Le Petit Chaperon Rouge : une lecture alchimique et symbolique du conte

Peu importe notre âge, nous connaissons tous l’histoire du Petit Chaperon Rouge. Ce conte, popularisé par Charles Perrault et plus tard par les frères Grimm, met en scène une petite fille, sa grand-mère et un loup. Derrière sa simplicité apparente, il cache pourtant des zones d’ombre et une richesse symbolique qui méritent d’être explorées.

Certaines versions anciennes, issues de la tradition orale, sont bien plus sombres que celles que l’on raconte aux enfants aujourd’hui. Dans l’une d’elles, recueillie au XIXe siècle par Achille Millien, le Chaperon Rouge mange la chair de sa propre grand-mère et boit son sang, avant d’être confrontée au « bzou », un loup-garou. Ce récit choquant devient plus compréhensible si on le lit à travers une grille de lecture alchimique.

L’alchimie et le Grand Œuvre

Dans la tradition alchimique, le chemin initiatique se divise en trois étapes :

  • L’Œuvre au noir : phase de séparation, de lutte contre ses émotions et ses impuretés.
  • L’Œuvre au blanc : purification, introspection et recherche de la pureté.
  • L’Œuvre au rouge : coagulation, union des forces et accomplissement de la quête spirituelle.

Ces trois étapes, appelées aussi solve et coagula (« dissoudre et coaguler »), représentent le processus de transformation intérieure qui mène à la connaissance de soi. Or, on retrouve ce cheminement dans le conte du Petit Chaperon Rouge.

Le bzou et l’Œuvre au noir

Le bzou, version ancienne du loup, est un homme atteint de lycanthropie. Ce loup-garou symbolise l’animalité et le bouillonnement intérieur que chacun doit apprendre à maîtriser. Il incarne l’Œuvre au noir : l’affrontement avec ses instincts, la confrontation avec ce qui sommeille en nous.

La rencontre entre le bzou et la petite fille a lieu à une croisée de chemins, représentant le choix initiatique. Mais les deux options proposées – le chemin des aiguilles ou celui des épingles – semblent identiques. Cette « illusion du choix » rappelle un thème récurrent de l’alchimie et de la philosophie : avons-nous réellement un libre arbitre, ou tout est-il écrit à l’avance ?

Le lait et l’Œuvre au blanc

Dans certaines versions, le lait que transporte la petite fille est abandonné au cours du récit. Or, dans de nombreuses traditions, le lait symbolise la pureté, la fertilité et même l’immortalité. En Inde, en Égypte ou en Grèce, il est associé à la régénération et à la vie éternelle.

En alchimie, on parle parfois de « lait de la Vierge » pour désigner la pierre philosophale. La petite fille qui transporte du lait devient ainsi l’image de la purification et de l’Œuvre au blanc.

Le sang et l’Œuvre au rouge

La dimension la plus frappante du conte reste l’évocation du sang. Lorsque la petite fille est invitée à boire celui de sa grand-mère, nous passons à l’Œuvre au rouge. Le rouge, couleur de la coagulation, de la vie et de l’amour, symbolise l’achèvement de la quête alchimique.

Le sang incarne la quintessence, ce cinquième élément cher aux alchimistes : l’énergie qui traverse et illumine le corps et l’âme.

Le dépouillement et la transformation

Un passage marquant du conte décrit la petite fille qui retire ses vêtements et les jette au feu avant de se coucher auprès du bzou. Ce geste, choquant en apparence, est hautement symbolique : il représente le dépouillement des attaches sociales et matérielles. En alchimie, c’est le moment où l’on se défait de ses scories pour atteindre sa véritable nature intérieure.

Enfin, les célèbres répliques « que vous avez de grands yeux », « de grandes oreilles », « de grandes dents » symbolisent la découverte du nouveau corps alchimique, purifié et transformé par le Grand Œuvre.

Une morale cachée

Le Petit Chaperon Rouge est donc bien plus qu’un conte moral sur la naïveté et la ruse. C’est une allégorie initiatique, qui illustre les étapes de la transformation intérieure :

  • dompter son animalité (Œuvre au noir),
  • se purifier (Œuvre au blanc),
  • puis atteindre l’accomplissement spirituel (Œuvre au rouge).

Ce récit, en apparence absurde ou effrayant, prend alors tout son sens : il nous invite à regarder au-delà des images, à comprendre que derrière l’animalité et le sang se cache un enseignement sur la quête de soi et l’élévation spirituelle.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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