Blanche-Neige et les sept nains : une lecture alchimique et symbolique du conte

« Blanche-Neige avait la peau blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang et les cheveux noirs comme l’ébène. » Cette phrase, connue de tous, est tirée du conte des frères Grimm publié en 1812.

Derrière son apparente simplicité, Blanche-Neige et les sept nains cache une dimension initiatique et alchimique. Plus qu’une histoire pour enfants, ce récit ancien nous parle de transformation intérieure, de pureté et du Grand Œuvre.

Blanche-Neige et l’alchimie

Dans l’interprétation de l’alchimiste Patrick Burensteinas, Blanche-Neige incarne la matière première. Ses trois couleurs – noir, blanc et rouge – correspondent aux trois étapes du Grand Œuvre alchimique :

• Œuvre au noir : décomposition de la matière.
• Œuvre au blanc : purification et recomposition.
• Œuvre au rouge : illumination et transmutation finale.

Le conte devient alors une parabole : Blanche-Neige, c’est nous, en quête d’élévation spirituelle.

La reine : figure de l’envieux

La méchante reine représente l’envieux, celui qui cherche la connaissance pour le pouvoir. Obsédée par son miroir, elle illustre l’orgueil et l’attachement aux apparences. Son rôle est d’empêcher Blanche-Neige d’accomplir son initiation.

Le soufre, le mercure et le sel

En alchimie, trois principes fondamentaux composent toute matière :

• Soufre : l’âme et les émotions.
• Mercure : l’esprit.
• Sel : le corps.

La reine tente à trois reprises de s’emparer de Blanche-Neige : en coupant son souffle (soufre), en empoisonnant ses cheveux (mercure), puis en lui offrant la pomme fatale (sel). Chacune de ces étapes symbolise une épreuve de purification.

Les sept nains et les sept opérations

Les sept nains ne sont pas de simples compagnons. Ils représentent les sept opérations alchimiques nécessaires à la transmutation : maîtrise de la peur, écoute, reliance, maîtrise de la violence, équilibre face au pouvoir, unité…

Blanche-Neige mange et boit dans leurs sept assiettes et gobelets : elle se nourrit de ces opérations. En retour, elle entretient leur foyer, symbole du fait que l’initié nourrit son chemin spirituel autant qu’il en est nourri.

La mort apparente et la renaissance

Lorsque Blanche-Neige croque la pomme, elle tombe dans une mort symbolique. Placée dans un cercueil de verre en haut de la montagne, elle attend la lumière représentée par le prince. Ce dernier n’est pas un sauveur extérieur, mais l’image de la lumière intérieure qui fait renaître la matière purifiée.

Enfin, la reine meurt dans des souliers de fer brûlants, contrainte de danser jusqu’à la fin. Cette scène illustre la destruction des impuretés : les scories doivent être brûlées pour que la matière devienne parfaite.

Un conte initiatique

Loin d’être une simple histoire pour enfants, Blanche-Neige et les sept nains est un véritable récit initiatique. Il nous invite à :

• travailler sur nos émotions (soufre),
• purifier notre esprit (mercure),
• transformer notre corps (sel),
• et traverser les étapes du Grand Œuvre jusqu’à la renaissance.

Ce conte, comme d’autres récits populaires, nous rappelle que les histoires anciennes sont des manuels spirituels déguisés. Elles piquent notre curiosité et nous poussent à chercher la lumière en nous-mêmes.

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