Si je vous dis « ésotérisme », vous pensez peut-être à la méditation, à la recherche de soi ou à la philosophie.
Mais si je vous dis « occultisme », l’ambiance change. On imagine tout de suite des pentagrammes tracés à la craie sur le sol, des bougies noires, voire des invocations d’esprits dans des cryptes humides.
Pourtant, dans les librairies, ces livres sont rangés sur la même étagère. Alors, l’occultisme est-il le « mauvais garçon » de la famille ésotérique ? S’agit-il de la même chose ?
Après avoir défini ce qu’est l’ésotérisme et sa différence avec la religion, il est temps de s’attaquer au morceau le plus sulfureux : les sciences occultes.
L’origine des mots : Caché vs Intérieur
Comme toujours, l’étymologie nous donne la première clé.
- Ésotérisme vient du grec esôteros (« intérieur »). C’est un mouvement vers le centre, vers l’esprit.
- Occultisme vient du latin occultus, qui signifie « caché, dissimulé »[1].
La nuance est subtile mais réelle : l’ésotérisme est une connaissance qui est secrète par nature (difficile à comprendre), alors que l’occultisme désigne des choses qui sont cachées par les hommes ou par la nature (les forces invisibles).
La distinction clé : Théorie vs Pratique
Pour faire simple, voici la meilleure façon de visualiser la différence :
L’ésotérisme est la philosophie (le Pourquoi).
L’occultisme est la technologie (le Comment).
L’ésotériste cherche à comprendre l’architecture de l’univers, les correspondances entre le ciel et la terre, et le sens de la vie. C’est une démarche contemplative et intellectuelle.
L’occultiste, lui, est un ingénieur du sacré. Il ne se contente pas de contempler les forces invisibles, il veut les utiliser. L’occultisme regroupe l’ensemble des arts et pratiques destinés à agir sur le monde invisible pour obtenir des résultats concrets.
L’analogie du physicien et de l’ingénieur
Imaginez l’électricité :
- Le physicien (l’ésotériste) étudie les lois théoriques de l’électron. Il veut savoir “ce que c’est”.
- L’ingénieur (l’occultiste) se fiche un peu de la théorie pure, il veut construire un circuit pour allumer une ampoule. Il veut savoir “comment ça marche”.
Le 19ème siècle : L’âge d’or de l’occultisme
Si le mot existe depuis la Renaissance, avec Agrippa par exemple, l’occultisme en tant que “système” est une invention assez récente. C’est au 19ème siècle, avec des figures comme Eliphas Lévi (l’homme qui a dessiné le fameux Baphomet) ou Papus, que le terme se popularise.
Ces auteurs ont voulu classer les “Sciences Occultes” de manière presque scientifique. Pour eux, la magie n’était pas du surnaturel, mais la maîtrise de lois naturelles encore inconnues de la science officielle[2].
Quelles sont les disciplines de l’occultisme ?
Si l’ésotérisme est le grand chapeau, l’occultisme regroupe les outils pratiques qui se trouvent dessous :
- La Magie (Haute et Basse) : L’art de provoquer des changements par la volonté (rituels, cérémonies).
- La Divination : L’art de lire les signes cachés (Tarot, Astrologie, Géomancie).
- L’Alchimie pratique : Le travail sur la matière (Spagyrie) pour créer des remèdes ou la Pierre Philosophale.
- Le Spiritisme : La communication avec les entités désincarnées (très en vogue au XIXe siècle).
Faut-il avoir peur de l’occultisme ?
C’est souvent le mot “occulte” qui effraie, car il est associé dans la culture pop aux démons et aux sectes. Mais l’occultisme est un outil neutre, comme un marteau.
Vous pouvez utiliser un marteau pour construire une maison (ce que les anciens appelaient la Théurgie ou Haute Magie, destinée à s’élever spirituellement) ou pour blesser quelqu’un (ce qu’on appelle la Sorcellerie ou Goétie).
Conclusion : Deux jambes pour marcher
Au final, peut-on être ésotériste sans être occultiste ? Oui, tout à fait. On peut étudier la Kabbale ou le symbolisme chrétien sans jamais tirer les cartes ni tracer un cercle magique.
Mais l’inverse est plus risqué : pratiquer l’occultisme sans la sagesse et la théorie de l’ésotérisme mène souvent à des désillusions… ou à des problèmes.
Sources et références :
[1] Définition du dictionnaire Larousse : Occultisme.
[2] Pour approfondir la vision du 19ème siècle, vous pouvez lire Dogme et Rituel de la Haute Magie d’Eliphas Lévi, disponible gratuitement sur Gallica (BnF).
