roi presque effacé

Shepseskarê est sans doute l’un des souverains les plus mystérieux de la Ve dynastie.
Son règne fut extrêmement court — quelques mois à quelques années selon les sources — et son nom apparaît rarement dans les documents administratifs.
À tel point que certains égyptologues doutent encore de la place exacte qu’il occupa entre Sahourê, Néferirkarê et Néferefrê.
Son monument funéraire, lui aussi inachevé, reflète parfaitement cette présence presque fantomatique au cœur de la dynastie solaire.

Abousir : le royaume interrompu

Le plateau d’Abousir, où se concentrent les pyramides et temples des rois solaires, devait accueillir pour Shepseskarê un complexe digne de son rang.
Son emplacement se situe entre ceux de Sahourê et de Néferirkarê, au cœur du tissu sacré de la dynastie.
Mais contrairement aux complexes voisins, la pyramide de Shepseskarê n’a jamais dépassé le stade des fondations :
– tranchées creusées,
– contours de la base dégagés,
– premières assises à peine installées.
Comme si un chantier avait été brusquement interrompu.

Une pyramide qui n’a jamais pris forme

La base carrée du monument, large d’environ 110 mètres, indique que la pyramide aurait été comparable à celles de Sahourê ou de Niouserrê si elle avait été achevée.
Mais aucun noyau, aucune chambre funéraire, aucun couloir n’a été construit.
Seul le contour de la plateforme et quelques blocs abandonnés témoignent d’un projet avorté.
L’inachèvement est si total qu’on pourrait presque croire que la pyramide n’a été qu’une idée, une intention, un plan jamais concrétisé.

Pourquoi un chantier abandonné ?

Plusieurs hypothèses émergent :
– la mort soudaine du roi avant que les travaux ne commencent réellement ;
– une période de troubles dans la succession royale ;
– une réorganisation des chantiers au profit du futur roi Néferirkarê ;
– un règne trop court pour initier réellement un complexe funéraire.
Ce qui est sûr : le successeur de Shepseskarê n’a jamais repris le chantier.
La pyramide est restée telle qu’elle était : un dessin de pierre sur le sable.

Un roi à la frontière de l’histoire et du silence

Shepseskarê demeure presque invisible dans les archives.
Pas de longues listes administratives, pas de monuments terminés, pas de longues inscriptions.
Sa mémoire, pourtant, se lit à travers ce qui n’a pas été achevé :
– une pyramide arrêtée avant de s’élever,
– un projet éteint avant d’avoir existé,
– une ombre royale effacée par les vents du désert.
Cela confère à son monument une atmosphère singulière : celle d’un règne suspendu.

Le paysage d’Abousir : un murmure parmi les géants

Dans les ruines d’Abousir, la base de la pyramide de Shepseskarê passe presque inaperçue.
Mais lorsqu’on la regarde en contexte, elle raconte une histoire essentielle :
celle d’une dynastie où les chantiers s’enchaînaient,
où les rois solaires cherchaient à affirmer leur légitimité,
où un souverain, pris dans les turbulences de la succession, n’eut peut-être jamais le temps de sculpter son éternité.

Sa pyramide manquante complète le paysage comme un silence complète une phrase.

Héritage : la pyramide qui aurait pu être

La pyramide de Shepseskarê n’est pas un chef-d’œuvre achevé comme celles de Sahourê ou Niouserrê.
Elle n’a pas de temples, pas de galeries, pas de reliefs.
Elle est une empreinte — un squelette de monument — mais aussi un témoin précieux d’une période où l’autorité royale n’était pas aussi stable qu’on l’imagine.

Dans le vent d’Abousir, les fondations à peine visibles semblent chuchoter :
« Même l’oubli a ses monuments. »

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.


Institutions et revues francophones

Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)

Bulletin de l’IFAO (BIFAO)

Département des Antiquités égyptiennes du Louvre

Revue Égypte, Afrique & Orient

Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)

Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)

Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)

Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge

(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)

Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)

Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte

I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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