Emplacement :Mazghouna Sud (au sud de Dahchour)
Date estimée de construction :vers 1790–1780 av. J.-C.
Personne à qui elle est destinée :Sobeknéferourê (Sobekneferou), dernière souveraine de la XIIe dynastie
Type de pyramide :à faces lisses (inachevée)
Hauteur :45 m (estimée)
Base :90 m
Particularité :Dernière pyramide royale du Moyen Empire ; superstructure jamais construite ; souterrains très avancés mais vide de tout mobilier royal
État actuel :Ruine totale ; noyau effondré ; seules les fondations et le plan interne subsistent

Sobeknéferourê : la reine qui porta l’Égypte dans le crépuscule

Sobeknéferourê, aussi connue sous le nom de Sobeknefru, est une figure unique :
elle est la première reine-pharaon attestée de l’histoire de l’Égypte, et la dernière souveraine de la XIIe dynastie, l’un des âges d’or du pays.
Fille d’Amenemhat III, co-régente peut-être avec Amenemhat IV, elle monte seule sur le trône à la mort de ce dernier.
Son nom signifie « La Beauté de Sobek », référence au dieu crocodile du Fayoum, protecteur des eaux et symbole de fertilité.
Sa brève période de règne marque un moment de bascule : l’Égypte est encore éclatante, mais déjà fragilisée par les tensions politiques, les recollements climatiques, et la complexité administrative d’un immense royaume.
Son complexe pyramidal, dressé à Mazghouna Sud, incarne cette transition : une ambition royale puissante, mais brisée par le temps et les circonstances.

Buste de Néférousobek. Musée égyptien de Berlin, perdu.

Mazghouna Sud : un tombeau aux portes de la fin

La pyramide attribuée à Sobeknéferourê se trouve à Mazghouna, à quelques centaines de mètres de celle d’Amenemhat IV.
Ces deux monuments — inachevés tous les deux — témoignent du déclin progressif de la XIIe dynastie.
Mazghouna est un paysage étrange :
– noyaux de briques écroulés,
– fosses béantes,
– chambres souterraines intactes mais abandonnées,
– un silence aride et mélancolique.
Là où Dahchour offrait encore la noblesse des grandes pyramides du Moyen Empire, Mazghouna évoque une époque où l’État n’avait plus les moyens d’achever ce qu’il entreprenait.
Pour Sobeknéferourê, cette pyramide devait être un symbole de légitimité et de pérennité — mais elle devint malheureusement l’image d’un royaume qui s’effrite.

Une pyramide fantôme : commencée, jamais achevée

Comme pour la pyramide d’Amenemhat IV, le plan initial est clair :
– base d’environ 90 m,
– hauteur d’environ 45 m,
– parement prévu en calcaire de Tourah,
– noyau en briques crues soutenu par une plate-forme de calcaire.
Mais contrairement à d’autres pyramides inachevées, la superstructure n’a jamais dépassé le niveau des fondations.
Seul le plan souterrain fut réellement développé :
un réseau de couloirs, de salles, de puits et d’aménagements similaires à ceux du complexe d’Amenemhat III à Dahchour.
L’architecture montre une maîtrise technique intacte mais des ressources limitées — comme si le chantier avait été brusquement stoppé.

Les souterrains : une tombe presque prête

Le système interne de la pyramide de Sobeknéferourê est impressionnant :
– un long couloir descendant,
– des dispositifs de blocage en granit,
– une chambre funéraire en quartzite,
– des salles secondaires destinées aux offrandes,
– un plan très proche de celui du tombeau de Mazghouna Nord.
La chambre funéraire, parfaitement taillée, devait accueillir un sarcophage monolithique, aujourd’hui absent.
Les dimensions et les techniques de construction indiquent une volonté de créer un tombeau royal complet, digne d’une souveraine-pharaon.
Cependant, aucun mobilier funéraire, aucune trace de corps, aucun fragment inscrit au nom de Sobeknéferourê n’a été découvert.
Le mystère de son lieu d’inhumation reste entier.

Pourquoi la pyramide fut-elle abandonnée ?

Plusieurs scénarios existent :
Décès soudain de Sobeknéferourê empêchant l’achèvement du monument ;
Crise politique majeure à la fin de la XIIe dynastie ;
Pénurie de ressources après les colossaux chantiers d’Amenemhat III ;
Instabilité administrative annonçant la Deuxième Période intermédiaire ;
Changement de politique funéraire, peut-être vers un tombeau plus discret.
Le fait que deux pyramides aient été abandonnées presque simultanément à Mazghouna illustre un effondrement brutal des projets royaux.

Les fouilles : un monument silencieux, mais révélateur

Explorée au début du XXe siècle, notamment par Flinders Petrie, la pyramide de Sobeknéferourê a livré :
– des traces d’outils,
– des fragments de calcaire,
– des pièces architecturales inachevées,
– des restes de couloirs soigneusement alignés,
– un sol parfaitement tracé pour accueillir la superstructure.
Mais aucun élément ne porte formellement le nom de la reine.
C’est l’analyse comparative des techniques et du style architectural qui a permis d’attribuer ce monument à Sobeknéferourê.

Héritage : la dernière reine de la lumière

La pyramide de Sobeknéferourê est un monument paradoxal :
presque invisible, mais symboliquement immense.
Elle marque :
la fin de la tradition pyramidale commencée plus de mille ans plus tôt par Djoser,
la disparition d’une dynastie brillante,
l’affaiblissement irréversible de l’État,
l’entrée de l’Égypte dans la Deuxième Période intermédiaire.
Sobeknéferourê, femme-pharaon régnant seule, porte en elle la majesté et le tragique de cette époque charnière.
Sa pyramide inachevée est comme un écho dans le désert :
la trace d’un pouvoir qui se voulait éternel, mais que les circonstances ont interrompu.

Sous le soleil de Mazghouna, dans le silence profond de ses ruines, on sent encore la présence d’une reine qui voulut faire face au destin :
Sobeknéferourê, la dernière flamme de la XIIe dynastie.

Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.

Étiqueté dans :

À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

Voir tous les articles