| Emplacement : | Abou Rawash, au nord du plateau de Gizeh |
| Date estimée de construction : | Fin de la IIIe dynastie ou début de la IVe (vers 2650–2600 av. J.-C.) |
| Pharaon à qui elle est destinée : | Inconnu (attribution hypothétique à Houni ou à un roi précoce de la IVe dynastie) |
| Type de pyramide : | Probablement pyramide à degrés (monument inachevé en briques crues) |
| Hauteur : | ~107 à 150 m (estimée si achevée) |
| Base : | ~215 m |
| Particularité : | Monolithe de briques crues gigantesque ; l’un des plus grands projets funéraires jamais envisagés mais jamais achevés |
| État actuel : | Ruine massive en briques ; aucune chambre interne achevée ; monument difficile à interpréter |
Lepsius I : un monument si grand qu’il a presque disparu
La pyramide Lepsius I, identifiée au XIXe siècle par l’égyptologue Karl Richard Lepsius, est l’un des monuments les plus impressionnants… et les plus méconnus d’Égypte.
Située à Abou Rawash, sur un plateau voisin de celui de Djédefrê, elle ne figure dans aucun guide touristique, n’est presque jamais photographiée et reste largement inaccessible.
Pourtant, si elle avait été achevée, elle aurait rivalisé en taille avec les plus grandes pyramides de Gizeh.
Lepsius I n’est pas un simple vestige : c’est un géant effacé, une montagne d’argile qui n’a jamais reçu sa peau de calcaire, un rêve de pierre abandonné avant d’avoir pris forme.
Abou Rawash : le plateau oublié des premiers bâtisseurs
Au nord des pyramides de Gizeh, Abou Rawash fut un site important au début de l’Ancien Empire.
C’est là que Djédefrê, fils de Khéops, fit édifier sa pyramide.
Non loin de celle-ci, Lepsius I domine un paysage désert, fait de ravines et de collines battues par le vent.
Le monument se présente comme un immense noyau rectangulaire de briques crues, aujourd’hui érodé, presque confondu avec la roche.
Rien n’indique qu’un parement ait jamais été posé :
la pyramide n’a probablement pas dépassé son stade préparatoire.

Une pyramide de proportions colossales
Ce qui frappe immédiatement, ce sont les dimensions hallucinantes du projet :
– une base estimée à 215 mètres,
– soit plus large que la Grande Pyramide de Khéops,
– une hauteur théorique proche de 107 à 150 mètres,
– une masse totale qui aurait surpassé celle de nombreuses pyramides de la IVe dynastie.
Si les architectes avaient achevé cette structure, elle aurait été l’une des plus grandes pyramides jamais construites, un défi titanesque digne de Snéfrou ou de Khéops.
Mais le chantier fut brusquement interrompu, laissant un noyau de briques exposé aux éléments, qui s’effrite depuis 4 500 ans.
Un monument en briques : une anomalie architecturale
Contrairement aux pyramides royales contemporaines, construites en grands blocs de calcaire, Lepsius I est presque entièrement formée de briques crues — un matériau bien moins noble, plus rapide à produire, mais aussi beaucoup moins résistant.
Cela soulève plusieurs questions :
– Pourquoi un roi aurait-il choisi un matériau si modeste pour un monument si grand ?
– S’agit-il vraiment d’une pyramide royale, ou d’un projet expérimental ?
– Ou encore d’un chantier abandonné avant même la pose du calcaire extérieur ?
Le contraste entre l’ampleur du plan et la pauvreté apparente des matériaux donne à Lepsius I une aura presque paradoxale : un monument ambitieux, mais construit comme s’il n’était qu’une ébauche.
À quel pharaon appartenait cette pyramide ?
Aucune inscription n’a été retrouvée.
Aucun fragment de nom royal, aucune stèle, aucune marque de carrière.
L’attribution reste donc hypothétique.
Deux pistes dominent :
- Houni, dernier roi de la IIIe dynastie, connu pour ses projets architecturaux multiples et parfois inachevés.
- Un pharaon très ancien de la IVe dynastie, peut-être associé à la transition entre les pyramides à degrés et les pyramides à faces lisses.
Mais rien n’est certain.
Lepsius I demeure une pyramide sans maître, un monument anonyme qui défie l’interprétation.
Un chantier abandonné : les mystères du non-achèvement
Pourquoi un projet aussi gigantesque aurait-il été abandonné ?
Plusieurs hypothèses :
– décès soudain du pharaon,
– instabilité politique en fin de IIIe dynastie,
– changement brutal du centre de pouvoir,
– choix d’un autre site (comme Meïdoum ou Gizeh),
– effondrement partiel du noyau en briques, rendant la construction trop risquée.
Lepsius I est peut-être le témoin d’un règne éphémère, d’une ambition interrompue, d’un moment charnière dans l’histoire des pyramides.
Héritage d’un géant effacé
Aujourd’hui, Lepsius I ressemble à une colline artificielle, un dos de pierre rongé par le vent.
Mais son importance est immense :
– elle révèle les tâtonnements architecturaux entre la IIIe et la IVe dynastie,
– elle montre que tous les projets pyramidaux n’étaient pas destinés à atteindre leur forme finale,
– elle témoigne de la fragilité des ambitions royales face au temps et à la matière.
C’est un monument paradoxal :
l’une des pyramides les plus grandes jamais conçues, mais aussi l’une des moins connues.
Sous le sable d’Abou Rawash, un géant dort encore — un géant qui aurait pu changer la silhouette du plateau de Gizeh.
Et dans le silence de ses briques effritées, une voix semble murmurer :
Lepsius I, la pyramide qui voulut rivaliser avec les dieux, mais ne connut jamais la lumière.
Pour tout savoir sur les pyramides égyptiennes, vous pouvez consulter la page principale en cliquant ici.
Institutions et revues francophones
Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO)
- Site officiel :
https://www.ifao.egnet.net/ ifao.egnet.net+1 - Catalogue des publications (monographies, MIFAO, BIFAO, etc.) :
https://www.ifao.egnet.net/publications/catalogue/ ifao.egnet.net
Bulletin de l’IFAO (BIFAO)
- Présentation de la revue sur OpenEdition (accès à certains articles) :
https://journals.openedition.org/bifao/ OpenEdition Journals - Collection BIFAO sur Persée :
https://www.persee.fr/collection/bifao Persée
Département des Antiquités égyptiennes du Louvre
- Page officielle du département :
https://www.louvre.fr/recherche-et-conservation/departement-des-antiquites-egyptiennes Le Louvre - Ressources pédagogiques « Antiquités égyptiennes » :
https://www.louvre.fr/se-former-et-transmettre/trouver-des-ressources/antiquites-egyptiennes Le Louvre
Revue Égypte, Afrique & Orient
- Site officiel de la revue :
https://www.revue-egypte.org/ Revue Égypte Afrique & Orient - Présentation de la revue (fiche descriptive) :
https://ancienegypte.fr/albums_livres/afrique_orient.htm ancienegypte.fr
Association d’égyptologie Kemet (ressource francophone sérieuse)
- Site de l’Association périgourdine d’égyptologie KEMET :
https://kemet24.jimdofree.com/ Site de kemet24 !
Ouvrages de référence (pages éditeurs / libraires)
Nicolas Grimal – Histoire de l’Égypte ancienne (Fayard)
- Fiche livre chez Fayard :
https://www.fayard.fr/livre/histoire-de-legypte-ancienne-9782213021911/ Fayard+1
Pierre Tallet & Mark Lehner – Les papyrus de la mer Rouge
(= volume grand public sur Merer et la construction de la pyramide de Khéops)
- Fiche chez Actes Sud :
https://actes-sud.fr/catalogue/histoire/les-papyrus-de-la-mer-rouge Actes Sud - Fiche chez Place des Libraires (détail + résumé) :
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782877729758-les-papyrus-de-la-mer-rouge-et-la-construction-des-pyramides-mark-lehner-pierre-tallet/ Place des Libraires
Article scientifique sur les papyrus de Wadi el-Jarf (Merer)
- Article de Pierre Tallet, « Les papyrus de la mer Rouge (ouadi el-Jarf, golfe de Suez) », CRAI 2013 :
https://www.academia.edu/9644107/_Les_papyrus_de_la_mer_Rouge_ouadi_el_Jarf_golfe_de_Suez_CRAI_2013_p_1015_1024 Academia
Michel Valloggia – Au cœur d’une pyramide. Une mission archéologique en Égypte
- Fiche éditeur Infolio :
https://www.infolio.ch/livre/au-coeur-dune-pyramide-une-mission-archeologique-en-egypte/ Infolio
I.E.S. Edwards – Les pyramides d’Égypte (trad. française)
- Fiche de l’édition française (notice détaillée) :
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2253058637/les-pyramides-d-egypte-i-e-s-edwards Chasse aux Livres




