Emplacement :Licht (entre Saqqarah et Meïdoum)
Date estimée de construction :vers 1970 av. J.-C.
Pharaon à qui elle est destinée :Amenemhat Ier, fondateur de la XIIe dynastie
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :55 m
Base :84 m
Particularité :Première pyramide du Moyen Empire, réintroduit la tradition royale de l’Ancien Empire
État actuel :Très ruinée, structure de briques crues effondrée, vestiges du temple et du couloir d’accès visibles

Le roi Amenemhat Ier : le restaurateur de l’ordre

Le pharaon Amenemhat Ier est considéré comme le fondateur de la XIIe dynastie, l’un des règnes les plus stables et prospères du Moyen Empire. Après une longue période de troubles internes et de division du pouvoir, ce souverain sut réunifier l’Égypte et redonner à la royauté sa splendeur passée.
Son nom, « Amon est à la tête », reflète déjà cette volonté de renouveau politique et spirituel : sous son règne, le culte d’Amon prend une importance croissante, prélude à la théologie thébaine.
En choisissant de construire sa pyramide à Licht, entre les anciennes nécropoles memphites et les nouveaux centres du sud, Amenemhat Ier fit un choix hautement symbolique : celui d’unir à nouveau le Nord et le Sud, la tradition et le renouveau.

Licht : le lien entre deux mondes

La pyramide d’Amenemhat Ier marque la renaissance du concept royal de pyramide, après plusieurs siècles d’abandon.
Située à Licht, à la lisière du désert du Fayoum, elle se trouve à mi-chemin entre Saqqarah, berceau de l’Ancien Empire, et Thèbes, le cœur religieux du Moyen Empire.
Ce choix d’emplacement n’est pas un hasard : il exprime la volonté du roi de rétablir le centre symbolique du royaume, dans un lieu charnière entre l’ancien et le nouveau monde.
Licht devient ainsi la nouvelle nécropole royale, où seront enterrés plusieurs pharaons de la XIIe dynastie, notamment son fils Sésostris Ier.

Une architecture qui réinvente la tradition

La pyramide d’Amenemhat Ier reprend les principes de l’Ancien Empire, mais avec des matériaux et des techniques différentes.
Sa base mesure environ 84 mètres de côté pour une hauteur originelle d’environ 55 mètres.
Le noyau est constitué de briques crues, un matériau plus léger et plus rapide à mettre en œuvre que les blocs de calcaire massif des pyramides de Gizeh. Le tout était recouvert d’un parement de calcaire blanc provenant de Tourah, aujourd’hui disparu.

L’entrée, orientée au nord comme dans la tradition, donne accès à un couloir descendant menant à la chambre funéraire, creusée dans la roche et renforcée par des dalles de granit.
Bien que très ruiné, l’ensemble montre un effort pour recréer la symbolique solaire des anciens pharaons : le roi, dans sa pyramide, devient de nouveau l’axe entre la terre et le ciel.

Entrée de la pyramide.

Le temple funéraire : un sanctuaire de renaissance

À l’est de la pyramide se trouvait le temple funéraire, aujourd’hui en grande partie disparu. Il comportait une cour à colonnes, un autel d’offrandes, et des salles de culte où l’on célébrait la régénération du roi.
Des fragments de reliefs retrouvés sur place montrent des scènes d’offrandes au dieu Osiris, mais aussi au dieu , confirmant la fusion des deux traditions religieuses — solaire et osirienne — typique du Moyen Empire.
Les vestiges d’une chaussée montante reliaient le temple au temple bas, situé à proximité du Nil, où les cérémonies d’embaumement et de purification avaient lieu avant le transfert du corps royal.
Autour du complexe, plusieurs pyramides secondaires et tombes de hauts dignitaires furent érigées, notamment celles de ministres et de généraux, témoignant d’une cour prospère et centralisée.

Structure de la pyramide selon Lepsius.

La symbolique du renouveau

Avec la pyramide d’Amenemhat Ier, l’Égypte retrouve une stabilité et un idéal spirituel perdus depuis la chute de l’Ancien Empire.
La pyramide ne représente plus seulement la demeure du roi défunt, mais aussi le symbole de la résurrection du royaume tout entier.
Le roi, en s’associant à Amon et à Rê, devient l’intermédiaire entre les deux horizons : il meurt dans l’ouest pour renaître dans la lumière du levant.
Cette double dimension — politique et cosmique — fait d’Amenemhat Ier le passeur entre deux âges, celui qui relie la grandeur des anciens bâtisseurs à la sagesse du Moyen Empire.

Découvertes archéologiques

Les premières fouilles du site de Licht furent menées au XIXe siècle, puis reprises par Dietrich Wildung et Arnold dans la seconde moitié du XXe.
On y découvrit les restes du sarcophage royal, plusieurs fragments d’inscriptions, et des blocs sculptés portant encore le cartouche d’Amenemhat Ier.
Les analyses ont montré que la pyramide s’était effondrée très tôt, probablement en raison de la fragilité de son noyau de briques crues, rongé par les eaux souterraines.
Malgré cet effondrement, le plan général du complexe reste lisible, et son importance symbolique considérable : il marque le retour du concept de royauté sacrée, après les temps troublés de la Première Période intermédiaire.

Héritage et mémoire

La pyramide d’Amenemhat Ier est bien plus qu’un monument funéraire : c’est une déclaration d’intention.
Elle annonce la philosophie du Moyen Empire, une ère d’équilibre entre pouvoir, foi et raison, où la monarchie se fait lumière et non domination.
Le roi n’est plus seulement un dieu sur terre, mais un guide de l’harmonie cosmique, garant de la Maât — l’ordre universel.
Même ruinée, la pyramide de Licht reste le symbole d’une renaissance : celle d’un peuple et d’un idéal, émergeant des ténèbres du chaos pour retrouver la clarté du soleil.

Sous les débris du désert, les pierres de Licht murmurent encore le serment d’un roi :
Amenemhat Ier, celui qui fit renaître l’Égypte.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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