Nichée aux confins du désert, la pyramide de Menkaouhor — parfois attribuée à Mérikarê II — figure parmi les monuments les plus énigmatiques de Saqqarah Nord. Complètement détruite aujourd’hui, elle n’en reste pas moins un site majeur pour comprendre les transitions architecturales et politiques entre la Ve et la Xe dynastie.

Une pyramide disparue aux limites du plateau de Saqqarah

La pyramide, référencée sous le numéro 29 dans le catalogue de Karl Richard Lepsius, se trouve à Saqqarah Nord, sur le rebord oriental du plateau désertique, non loin du temple funéraire du pharaon Téti Ier (règne entre 2321 et 2291 av. J.-C.).

Aujourd’hui, il ne subsiste plus rien du monument, sinon des amas de décombres et quelques fragments épars.
Les habitants de la région la surnomment la “pyramide sans tête” (Headless Pyramid), tant son sommet et ses structures supérieures ont disparu depuis longtemps sous le sable et les siècles.

Les dimensions initiales, d’environ 65 mètres sur 68, laissent imaginer un monument modeste mais typique des pyramides de la fin de la Ve dynastie.

Redécouverte et premières hypothèses

Les premières fouilles remontent au XIXe siècle, mais ce sont surtout celles de Gaston Maspero qui ont permis de mieux cerner le site.
Dans les éboulis du puits de la chambre funéraire, il mit au jour plusieurs fragments de sarcophage en granit rose, ainsi qu’un couvercle en pierre gris-bleu, témoignant d’un certain raffinement dans la construction du tombeau royal.

Au XXe siècle, les égyptologues Jean-Philippe Lauer, Jean Leclant et Vito Maragioglio avancèrent une hypothèse décisive : selon eux, la pyramide fut construite durant la Ve dynastie et appartiendrait au pharaon Menkaouhor, souverain dont le règne se situe entre 2398 et 2389 av. J.-C.

L’attribution contestée : Mérikarê II ou Menkaouhor ?

Cette identification ne fait pas l’unanimité.
Le célèbre archéologue Mark Lehner, spécialiste des pyramides égyptiennes, a proposé une tout autre lecture : selon lui, les ruines appartiendraient non pas à la Ve dynastie, mais à la Xe dynastie, et seraient le tombeau du roi Mérikarê II (WAD-swt-mry-kA-ra).

Pourtant, de nombreux indices plaident en faveur d’une origine plus ancienne.
D’après les travaux de Miroslav Verner, l’orientation du couloir d’accès à la chambre funéraire, légèrement déviée de l’axe nord-sud, correspond précisément à la typologie architecturale des pyramides de la Ve dynastie, notamment celles des règnes de Néferirkarê Kakaï (2446-2438) et de Djedkarê Isési (2389-2357).

Téti Ier et la preuve du complexe préexistant

Un autre argument en faveur de Menkaouhor vient du plan du complexe funéraire de Téti Ier.
Lors de sa construction, les architectes durent modifier l’orientation du site pour éviter une structure déjà présente : cette ancienne pyramide, selon plusieurs spécialistes, ne pouvait être autre que celle de Menkaouhor.
Cette cohabitation forcée entre deux complexes royaux témoigne du continuum sacré du plateau de Saqqarah, encore actif plusieurs décennies après la fin de la Ve dynastie.

Une énigme entre sable et dynasties

Malgré les découvertes de l’automne 2008, qui ont confirmé l’existence d’éléments attribuables à Menkaouhor, la controverse demeure.
La pyramide, presque entièrement détruite, échappe à une identification définitive : sa position, son plan et ses fragments épars nourrissent encore aujourd’hui le débat entre égyptologues.

Qu’elle appartienne à Menkaouhor, dernier roi pleinement reconnu de la Ve dynastie, ou à Mérikarê II, souverain méconnu de la Xe dynastie, elle reste un jalon essentiel dans la chronologie funéraire de l’Égypte ancienne.

ÉlémentDétail
LocalisationSaqqarah Nord, bord du plateau désertique
Dynastie probableVe ou Xe dynastie
Attribution principaleMenkaouhor (2398–2389 av. J.-C.)
Attribution alternativeMérikarê II (Xe dynastie)
Base65 m x 68 m
Archéologues clésKarl Richard Lepsius, Gaston Maspero, Jean-Philippe Lauer, Jean Leclant, Vito Maragioglio, Mark Lehner
Découvertes notablesFragments de sarcophage en granit rose et couvercle en pierre gris-bleu
ParticularitéOrientation atypique du couloir funéraire (typique de la Ve dynastie)

Un monument entre deux mondes

La pyramide de Menkaouhor, aujourd’hui effacée par le temps, symbolise la frontière entre deux ères :
celle de la grande tradition des pyramides royales et celle des époques de fragmentation politique.
Son étude continue d’alimenter les recherches sur l’évolution de l’architecture funéraire et sur la longévité du culte royal dans la nécropole de Saqqarah.

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À propos de l'auteur

Tony

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