| Emplacement : | Abousir, secteur sud-est du complexe de Niouserrê |
| Date estimée de construction : | vers 2450–2400 av. J.-C. |
| Personnes à qui elle est destinée : | Probablement deux femmes royales de la Ve dynastie (identités inconnues) |
| Type : | Monument funéraire hybride (double pyramide / double mastaba) |
| Hauteur : | ~10 m (estimée) |
| Base : | 21 × 45 m |
| Particularité : | Structure double unique en Égypte ; plan rectangulaire et non carré ; architecture mixte entre pyramide et mastaba |
| État actuel : | Très ruinée ; seules les fondations et quelques assises subsistent |
Un monument unique dans toute l’histoire égyptienne
La pyramide Lepsius 25 est l’un des monuments les plus singuliers de la nécropole d’Abousir.
Contrairement aux autres pyramides répertoriées par Karl Richard Lepsius au XIXe siècle, elle ne suit pas un plan carré, mais un plan rectangulaire, et semble avoir été conçue comme un double complexe funéraire.
Cette particularité en fait un monument sans équivalent en Égypte : ni vraiment pyramide, ni mastaba traditionnel, ni tombe isolée.
Il s’agit probablement d’un complexe double pour deux femmes royales — peut-être des épouses ou des princesses de la cour de Niouserrê Ini.
Abousir : le domaine des temples solaires et des reines
Le monument se situe dans une zone densément occupée par les princes et les épouses royales de la Ve dynastie.
Abousir est alors le centre spirituel du culte solaire : les rois y érigent des temples dédiés à Rê, et leurs proches sont enterrés à proximité des complexes royaux afin d’être intégrés à la lumière divine.
Lepsius 25 se trouve non loin de :
– la pyramide de Niouserrê Ini,
– le complexe de Khentkaous II,
– les pyramides Lepsius 24 et 26,
– la chaussée royale.
Ce positionnement montre que les propriétaires du monument appartenaient au cercle intime du souverain.

Un plan inhabituel : un rectangle au lieu d’un carré
Contrairement aux pyramides classiques, la structure Lepsius 25 est bâtie sur un rectangle de 21 × 45 mètres.
Cette forme allongée a longtemps dérouté les égyptologues.
On y distingue deux entités symétriques :
– deux noyaux distincts,
– deux zones funéraires séparées,
– deux entrées probables.
La superstructure devait avoir l’apparence d’une pyramide très basse ou d’un mastaba très incliné, ce qui explique sa hauteur estimée d’à peine une dizaine de mètres.
L’édifice semble avoir été pensé comme une tombe double, probablement pour deux femmes royales liées par la parenté ou par la fonction.
Un monument entre mastaba et pyramide
Lepsius 25 est un parfait exemple d’architecture hybride :
– le plan rectangulaire évoque les grands mastabas de l’Ancien Empire,
– la présence d’un talus incliné rappelle une structure pyramidale,
– la symétrie interne renvoie à l’idée d’un complexe funéraire double,
– les restes architecturaux témoignent d’un souci de monumentalité malgré la taille modeste.
Cette combinaison témoigne peut-être d’un statut particulier de ses occupantes : des reines importantes mais non prioritaires dans l’ordre de la succession.

Les aménagements funéraires : deux tombes distinctes
Les fouilles ont révélé la présence de :
– deux puits funéraires séparés,
– deux chambres souterraines,
– des traces de corridors distincts,
– des zones de culte associées à chacune des deux parties du monument.
Si la datation reste incertaine, la technique de taille, les matériaux et la disposition s’accordent avec les pratiques funéraires de la Ve dynastie, notamment sous le règne de Niouserrê.
Une structure très ruinée et difficile à interpréter
Le monument est aujourd’hui dans un état extrêmement dégradé :
– le parement a totalement disparu,
– la superstructure n’existe plus,
– seules les assises les plus basses et la topographie du massif sont encore visibles.
Les archéologues doivent reconstituer la forme originale grâce :
– aux traces dans le sol,
– aux inclinaisons des blocs,
– à la comparaison avec les structures voisines.
Malgré cela, le caractère double du monument ne fait aucun doute : c’est ce qui le rend exceptionnel.
Une énigme qui éclaire la vie royale
Bien que Lepsius 25 soit modeste et en ruine, son importance est grande :
– elle témoigne d’un type de tombe rare et expérimental,
– elle montre l’importance accordée aux femmes de la cour,
– elle reflète l’organisation du harem royal et des lignages féminins,
– elle s’inscrit dans un paysage funéraire où les reines jouent un rôle central dans le culte solaire.
Le monument illustre peut-être une transformation du statut féminin au sein de la dynastie, ou un besoin d’honorer deux femmes associées au même roi.
Sous les pierres dispersées d’Abousir, Lepsius 25 murmure toujours une énigme :
un monument double pour deux destins royaux effacés par le temps.
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