Sahourê et la naissance d’une nouvelle nécropole
Sahourê (2458–2446 av. J.-C.), deuxième roi de la Ve dynastie égyptienne, est le premier souverain à choisir Abousir, au nord de Saqqarah, pour y ériger son complexe funéraire. Ce choix a marqué un tournant, transformant le site en véritable nécropole dynastique.
Il semble avoir été influencé par son prédécesseur Ouserkaf (2465–2458), qui y avait fait bâtir un temple solaire. Mais la proximité du lac Abousir joua également un rôle essentiel : elle facilitait l’accès aux monuments, notamment pour les processions funéraires.
Un modèle architectural pour ses successeurs
Bien que très ruiné aujourd’hui, le complexe de Sahourê est capital dans l’histoire de l’architecture funéraire. Il rassemblait déjà tous les éléments devenus classiques à l’époque : une pyramide royale à l’ouest, avec une entrée au nord, un temple funéraire accolé à l’est, une pyramide satellite entourée de son propre mur d’enceinte, et une chaussée monumentale reliant le temple bas (ou temple de vallée) au temple haut (funéraire).
Fait notable, la pyramide d’une reine est absente. Mais c’est surtout la normalisation des plans (pyramide, temples, chaussée) qui marque ce règne : ses successeurs des Ve et VIe dynasties reprendront ce modèle.
La pyramide du roi
Édifiée sur une légère éminence dominant la vallée du Nil, la pyramide de Sahourê mesurait 78,75 m de côté et atteignait à l’origine près de 79 m de haut, contre environ 47 m aujourd’hui.
Sa structure reposait sur un noyau en calcaire, lié par du mortier de boue, recouvert d’un parement en calcaire fin provenant des carrières d’el-Maâsara, près de l’actuel Helwan.
L’intérieur, d’une conception simple, se composait d’un couloir descendant bloqué par d’imposantes herses de granit, menant à une chambre funéraire rectangulaire de 12,60 × 3,15 m. Celle-ci était voûtée de grands blocs disposés en chevron. Très endommagée, elle n’a livré qu’un fragment de sarcophage en basalte.
La pyramide satellite
Placée au sud-est de la pyramide principale, la pyramide satellite servait probablement à un culte secondaire. Avec une base de 15,70 m et une hauteur de 11,60 m, elle possédait son propre enclos. À l’intérieur, rien n’a été retrouvé, les pillages l’ayant sévèrement endommagée.
Le temple funéraire
Le temple funéraire de Sahourê préfigure une organisation qui deviendra la norme pour les générations suivantes.
Accessible par une chaussée venant du temple de vallée ou par une entrée latérale, il s’ouvrait sur un portique à deux colonnes de granit. De là, on accédait à une vaste cour entourée de seize colonnes d’Assouan, où trônait une table d’offrande en albâtre.
Les bas-reliefs qui ornaient les murs montraient le roi victorieux de ses ennemis, entouré de courtisans, mais aussi des scènes plus insolites comme la chasse, la pêche et même la représentation d’ours, probablement importés d’Asie.
La partie intérieure comprenait des magasins, une salle aux cinq chapelles renfermant les statues du roi, ainsi que des pièces richement décorées de reliefs. On y retrouve des processions d’offrandes, des voyages maritimes et des expéditions militaires.
Le temple de vallée
Situé au bord du lac Abousir, le temple de vallée servait de point d’accueil aux processions funéraires. Aujourd’hui réduit à ses fondations, il était autrefois orné de colonnes de granit rouge et de plafonds décorés d’or sur fond bleu foncé.
Le portique à colonnes donnait accès à une salle en T renversé qui menait directement à la chaussée, reliant ainsi le temple de vallée au temple funéraire.
La chaussée
Longue d’environ 235 m, la chaussée reliait le temple de vallée au temple funéraire. Construite sur une rampe de blocs massifs de calcaire, elle est l’un des éléments les mieux conservés du complexe.
Les fragments de ses reliefs, aujourd’hui dispersés entre le Musée égyptien du Caire et le musée de Berlin, illustrent des scènes précieuses : la construction de la pyramide, les expéditions au Sinaï, les carrières de diorite près d’Abou Simbel ou encore les voyages au pays de Pount.
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