Emplacement :Saqqarah Sud, dans le complexe funéraire de Pépi II
Date estimée de construction :vers 2200 av. J.-C.
Pharaon associé :Pépi II
Personne à qui elle est destinée :Reine Ipout II, épouse de Pépi II
Type de pyramide :à faces lisses
Hauteur :environ 20 m (environ 38 à 40 coudées royales)
Base :environ 25 m (environ 47 coudées royales)
Particularité :Contient des Textes des Pyramides gravés sur les parois ; sarcophage en calcaire fin retrouvé sur place
État actuel :Fortement ruinée, mais chambres internes et inscriptions encore visibles

Ipout II : une reine dans le déclin d’un monde

La reine Ipout II, épouse du pharaon Pépi II, vécut dans les dernières décennies de l’Ancien Empire — un temps de splendeur fanée, où les monuments gardaient encore la forme sacrée de la gloire passée, mais où le royaume s’effritait lentement.
Son nom, Ipout, déjà porté par la grand-mère de Pépi II, signifie « Celle qui apporte la douceur ».
C’est un nom de paix, de fertilité et d’équilibre, parfaitement accordé à son rôle : celui d’une reine apaisante dans un empire qui vacille.
Dans la cour vieillissante de Pépi II, Ipout II représente sans doute la figure maternelle et protectrice du roi, la gardienne du foyer royal, la médiatrice entre la divinité et l’humain.

Le complexe funéraire de Pépi II : la constellation des reines

La pyramide d’Ipout II se situe au sud du complexe royal de Pépi II, dans la zone appelée Saqqarah Sud. Autour de la pyramide du roi se déploie un véritable quartier féminin sacré : celui de ses épouses et mères royales.
Les pyramides de Neith, Oudjebten et Ipout II s’y dressaient autrefois, chacune entourée d’un temple funéraire, d’une enceinte murale et d’une chapelle d’offrandes. L’ensemble formait une cour céleste, où les reines, à l’image des étoiles, gravitaient autour du roi-soleil.
Dans cet espace sacré, la pyramide d’Ipout II, bien que modeste, s’impose par son raffinement architectural et la présence rare de Textes des Pyramides, signe d’un statut spirituel exceptionnel pour une reine.

L’architecture : l’élégance d’une pyramide féminine

La pyramide d’Ipout II, haute d’environ 20 mètres et bâtie sur une base de 25 mètres, reprenait les canons classiques de la VIᵉ dynastie.
Son noyau en calcaire local était recouvert d’un parement de Tourah d’un blanc pur, aujourd’hui disparu.

L’entrée, orientée au nord, mène à un couloir descendant qui débouche sur un vestibule et une chambre funéraire, au plafond sculpté de motifs étoilés.
Les parois sont ornées d’inscriptions gravées et peintes en vert — les Textes des Pyramides —, qui évoquent l’ascension de la reine vers les étoiles et son union mystique avec les dieux.
Le sarcophage, taillé dans un calcaire fin, fut retrouvé brisé, mais sa forme sobre et son polissage témoignent d’un art encore maîtrisé malgré la décadence du pouvoir central.

Les Textes des Pyramides : la voix des reines divinisées

L’un des aspects les plus fascinants de la pyramide d’Ipout II réside dans la présence des Textes des Pyramides, un privilège longtemps réservé aux rois. Ces inscriptions funéraires, héritées des monuments de Téti, Pépi Ier et Mérenrê, furent adaptées ici au langage symbolique du féminin.
Elles ne décrivent pas une conquête du ciel guerrière ou solaire, mais une élévation douce et maternelle vers la lumière.
La reine y devient « Celle qui donne naissance à la clarté », un être intermédiaire entre Osiris et Rê, entre la mort et la renaissance.
Ces textes traduisent une véritable mutation religieuse : la reconnaissance de la puissance spirituelle des reines, capables, elles aussi, d’accéder à la résurrection cosmique.

Le temple funéraire : un sanctuaire de pureté

Le temple accolé à la pyramide d’Ipout II, bien que ruiné, a livré de précieux fragments :

  • des bas-reliefs représentant la reine recevant des offrandes de prêtres et de porteurs d’encens ;
  • des tables d’offrandes en calcaire, dédiées à « l’épouse royale bien-aimée de Pépi » ;
  • et des poteries votives, vestiges d’un culte posthume actif plusieurs générations après sa mort.

Le plan du temple était simple : une cour à ciel ouvert, une chapelle d’offrandes, et un autel central.
Ces lieux incarnaient l’union du visible et de l’invisible, où les prêtres de Saqqarah répétaient chaque jour les rituels destinés à nourrir l’âme de la reine dans l’éternité.

Découvertes archéologiques : le souffle du passé

Les fouilles du complexe de Pépi II, menées dans les années 1920 et 1930 par Gustave Jéquier, permirent d’identifier la pyramide d’Ipout II grâce à des fragments d’inscriptions portant son nom.
La chambre funéraire fut dégagée presque intacte, révélant les parois gravées et le plafond étoilé.
Les reliefs du temple furent catalogués et transportés dans plusieurs musées, notamment au Caire et à Berlin.
Jéquier nota la finesse exceptionnelle des hiéroglyphes et l’équilibre du plan, preuve que, même dans la pauvreté des temps, la rigueur sacrée de l’Égypte ne s’était pas éteinte.

Héritage et portée spirituelle

La pyramide d’Ipout II, comme celles de Neith et d’Oudjebten, marque l’ultime souffle de la tradition pyramidale féminine.
Après elle, plus aucune reine d’Égypte ne bénéficiera d’un tel tombeau royal. Elle incarne une époque où le pouvoir féminin atteignait une dimension cosmique : la reine n’était plus seulement compagne du pharaon, mais gardienne du cycle de la lumière, garante de l’équilibre entre le ciel et la terre.
Ipout II, dans sa tombe d’étoiles et de calcaire, devient l’image même de la déesse-mère, celle qui protège, guide et renaît.

Et quand le vent du désert souffle sur Saqqarah, il fait chanter les pierres effondrées de sa pyramide comme un écho venu d’un autre âge, rappelant qu’un jour, sous la lumière d’un roi vieillissant, une reine du nom d’Ipout rêva encore d’éternité.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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