| Emplacement : | Illahoun (Lahun), à l’entrée du Fayoum |
| Date estimée de construction : | vers 1880–1870 av. J.-C. |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Sésostris II (Senousret II), quatrième roi de la XIIe dynastie |
| Type de pyramide : | à faces lisses |
| Hauteur : | 48 m |
| Base : | 106 m |
| Particularité : | Entrée dissimulée au sud (un cas unique) ; découverte du trésor fabuleux de la princesse Sathathor |
| État actuel : | Très ruinée, mais passages internes et structure souterraine bien étudiés |
Sésostris II : le roi du Fayoum et de la prospérité
Le règne de Sésostris II marque un tournant fondamental de la XIIe dynastie : l’essor du Fayoum, cette vaste zone fertile qui devint l’un des greniers de l’Égypte.
Contrairement à ses prédécesseurs tournés vers Licht et Dahchour, Sésostris II décida de déplacer son complexe funéraire vers Illahoun, à la porte de la grande oasis.
Ce choix n’est pas qu’une décision logistique : il reflète une vision politique nouvelle.
Le roi souhaitait ancrer son pouvoir dans une région en plein développement agricole, symbole de prospérité et de renouveau.
C’est sous son règne que furent initiés les grands travaux d’irrigation du Fayoum, prélude à la splendeur économique du Moyen Empire.
Illahoun : un désert transformé en royaume
La pyramide de Sésostris II domine l’entrée du Fayoum, comme un gardien de pierre protégeant l’oasis et ses canaux.
Le site est très différent des nécropoles traditionnelles de Memphis :
– pas de grandes chaussées monumentales visibles,
– pas de temples massifs en calcaire blanc,
– mais une implantation stratégique, au croisement des routes agricoles et des zones d’expérimentation.
Ce paysage nouveau correspond parfaitement à la philosophie du roi : associer la monumentalité sacrée à une politique tournée vers la terre, le travail et la production.
Autour de la pyramide, on trouve :
– plusieurs tombes de princesses,
– des ateliers de potiers,
– des zones d’habitat pour les ouvriers,
– et même les restes d’une ville planifiée, Kahun, fondée pour accueillir les artisans et les prêtres du complexe funéraire.
Une pyramide ingénieuse et unique en son genre
La pyramide de Sésostris II mesurait environ 48 mètres de haut et 106 mètres de base, s’inscrivant dans la tradition du Moyen Empire où les dimensions restent raisonnables mais parfaitement proportionnées.
Son noyau était construit en briques crues, disposées autour d’un système interne en pierre.
Le parement, aujourd’hui disparu, était en calcaire blanc de Tourah.
Mais son innovation la plus remarquable est l’entrée :
elle se trouve au sud, et non au nord comme dans toutes les autres pyramides depuis l’Ancien Empire.
Cette dissimulation avait pour but de tromper les pilleurs.
Le véritable couloir d’accès était caché sous le dallage du temple sud, dans une configuration extrêmement complexe et astucieuse, conçue pour décourager les intrus.

Le réseau souterrain : un labyrinthe pour protéger la lumière
Sous la pyramide s’étend un réseau souterrain sophistiqué, mêlant couloirs, puits, salles et blocages successifs.
La chambre funéraire, taillée dans un bloc massif de quartzite, était dotée d’un couvercle monolithique pesant plusieurs tonnes.

Bien que la pyramide ait été pillée dans l’Antiquité, les archéologues ont retrouvé des traces d’un mobilier funéraire raffiné :
– fragments d’albâtre,
– éclats de cercueils,
– signes de dépôts d’offrandes.
Mais le plus extraordinaire se trouvait non pas dans la pyramide, mais dans les tombes princières adjacentes, où des trésors intacts attendaient leur redécouverte.

Le trésor de la princesse Sathathor : l’or du Moyen Empire
En explorant les tombes annexes du complexe, l’archéologue Flinders Petrie fit l’une des découvertes les plus époustouflantes du Moyen Empire.
Dans la tombe de la princesse Sathathor, fille de Sésostris II, reposaient des bijoux d’une finesse extraordinaire :
– pectoraux en or incrustés de cornaline, de turquoise et de lapis-lazuli,
– diadèmes,
– bracelets articulés,
– colliers complexes aux motifs solaires et lunaires.
Ces pièces comptent parmi les chefs-d’œuvre absolus de l’orfèvrerie égyptienne, témoignage flamboyant du raffinement des ateliers royaux.
Le trésor, miraculeusement intact, révèle l’importance du rôle des princesses dans la transmission de la légitimité dynastique.
Le temple funéraire : un sanctuaire disparu
Le temple funéraire, construit sur le côté sud, est très mal conservé.
On y a retrouvé :
– quelques fragments d’autels,
– des bases de colonnes,
– des dalles sculptées,
– et des traces d’enduits colorés.
Il semble que le temple, moins monumental que ceux de Licht ou Dahchour, ait été conçu pour s’intégrer dans un environnement actif, proche des zones agricoles et de la ville de Kahun.
Le culte funéraire de Sésostris II perdura plusieurs générations, mais la fragilité des matériaux a eu raison du monument.

Héritage et sens spirituel
La pyramide de Sésostris II reflète une vision nouvelle de la royauté :
– un pharaon constructeur,
– un roi agronome,
– un souverain qui unit le soleil, la terre et l’eau.
Le Fayoum devient sous son règne un paradis d’ingénierie hydraulique, symbole de la fertilité retrouvée.
Sa pyramide, bien que modeste en apparence, incarne cette philosophie : une architecture subtile, pensée pour protéger l’essentiel, tournée vers l’avenir, enracinée dans le réel.
Même ruinée, elle reste un pivot spirituel du Moyen Empire, une porte entre la lumière du soleil et la richesse de la terre fertile.
Sous le sable d’Illahoun, on entend encore le souffle d’un roi qui voulut bâtir un monde de prospérité :
Sésostris II, celui qui ouvrit les portes du Fayoum.
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