La marelle, un jeu d’école aux racines symboliques

Qui n’a jamais vu une marelle tracée à la craie dans une cour d’école ? À première vue, ce jeu semble anodin : un caillou, quelques cases numérotées et des sauts à cloche-pied. Pourtant, derrière cette apparente simplicité se cache une symbolique profonde, héritée de traditions religieuses et ésotériques.

Terre et ciel : un voyage initiatique

Dans sa forme la plus courante, la marelle commence par une case appelée Terre et s’achève sur une case Ciel, souvent représentée par un demi-cercle. Entre les deux, sept cases numérotées forment le parcours. Le joueur part de la Terre, lance une pierre et avance jusqu’au Ciel, avant de revenir en arrière.

Il existe aussi une variante avec neuf cases, où la dernière représente l’Enfer, qu’il faut éviter pour atteindre le Ciel. Dans tous les cas, la marelle raconte une histoire universelle : quitter le monde matériel pour s’élever vers la sphère spirituelle.

La marelle et le pèlerinage de Compostelle

Le terme « marelle » vient en réalité de « mérelle », qui désignait autrefois la coquille Saint-Jacques, symbole des pèlerins de Compostelle. Cette coquille jouait un rôle protecteur et marquait l’accomplissement du voyage. Elle était elle-même associée à Vénus/Aphrodite, déesse de la naissance et de l’aurore, renforçant l’idée de renaissance spirituelle.

Visuellement, la marelle rappelle aussi le plan d’une église :

  • Terre = le narthex (l’entrée)
  • Cases 1 et 2 = la nef
  • Cases 3 et 4 = le transept
  • Case 5 = prolongement de la nef
  • Cases 6 et 7 = le chœur
  • Ciel = l’abside

Chaque pas du joueur reproduit symboliquement le passage du profane vers le sacré.

Le sens de la boiterie

La marelle impose de sauter sur un pied, ce qui oblige le joueur à progresser en boitant. Or, dans de nombreuses traditions initiatiques, le boiteux symbolise celui qui est encore imparfait mais en chemin vers l’élévation.

On retrouve ce symbole dans l’iconographie chrétienne avec Saint Roch, patron des pèlerins, représenté blessé à la jambe. Il apparaît aussi dans le Tarot avec la carte du Mat, et dans l’initiation maçonnique, où l’impétrant adopte une posture partiellement dénudée pour symboliser son état inachevé avant l’initiation.

Les nombres sacrés

Le jeu repose souvent sur 7 cases principales, un chiffre de perfection et de complétude, omniprésent dans la Bible (les 7 églises d’Asie, les 7 trompettes, les 7 esprits autour du trône divin…).

La variante à 9 cases n’est pas moins riche en symbolisme : 9 est le dernier chiffre de la série décimale et représente l’accomplissement. Au-delà, avec le 10 (1 + 0), on revient à l’unité, au principe originel.

L’ombre de l’alchimie

Un détail fait le lien avec la tradition alchimique : pour avancer, il faut jeter une pierre, véritable guide du joueur. Difficile de ne pas y voir une analogie avec la pierre philosophale, but ultime de l’alchimiste.

De plus, les 7 cases rappellent les sept opérations alchimiques : calcination, dissolution, séparation, conjonction, fermentation, distillation et coagulation. La progression dans le jeu devient alors une métaphore du Grand Œuvre.

Un jeu initiatique

Qu’il soit lu à travers le christianisme, le pèlerinage ou l’alchimie, le jeu de la marelle est loin d’être une simple distraction enfantine. Il représente un chemin spirituel, une ascension de la Terre vers le Ciel, du profane vers le sacré, du matériel vers l’éveil.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez des enfants jouant à la marelle, souvenez-vous que ce jeu ancestral raconte aussi l’histoire de l’âme en quête d’élévation.

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À propos de l'auteur

Tony

Créateur et animateur de la chaine youtube mysteria, je navigue entre ésotérisme, occultisme, archéologie alternative, spiritualité etc. J'essaie de traiter tous ces sujets passionnants avec une juste dose d'esprit critique, pour explorer les mondes immatériels tout en gardant les pieds sur terre.

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