Emplacement :Mazghouna Nord (sud de Dahchour)
Date estimée de construction :vers 1800–1790 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Amenemhat IV, septième roi de la XIIe dynastie
Type de pyramide :à faces lisses (inachevée)
Hauteur :45 m (estimée)
Base :90 m
Particularité :L’un des complexes funéraires royaux les plus mystérieux ; structure souterraine presque complète mais superstructure inachevée
État actuel :Ruine totale, monticule de gravats ; souterrains relativement bien conservés

Amenemhat IV : le roi discret d’un empire en mutation

Amenemhat IV est un pharaon mystérieux.
Son règne, relativement court, survient à la toute fin de la XIIe dynastie, alors que l’Égypte entre dans une phase de transition politique et économique.
Il succède à Amenemhat III — l’un des plus grands souverains du Moyen Empire — et hérite d’un royaume puissant, mais affaibli par les tensions internes, les dépenses colossales des grands travaux et les bouleversements climatiques qui affectent les récoltes.
Amenemhat IV semble avoir poursuivi la politique de construction de ses prédécesseurs, mais avec des moyens plus limités.
Sa pyramide, située à Mazghouna, est l’un des témoignages les plus intrigants de cette période : un monument commencé avec ambition mais jamais achevé.

Sphinx d’Amenemhat IV, dont la tête est retravaillée à l’époque romaine.

Mazghouna : une nécropole d’horizon crépusculaire

Le site de Mazghouna, au sud de Dahchour, est un lieu étrange.
On y trouve deux pyramides inachevées :
– celle du nord, attribuée à Amenemhat IV,
– celle du sud, attribuée à la reine Sobeknéferou, dernière souveraine de la XIIe dynastie.
Ces deux monuments semblent marquer la fin d’une ère, comme un écho mélancolique à la grande tradition pyramidale du Moyen Empire.
Mazghouna est un paysage de ruines :
– noyaux de briques écroulés,
– massifs de calcaire épars,
– souterrains intacts mais sans superstructure,
– un silence presque sacré enveloppant les vestiges.
Ce lieu évoque la transition vers la Deuxième Période intermédiaire, où les pharaons ne construiront plus de pyramides monumentales.

Une pyramide inachevée mais techniquement ambitieuse

Bien que la superstructure d’Amenemhat IV ne fût jamais élevée, les architectes avaient conçu un plan précis :
– une base d’environ 90 mètres,
– une hauteur prévue d’environ 45 mètres,
– un parement en calcaire de Tourah,
– un noyau en briques crues reposant sur un massif de fondation en pierre.
L’entrée, comme toujours au nord, mène à un couloir soigneusement aménagé, descendant vers la chambre funéraire.
Celle-ci est l’un des éléments les plus remarquables du site :
– une vaste salle en quartzite jaune,
– un sarcophage monolithique massif,
– un système de herses élaboré,
– des blocs ajustés avec une précision millimétrique.
Cette chambre témoigne du haut niveau technique maintenu malgré les difficultés de l’époque.

Le réseau souterrain : une tombe presque achevée

Le labyrinthe interne de Mazghouna Nord est étonnamment complet.
Les archéologues y ont découvert :
– des couloirs inclinés et horizontaux,
– des fausses portes,
– des systèmes de fermeture en granit,
– des salles annexes destinées au mobilier funéraire,
– un plan très proche de celui de la pyramide d’Amenemhat III à Dahchour.
La présence d’un sarcophage en quartzite parfaitement poli indique que les préparatifs funéraires étaient avancés.
Mais aucun corps royal n’a été retrouvé, et aucun élément ne prouve qu’Amenemhat IV y fut inhumé.

Pourquoi la pyramide fut-elle abandonnée ?

Plusieurs hypothèses existent :
Mort subite du roi, laissant le projet inachevé ;
Transition rapide du pouvoir vers Sobeknéferou, sa sœur ou co-régente ;
Instabilité économique due à l’affaiblissement de l’État ;
Déplacement du lieu d’inhumation, peut-être vers un tombeau plus modeste ;
Premiers signes de la crise politique qui mènera à la Deuxième Période intermédiaire.
Le fait que Sobeknéferou ait elle-même une pyramide inachevée à quelques mètres seulement renforce l’idée d’un effondrement des moyens de l’État, incapable de poursuivre des monuments d’une telle envergure.

Fouilles et découvertes

Les premières explorations de Mazghouna furent menées au début du XXe siècle par Flinders Petrie et Ernesto Schiaparelli.
Elles révélèrent :
– le sarcophage colossal en quartzite,
– des fragments de poteries,
– des traces d’outils,
– des graffitis de chantier,
– et des blocs portant des marques de carriers.
Aucun objet royal marqué du nom d’Amenemhat IV n’a été retrouvé, mais les caractéristiques architecturales correspondent clairement au style de la fin de la XIIe dynastie.

Héritage d’un roi de l’ombre

Même inachevée, la pyramide d’Amenemhat IV raconte une histoire puissante :
celle d’un roi qui voulut maintenir la grandeur de la dynastie, mais dont les ressources ne suffirent plus à suivre la tradition des ancêtres.
Elle symbolise :
– la fin de la puissance du Moyen Empire,
– la fragilité du pouvoir royal,
– la transition vers un monde instable,
– le dernier souffle d’une grande lignée de bâtisseurs.
Les ruines de Mazghouna sont comme un dernier murmure avant l’obscurité de la Deuxième Période intermédiaire.

Dans ce monticule silencieux du désert, on entend encore l’écho de ce roi oublié :
Amenemhat IV, le souverain des temps crépusculaires.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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