| Emplacement : | Abousir, nécropole royale de la Ve dynastie |
| Date estimée de construction : | vers 2450–2400 av. J.-C. |
| Personne à qui elle est destinée : | Probablement une épouse du roi Niouserrê Ini (peut-être Reputneb), attribution incertaine |
| Type : | Pyramide à faces lisses de petite taille |
| Hauteur : | 27 m |
| Base : | 31,5 m |
| Particularité : | Présence d’une pyramide de culte et d’un temple funéraire très réduit |
| État actuel : | Très ruinée, noyau en grande partie effondré, parement disparu |
Une reine de l’ombre dans l’un des plus grands ensembles d’Abousir
La pyramide Lepsius 24, nommée ainsi par l’égyptologue Karl Richard Lepsius dans son catalogue du XIXe siècle, est l’un des monuments les plus mystérieux d’Abousir.
Elle se situe à proximité immédiate de plusieurs complexes funéraires royaux de la Ve dynastie, mais son identité reste voilée : aucun cartouche, aucun nom, aucun titre n’a été retrouvé sur le site.
Les archéologues supposent cependant qu’elle fut bâtie pour une épouse ou une mère royale de Niouserrê Ini, l’un des souverains les plus importants de la dynastie.
Le monument appartient donc à l’environnement intime du pouvoir, au cœur d’une des périodes les plus créatives de l’Ancien Empire.
Abousir : la ville des rois du soleil
Le site d’Abousir, entre Saqqarah et Gizeh, est réputé pour ses temples solaires et ses pyramides.
Là, les souverains de la Ve dynastie ont développé une architecture profondément marquée par le culte du dieu Rê, qui devient la source centrale du pouvoir royal.
La pyramide Lepsius 24 s’inscrit dans cet ensemble :
– elle est située près des complexes de Sahourê, de Néferirkarê et de Niouserrê,
– elle utilise les mêmes matériaux,
– elle suit le même principe de conception des pyramides-reines.
Bien que modeste en taille, elle reflète la même symbolique cosmique : l’élévation de l’épouse royale vers la lumière solaire.
Une petite pyramide à la structure classique
Avec une base d’environ 31,5 mètres et une hauteur d’environ 27 mètres, Lepsius 24 fait partie des pyramides secondaires, destinées aux reines ou aux membres de la famille royale.
Elle était conçue selon un schéma simple :
– un noyau en calcaire grossier,
– un parement de calcaire blanc provenant probablement de Tourah,
– une orientation précise selon les points cardinaux,
– une entrée nord menant à un couloir descendant,
– une chambre funéraire modeste, creusée dans la roche et renforcée par quelques assises de blocs.
Aujourd’hui, l’ensemble est presque entièrement ruiné : il ne reste qu’un amas de pierres érodées, un relief effondré qui ne préserve que l’empreinte géométrique d’une pyramide.

Le temple funéraire : un sanctuaire intime
Malgré son état très fragmentaire, les fouilles ont mis au jour les restes d’un petit temple funéraire, adossé à la face est du monument.
On y distingue :
– un autel d’offrandes,
– une cour très réduite,
– quelques fragments de murs en calcaire,
– et les fondations d’une salle de culte.
L’ensemble montre une volonté de respecter le modèle funéraire classique, mais dans une version condensée et plus modeste.
À proximité, on a également retrouvé la base d’une petite pyramide de culte, élément typique des complexes royaux féminins du Ve et du VIe dynastie.

Une attribution encore débattue
Aucune inscription conservée ne permet de trancher définitivement sur la propriétaire du monument.
Plusieurs hypothèses existent :
– Reputneb, une épouse de Niouserrê, dont le nom apparaît dans d’autres complexes d’Abousir ;
– une reine anonyme, peut-être une mère royale ou une princesse de haut rang ;
– ou même une épouse secondaire dont les traces ont été perdues au fil des siècles.
L’emplacement — proche du complexe de Niouserrê — renforce toutefois l’idée d’une forte connexion familiale avec ce roi.
Les fouilles : quelques pierres, beaucoup de silence
Explorée dès le XIXe siècle, puis revisitée par des missions modernes tchèques et allemandes, la pyramide Lepsius 24 n’a jamais livré de grands trésors :
– aucune statuaire,
– aucun mobilier funéraire notable,
– très peu d’inscriptions.
Le monument semble avoir été entièrement vidé dans l’Antiquité, puis abandonné.
Pourtant, sa présence permet de mieux comprendre la structure hiérarchique des nécropoles royales : autour des pharaons, les reines forment un cercle symbolique de lumière et de protection.
Une pyramide modeste mais essentielle pour comprendre la dynastie
Même ruinée, la pyramide Lepsius 24 raconte silencieusement la vie de cour de la Ve dynastie :
– l’importance des reines dans le culte funéraire,
– la multiplication des complexes royaux autour du souverain,
– la consolidation du culte solaire,
– et la place accordée aux femmes dans la transmission de la légitimité.
Elle incarne la discrète éternité des reines oubliées, celles dont les noms ne sont plus lisibles mais dont la présence formait le tissu vivant de la royauté.
Sous les pierres effondrées d’Abousir, on devine encore la silhouette d’un monument perdu :
Lepsius 24, la pyramide silencieuse d’une reine effacée par le temps.
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Institutions et revues francophones
Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
- Site officiel :
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Bulletin de l’IFAO (BIFAO)
- Présentation de la revue sur OpenEdition (accès à certains articles) :
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Département des Antiquités égyptiennes du Louvre
- Page officielle du département :
https://www.louvre.fr/recherche-et-conservation/departement-des-antiquites-egyptiennes Le Louvre - Ressources pédagogiques « Antiquités égyptiennes » :
https://www.louvre.fr/se-former-et-transmettre/trouver-des-ressources/antiquites-egyptiennes Le Louvre
Revue Égypte, Afrique & Orient
- Site officiel de la revue :
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Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)
- Site de l’Association périgourdine d’égyptologie KEMET :
https://kemet24.jimdofree.com/ Site de kemet24 !
Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)
Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)
- Fiche livre chez Fayard :
https://www.fayard.fr/livre/histoire-de-legypte-ancienne-9782213021911/ Fayard+1
Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge
(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)
- Fiche chez Actes Sud :
https://actes-sud.fr/catalogue/histoire/les-papyrus-de-la-mer-rouge Actes Sud - Fiche chez Place des Libraires (détail + résumé) :
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782877729758-les-papyrus-de-la-mer-rouge-et-la-construction-des-pyramides-mark-lehner-pierre-tallet/ Place des Libraires
Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)
- Article de Pierre Tallet, « Les papyrus de la mer Rouge (ouadi el-Jarf, golfe de Suez) », CRAI 2013 :
https://www.academia.edu/9644107/_Les_papyrus_de_la_mer_Rouge_ouadi_el_Jarf_golfe_de_Suez_CRAI_2013_p_1015_1024 Academia
Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte
- Fiche éditeur Infolio :
https://www.infolio.ch/livre/au-coeur-dune-pyramide-une-mission-archeologique-en-egypte/ Infolio
I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)
- Fiche de l’édition française (notice détaillée) :
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2253058637/les-pyramides-d-egypte-i-e-s-edwards Chasse aux Livres



