Le retour à Saqqarah

Le roi Djedkarê Isési (2389–2357 av. J.-C.), huitième souverain de la Ve dynastie, fit construire son complexe funéraire à Saqqarah Sud. C’est le premier pharaon de sa dynastie à revenir sur ce site prestigieux, après que ses prédécesseurs aient édifié leurs monuments à Abousir. Le chantier fut confié à Senedjemib, « contrôleur des travaux ».

Avant lui, seul Ouserkaf (2465–2458) avait choisi Saqqarah pour sa pyramide, bien qu’il ait également laissé son empreinte à Abousir avec la construction d’un temple solaire. Le choix de Djedkarê marque donc un retour symbolique vers la grande nécropole royale.

Un emplacement stratégique

Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, Djedkarê n’installa pas son monument près de la pyramide à degrés de Djoser. Il choisit un emplacement situé entre la pyramide inachevée de Sekhemkhet (2609–2603) et le mastaba monumental de Shepseskaf (2472–2467).

Ce promontoire, dominant la vallée de Memphis, offrait un site prestigieux et visible de loin. Ce rôle de « vigie » semble confirmé par le nom arabe moderne du lieu, El-Shawaf, « la sentinelle ». Le complexe funéraire portait dans l’Antiquité le nom nfr, « la belle (parfaite) ».

Un complexe royal et un complexe de reine

Le plan du complexe suit les normes établies : une pyramide principale à l’ouest, entrée au nord, un temple funéraire à l’est, une chaussée monumentale de 220 m et un temple de vallée (aujourd’hui perdu, probablement sous le village moderne de Saqqarah).

Une pyramide satellite se trouvait au sud-est de la pyramide royale. Mais l’originalité du site réside surtout dans le complexe de la reine, situé au nord-est. Il s’agit du premier exemple connu d’un ensemble royal féminin reprenant la structure complète d’un complexe de roi : petite pyramide, temple funéraire avec portique, cour à colonnes et magasins, ainsi qu’une pyramide satellite dédiée au culte.

La plupart des chercheurs attribuent ce complexe à la reine Méresânkh IV, bien que l’incertitude demeure.

La pyramide de Djedkarê Isési

Très ruinée aujourd’hui, la pyramide mesurait à l’origine 78,75 m de base pour une hauteur de 52,50 m, avec une pente de 52°. Cela en faisait l’une des plus petites pyramides royales d’Égypte.

Son noyau, en calcaire local, était construit en degrés et recouvert d’un parement de calcaire fin de Tourah. L’entrée, sur la face nord, se distinguait par une petite chapelle, innovation architecturale qui rappelle la pyramide rhomboïdale de Snéfrou.

Le couloir d’accès, en granit, conduisait à une première chambre, puis à une série de trois herses destinées à protéger le tombeau. L’antichambre, orientée est-ouest, mesurait 4,02 × 3,10 m. Trois magasins latéraux pouvaient abriter statues et mobilier funéraire.

La chambre funéraire, de 7,84 × 3,10 m pour 9 m de haut, était couverte d’une voûte en chevrons. On y retrouva des fragments d’un sarcophage en basalte et des restes de la momie du roi. Un emplacement destiné aux vases canopes avait été creusé dans le sol. Fait surprenant, aucune décoration murale n’a été retrouvée dans l’ensemble de la sous-structure.

Dimensions principales :

  • Base : 78,75 m
  • Hauteur : 52,50 m
  • Pente : 52°
  • Longueur de la chaussée : 220 m

La pyramide satellite

La pyramide satellite, placée dans la cour sud-est du complexe, présentait une structure simple en T : un couloir descendant depuis la face nord menait à une petite chambre rectangulaire, probablement destinée à abriter une statue représentant le ka du roi.

Le temple funéraire

Le temple funéraire de Djedkarê Isési se distingue par une innovation majeure : c’est le premier à posséder deux pylônes monumentaux en maçonnerie marquant son entrée, un élément architectural qui préfigure les temples du Nouvel Empire.

Après la chaussée, on accédait à un long corridor flanqué de magasins, servant probablement de « chambre des Grands », lieu de transition entre la procession funéraire et le culte intérieur. Ce corridor ouvrait sur une grande cour à péristyle avec 18 colonnes de granit rouge, utilisée pour la présentation des offrandes.

Plus loin, une salle transversale séparait l’avant du temple du sanctuaire intérieur. C’est la première fois qu’une telle distinction est attestée. À l’intérieur, on trouvait la salle aux cinq chapelles pour les statues royales, une antichambre à colonne, puis le sanctuaire avec la stèle fausse porte adossée à la pyramide.

Le complexe de la reine

Le temple funéraire de la reine, accessible uniquement depuis celui du roi, reprenait la même organisation : portique d’entrée, cour à 16 colonnes, magasins, antichambre et sanctuaire. Il possédait également sa propre pyramide satellite.

Dans la vallée, en contrebas, des vestiges de murs et d’architraves suggèrent la présence d’un ensemble urbain associé : peut-être un village de prêtres ou même un palais royal.

Un héritage architectural

Le complexe funéraire de Djedkarê Isési témoigne d’une période charnière de l’Ancien Empire. Il marque à la fois un retour à Saqqarah et une évolution architecturale vers des temples plus élaborés, intégrant des pylônes et une organisation interne plus structurée.

En associant un complexe complet pour la reine, il ouvre également la voie à une reconnaissance plus importante du rôle des épouses royales dans l’idéologie funéraire.

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.

Étiqueté dans :

À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

Voir tous les articles